Suisse: Benoît XVI sur l’eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise

Mgr Koch commente l’exhortation «Sacramentum caritatis»

Soleure, 13 mars 2007 (Apic) Mgr Kurt Koch, président de la Conférence des évêques suisses (CES), a commenté mardi l’exhortation apostolique post-synodale sur l’eucharistie, sacrement de l’amour (»Sacramentum caritatis»), source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise.

Dans son message, Mgr Kurt Koch demande aux fidèles d’oser un nouveau départ en considérant l’eucharistie. «Sacramentum caritatis», le «Sacrement de l’amour», tel est le titre que porte cette exhortation apostolique post-synodale du pape Benoît XVI rendue publique mardi 13 mars à Rome. Le pape résume dans ce document les résultats de la XIe assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui s’est déroulée du 2 au 23 octobre 2005 au Vatican sur le thème de «l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise».

Ce synode a été précédé par l’Année eucharistique internationale décrétée par le pape Jean Paul II, qui a débuté en octobre 2004 avec le Congrès eucharistique international de Guadalajara sur «l’eucharistie, source de l’évangélisation». Cette année s’est achevée en octobre 2005 par le Dimanche de la mission universelle. Cette Année eucharistique a été précédée d’une part par le Jubilé de l’an 2’000, fortement empreint par l’eucharistie, et d’autre part par l’encyclique «Ecclesia de eucharistia» du pape Jean Paul II et par sa lettre apostolique «Mane nobiscum Domine».

L’exhortation apostolique du pape Benoît XVI se base sur les travaux du synode des évêques d’octobre 2005 et donne, sur la base des cinquante «propositions» des pères synodaux remises au pape, des orientations pour l’approfondissement de la foi eucharistique, pour la célébration digne de l’eucharistie et pour le devoir missionnaire de l’Eglise, qui prend elle-même sa source dans l’eucharistie.

Oser un nouveau départ à partir de l’eucharistie

Déjà lors de son allocution à l’occasion de la clôture du synode le 23 octobre 2005, le pape Benoît XVI avait souligné qu’il était nécessaire d’oser un nouveau départ en considérant l’eucharistie et qu’il fallait «s’éprendre» de plus en plus de l’eucharistie. Puisque le Christ nous montre dans l’eucharistie la vérité de l’amour, qui est l’essence même de Dieu, l’eucharistie nous révèle et nous transmet la plénitude de l’amour de Dieu, écrit Mgr Koch.

Le titre de l’exhortation apostolique – «Sacramentum caritatis» – montre que l’eucharistie est la synthèse vivante de l’amour de Dieu envers l’homme et de l’amour de l’homme pour Dieu et pour le prochain. C’est la raison pour laquelle il est particulièrement important pour le pape Benoît XVI que le peuple chrétien approfondisse la relation étroite entre le mystère de la foi eucharistique, la beauté de la célébration liturgique et le service au prochain qui prend lui-même sa source dans l’eucharistie, en tant que sacrement de l’amour.

Cette étroite relation est développée en trois parties. Dans la première, «Eucharistie, mystère à croire», le pape montre comment l’eucharistie est le «mystère de la foi» par excellence. C’est le résumé et la somme de la foi catholique, qui éclaire cette foi du mystère de la création jusqu’au mystère de l’accomplissement, et qui révèle avant tout le mystère de l’amour du Dieu trinitaire. Le pape met un accent particulier sur la relation intime de l’eucharistie avec les autres sacrements et incite à repenser les moyens traditionnels de l’initiation chrétienne, afin de vérifier quelle pratique peut en réalité aider au mieux les fidèles à mettre au centre le sacrement de l’eucharistie, comme réalité vers laquelle tend toute l’initiation.

Le pape souligne également de façon détaillée le lien intrinsèque entre l’ordination sacerdotale et l’eucharistie. C’est en effet la condition indispensable pour que la célébration

de l’eucharistie soit valide. En effet, dans le service ecclésial du ministre ordonné, c’est le Christ lui-même qui est présent à son Eglise en tant que tête de son corps. Il est donc nécessaire que les prêtres aient conscience que, dans tout leur ministère, ils ne doivent jamais se mettre au premier plan, eux- mêmes ou leurs opinions, mais Jésus-Christ. «Toute tentative de se poser soi-même comme protagoniste de l’action liturgique contredit l’identité sacerdotale».

«Caractère obligatoire» du célibat sacerdotal

Dans le mystère eucharistique, le pape voit aussi le fondement du célibat sacerdotal, dont il confirme avec les Pères synodaux le «caractère obligatoire» pour la tradition latine. De la même manière, il relève que l’eucharistie fortifie d’une manière inépuisable l’unité et l’amour indissoluble de tout mariage chrétien. Par lui, en vertu du sacrement, le lien conjugal est intrinsèquement relié à l’unité eucharistique entre le Christ époux et l’Eglise épouse. Il souligne que si l’Eucharistie exprime le caractère irréversible de l’amour de Dieu pour son Eglise dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement du mariage, l’indissolubilité à laquelle tout véritable amour ne peut qu’aspirer.

Dans la deuxième partie, «Eucharistie, mystère à célébrer», il s’agit pour le pape de la dignité avec laquelle on célèbre liturgiquement le «mystère de la foi», l’eucharistie. «Le lien profond entre la beauté et la liturgie doit nous rendre attentifs à toutes les expressions artistiques mises au service de la célébration». Le pape insiste particulièrement sur la participation authentique du peuple de Dieu à la liturgie eucharistique. Il rappelle que la participation active à la célébration ne coïncide pas en soi avec l’accomplissement d’un ministère particulier.

Dans les explications sur la structure de la célébration de l’eucharistie, le pape souligne que l’homélie «fait partie de l’action liturgique». Elle a pour fonction de favoriser une

compréhension plus large et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie des fidèles.

Dans la troisième partie, intitulée «Eucharistie, mystère à vivre», le pape souligne que le mystère de l’eucharistie doit être réalisé dans la vie du chrétien et avant tout le dimanche, qui est le jour de «la fête primordiale» de la célébration de la foi chrétienne. Le mystère de l’eucharistie veut aussi changer le quotidien des chrétiens de sorte qu’il devienne lui-même célébration et que la vie chrétienne prenne «une forme eucharistique». Car une eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée.

S’engager pour un monde plus juste et plus fraternel.

Par conséquent, les fidèles, quand ils célèbrent l’eucharistie, doivent prendre toujours plus conscience que le sacrifice du Christ est pour tous, et que l’eucharistie presse alors toute personne qui croit en Lui à se faire «pain rompu» pour les autres et donc à s’engager pour un monde plus juste et plus fraternel. Comme l’eucharistie a un caractère profondément social, le pape souligne le rapport nécessaire entre le mystère eucharistique et l’engagement social. L’eucharistie oblige les chrétiens à s’engager à construire la paix et la justice et à travailler à la mise en place d’une civilisation de l’amour.

L’exhortation apostolique «Sacramentum caritatis» incite à la méditation sur la centralité eucharistique de l’Eglise catholique et donne de nombreuses suggestions sur la manière dont ce mystère peut être réalisé dans la profondeur de la foi.

Dans la mesure où le pape Benoît XVI rappelle sans cesse les influences positives et bienfaisantes des réformes liturgiques du Concile Vatican II sur la vie de l’Eglise, il souligne sans équivoque pourquoi il tient à une mise en oeuvre conséquente – évidemment de loin pas encore terminée – du Concile Vatican II.

Persuadé que toute grande réforme est liée, d’une certaine manière, à la «redécouverte de la foi en la présence eucharistique du Seigneur au milieu de son peuple», l’exhortation apostolique «Sacramentum caritatis» apporte une contribution essentielle à la réforme – aujourd’hui également nécessaire – de l’Eglise dans le sens de son renouveau en puisant à la source des saintes écritures et de la tradition de l’Eglise. «De cela, nous pouvons remercier le pape Benoît XVI», conclut Mgr Koch, évêque de Bâle et président de la CES. (apic/com/be)

13 mars 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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