La dérive de la famille Récipon père et fils dénoncée

Suisse: L’Association suisse R. Follereau prend ses distances avec son homologue français

Lausanne, 20 janvier 2002 (APIC) L’Association suisse Raoul Follereau prend ses distances avec l’Association française du même nom, après l’annonce de tempête qui secoue cette institution. La Fondation Raoul Follereau (FRF) qui lutte avec succès contre la lèpre depuis plus d’un demi-siècle, a été accusée en début d’année de financement abusif de l’Eglise catholique en Afrique et ailleurs.

Depuis, l’étrange charité des héritiers de Raoul Follereau fait l’objet de sérieuses critiques. Les dérives de Michel Récipon sont sérieusement et ouvertement dénoncées. Installé à la tête de l’?uvre, son pouvoir est absolu, écrit l’hebdomadaire «La Vie» dans sa dernière édition. Président, il a succédé à son père André, considéré comme l’héritier spirituel de Follereau et toujours membre du comité directeur.

A partir de 1993/1994, relève un communiqué de l’Association suisse Raoul Follereau, les associations-membres à l’Union – créée avant la mort de Raoul Follereau en 1971 – ont constaté à leur grand regret «que pas à pas, une famille présidant à l’Association française Raoul Follereau, s’accaparant un pouvoir absolu, a détourné l’esprit de la pensée du fondateur pour se tourner vers des idéologies de la droite ultra et vers une branche intégriste et fondamentaliste de l’Eglise».

Convaincues que «cette malheureuse évolution vers des idéologies d’extrême droite et vers la branche intégriste et traditionaliste de l’Eglise constitue une trahison», plusieurs associations se sont retirées de l’Union internationale en 1995, indique aujourd’hui le communiqué. Les associations belge, italienne, luxembourgeoise et suisse ont alors fondé le «Cercle solidarité Raoul Follereau» en février 96. D’autres associations, néerlandaise et canadienne, ont par la suite également rompu les liens.

Un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) écrit en juillet 2001 mais non rendu public constatait des «dysfonctionnements» de cette ONG qui avait jusqu’à présent une excellente réputation en Afrique. D’autres accusations, plus précises, seront ensuite formulées par «Le Canard Enchaîné». L’hebdomadaire satirique affirmant que la Fondation s’attaque aussi aux «lèpres morales: infidélité conjugale, homosexualité, usage du préservatif.». Et qu’elle subventionnerait les secteurs les plus réactionnaires, voire intégristes, de l’Eglise catholique. L’hebdomadaire évoquait également un grave manque de transparence dans l’attribution des fonds par rapport à l’intention des donateurs.

Rattrapé par les accusations

Les accusations dépassent aujourd’hui les «explications» du président Michel Récipon. Dans un dans un communiqué, celui-ci disait en début d’année «découvrir avec tristesse les accusations lancées» contre son association. Le président s’étonnait que le rapport de l’IGAS soit dans le domaine public. L’IGAS – un corps interministériel de contrôle.

Les décisions du père et du fils Récipon sont sans appel. «La Vie» cite l’exemple d’un puissant délégué africain de l’Association en Côte d’Ivoire réintégré par Michel Récipon. alors qu’il avait été convaincu de détournement de fonds. Les convictions d’André Récipon – qui devraient rester d’ordre privé – posent aussi question. L’ancien président, toujours très influent, ne cache pas sa proximité avec le Front national et il professe un catholicisme traditionaliste, proches des réseaux intégristes. Il aidera notamment l’école Saint-Geneviève, une école traditionaliste fondée par le Père de Blignières. Un prêtre qui, il y a quelques années, avait investi en pleine messe l’église de Port-Marly (Yvelines) chassant curé et paroissiens pour rester la messe de saint Pie V.

Révisionnisme

En 1996, les locaux parisiens de Raoul Follereau avaient hébergé une autre association, Bannière de France, qui organisera pèlerinage et procession à l’occasion du millénaire de Clovis. Enfin, le journal de l’Association «Lèpres», promeut un livre dont André Récipon est l’auteur, «Lettre ouverte à hombéline», ouvrage à l’orientation sans équivoque. Il y réhabilite le maréchal Pétain et met en cause «un lobby, maître de l’information dans le monde», qui empêcherait d’écrire l’histoire de la seconde guerre mondiale.

La répartition des fonds de l’Association obéit parfois à des considérations sur lesquelles on peut s’interroger, écrit encore «La Vie». Trois cardinaux «qui ont des responsabilités» bénéficient d’aides pour un montant de 7’622 euros. L’un d’eux est le cardinal Bernard Gantin, doyen du Sacré Collège. Or son propre frère, Célestin Gantin, est le responsable de l’Association Raoul Follereau au Bénin. (apic/pr)

20 janvier 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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