Suisse: Beau succès pour le café solidaire «Max Havelaar» (201092)

2,5 millions de paquets de café vendus, 2,5 % de la consommation suisse

Berne, 20octobre(APIC) Une tasse de café au restaurant, c’est peu dans le

budget du consommateur. Mais c’est déjà plus que le salaire journalier du

paysan du tiers monde qui a semé et récolté ce café! C’est pour rétribuer

plus équitablement les petits producteurs ruinés par la baisse des cours

qu’a été lancé sur le marché suisse en avril dernier le café portant le

label «Max Havelaar». En six mois, l’initiative des oeuvres d’entraide

suisses a déjà permis la vente de 2,5 millions de paquets de café, soit 2,5

% de la consommation suisse totale. Le prix payé actuellement aux planteurs

est le double de celui du marché mondial, a souligné mardi à Berne la Fondation «Max Havelaar», qui lance dans toute la Suisse une semaine de promotion de son «café solidaire».

L’effondrement brutal des cours du café, après la débâcle de l’Accord

international sur le café en 1989, a eu des conséquences dramatiques pour

les paysans du tiers monde. «Avant, l’éducation était gratuite en Tanzanie,

mais ce n’est plus le cas maintenant, et les temps ne sont pas éloignés où

les petits paysans ne pourront plus envoyer leurs enfants à l’école», a déploré mardi Mwinyihamisi Mohamed Mushi, de la Kilimandjaro Native Co-operative Union.

Plus d’école pour les enfants

La situation sanitaire s’est également aggravée dans ce pays, l’un des

plus pauvres du monde, qui dépendait auparavant à plus de 50 % du café pour

se procurer des devises, et les médicaments sont aujourd’hui hors de prix.

Avec la détérioration des termes de l’échange, un tracteur coûte aujourd’hui quatre fois plus qu’en 1986. «Plus de 90 % de nos dépenses d’infrastructures et plus de 50 % de nos dépenses courantes sont financées par

l’étranger», a-t-il lancé, «comment un pays si dépendant de l’aide étrangère peut-il être gouverné de manière indépendante ?»

Au cours de la conférence de presse organisée par «Max Havelaar» Suisse

– une Fondation de l’Action de Carême, Caritas, l’EPER, Helvetas, Pain pour

le Prochain et Swissaid – d’autres producteurs ont pris la parole, en provenance du Guatémala, de la République Dominicaine et de Haïti. Ils ont

tous expliqué que le surplus financier obtenu par le biais du système «Max

Havelaar» est vital pour eux et leur permet non seulement d’augmenter les

gains des familles de petits producteurs, mais aussi de créer un certain

nombre de structures qui améliorent leur niveau de formation et permettent

une diversification de leur production (jardins potagers, petits élevages,

artisanat, etc.).

«Nous ne pouvons plus vivre dignement»

«La chute du prix du café sur le marché mondial ne nous permet plus de

vivre dignement et de développer notre communauté», a souligné de son côté

la Dominicaine Altagracia Candelario Delgado de Toledo, coordinatrice de

l’Association de paysans «Mgr Oscar Arnulfo Romero». Jean-Marie Vincent,

d’Haïti, a relevé pour sa part que la situation dans son pays, accablé par

l’embargo imposé à la suite du coup d’Etat militaire, est si catastrophique

que les paysans sont amenés à consommer même les semences qui seraient

pourtant nécessaires pour les nouvelles cultures.

Les organisations d’entraide qui ont lancé l’idée de ce «café solidaire»

– une initiative née en 1988 aux Pays-Bas et qui se développe également en

Belgique et en Allemagne – ne font pas directement elles-mêmes le commerce

du café. La Fondation délivre des licences aux importateurs et aux torréfacteurs et vérifie que les conditions liées au label soient respectées

tant en Suisse que dans les pays producteurs. Pour les quelque 750 tonnes

de café en coque qu’ils ont livrées, les petits paysans du tiers monde ont

reçu l’équivalent de 2,8 millions de francs suisses, soit 1,6 million de

plus que s’ils avaient dû le vendre aux conditions du marché. Et ceci grâce

au consommateur suisse qui a accepté de payer un prix plus juste pour un

café de haute qualité, cultivé par des petits planteurs dans le respect de

l’environnement – label oblige – et aux importateurs, torréfacteurs et

distributeurs qui le vendent dans leurs magasins. (apic/be)

20 octobre 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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