Suisse: «Appel de Tavannes» envoyé à toutes les communes de Suisse(100192)

Lors de l’affaire Oezdemir, «l’autorité communale a été bafouée»

Bâle, 10janvier(APIC) Le Comité européen pour la défense des réfugiés et

des immigrants envoie ces jours à toutes les communes de Suisse «l’appel de

Tavannes», signé par l’abbé Cornelius Koch et René Lehnherr au sujet de

l’expulsion, par la police bernoise, le 9 décembre dernier, de la famille

kurde Oezdemir vers la Turquie. Cette lettre demande aux autorités communales de toute la Suisse d’intervenir auprès du Conseil fédéral pour que

cette «bavure» ne se renouvelle pas et que la famille Oezdemir puisse revenir à Tavannes, conformément au voeu du Conseil communal de Tavannes et de

la population de cette localité du Jura méridional.

La lettre adressée aux autorités communales commence ainsi: «La Suisse

est respectée dans le monde entier pour son autonomie communale et sa démocratie directe. Au dela des colorations politiques, ces valeurs fortifient

l’unité de notre pays».

Les auteurs de la lettre rappellent les faits survenus à Tavannes le 9

décembre à 6 heures du matin et estiment que «ce jour-là, le Conseiller fédéral Arnold Koller a profondément humilié le Conseil communal de Tavannes.

Ce dernier avait accordé à l’unanimité l’asile communal à cette famille de

réfugiés après une étude approfondie de leur dossier. La population du village avait soutenu cette décision. La famille Oezdemir a pu ainsi vivre 3

ans au sein de la commune, envoyer ses enfants à l’école et s’intégrer par

son travail aux activités villageoises. En refusant d’accepter le dialogue

proposé par le Conseil communal et en envoyant la police, le Conseiller fédéral Koller a bafoué une des valeurs fondamentales de notre pays: la souveraineté communale».

L’appel rappelle aussi que dans tout le pays des gens ont exprimé leur

solidarité avec la commune de Tavannes: «Le gouvernement cantonal de Genève, la ville de Lausanne, de nombreuses organisations humanitaires, des représentants des Eglises et des milliers de citoyennes et de citoyens ont

exprimé leur inquiétude profonde face au danger politique que représente

cette grossière intervention de Berne».

Les signataires ajoutent: «Cette situation est alarmante. Il est inacceptable d’opposer aux décisions communales les crosses des fusils. Et de

refuser ainsi la recherche du dialogue».

La lettre se termine par ce voeu: «La nouvelle Europe avance vers nous à

grand pas; elle attend de nous que nous lui apportions nos meilleurs acquis: une souveraineté communale intacte et une attitude responsable et civilisée envers ses habitants». (apic/com/ba)

10 janvier 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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