Suisse: La Conférence des évêques présente l’instruction «Redemptionis sacramentum»

Quelques clés de lecture et un bref résumé du texte

Fribourg, le 23 avril 2003 (Apic) Afin que les fidèles comprennent bien le sens du document sur l’eucharistie publié le 23 avril à Rome, le Présidium de la Conférence des évêques suisses (CES) a fourni vendredi quelques clés de lecture. Il publie à cette occasion un bref résumé du texte de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements sur certains points à observer et à éviter concernant l’Eucharistie.

La CES rappelle tout d’abord que l’Instruction romaine publiée ce vendredi, qui a fait l’objet de nombreuses rumeurs ces derniers mois, se veut avant tout une réaffirmation des principes fondamentaux concernant ce mystère central de la foi catholique, ainsi qu’une aide dans leur application concrète. «Il fait suite à l’admirable encyclique de Jean Paul II Ecclesia de Eucharistia, publiée sur ce même thème l’an dernier».

La tonalité générale du texte est celle d’une mise en valeur du rôle spécifique de chacun lors de l’Eucharistie, sans aucun dénigrement de quiconque, précise la CES. Les prêtres et les évêques sont ordonnés avant tout pour célébrer le sacrifice eucharistique et donner le Corps et le Sang du Christ aux fidèles.

Ne pas perdre des trésors séculaires

Les diacres, et, à leur manière, les acolytes, d’autres servants, les lecteurs et les chorales, les laïcs ayant reçu une mission particulière, sont tous appelés à offrir leur aide pour les différentes fonctions et à remplir leurs divers ministères avec foi.

Il s’agit de retourner aux racines de l’Eucharistie et de mieux comprendre le pourquoi de telle ou telle pratique, le but étant de ne pas perdre ces trésors séculaires. Une remise au net pour accompagner les communautés catholiques sur leur chemin, relève le Présidium de la CES.

Une tonalité qui peut sembler «juridique» ou «disciplinaire»

Comme souvent dans ce type de texte, la tonalité peut sembler «juridique» ou «disciplinaire». C’est le propre de documents qui doivent être accueillis et compris dans des mondes culturels fort différents les uns des autres. Il revient ensuite aux Eglises locales de les expliquer et de les appliquer dans leur contexte culturel, ce qui est un processus de longue haleine. Ce sera certainement une nécessité en Suisse aussi, où il s’agit de bien combiner spécificités propres et pleine communion avec l’Eglise universelle. Pour la CES, «un vrai défi que les évêques, les prêtres et les laïcs devront relever ensemble.»

L’Instruction comporte une introduction, huit chapitres et une conclusion. Le premier chapitre parle du rôle du Siège apostolique, de l’évêque diocésain, de la Conférence épiscopale, des prêtres et des diacres. Le rôle de l’évêque, notamment, est décrit de façon précise. Le deuxième chapitre traite de la participation des laïcs à la célébration eucharistique. Le baptême est le fondement de leur sacerdoce commun (n. 36, 37).

Les rôles des prêtres et des fidèles laïcs ne doivent pas être confondus

Le prêtre ordonné est toujours indispensable à une communauté chrétienne et les rôles des prêtres et des fidèles laïcs ne devraient pas être confondus (n. 42, 45). Les laïcs ont leur rôle propre. Selon l’Instruction, il s’agit de se laisser complètement vivifier par ce grand privilège, don de Dieu, qu’est l’appel à participer à la liturgie. Il est important de bien comprendre cela et de ne pas supposer que l’Instruction a quelques préjugés contre les fidèles laïcs.

Les chapitres 3, 4 et 5 essaient de répondre à des questions posées de temps à autre. Ils abordent quelques abus reconnus lors de célébrations de la messe, le discernement entre qui peut et qui ne devrait pas communier, le soin nécessaire pour recevoir la communion sous les deux espèces, des questions concernant les vêtements et les vases sacrés, la position requise pour recevoir la communion et d’autres questions du même genre.

Le chapitre 6 concerne la dévotion à l’Eucharistie hors de la messe. Il traite du respect dû au tabernacle et de pratiques comme les visites au Saint Sacrement, les chapelles d’adoration perpétuelle, les processions et les congrès eucharistiques (n. 130, 135-136, 140, 142-145).

Le chapitre 7 concerne les offices extraordinaires confiés aux laïcs, par exemple aux ministres extraordinaires de la Sainte Communion ou aux responsables de prières en l’absence d’un prêtre (n. 147-169). Ici, il s’agit de ce que les laïcs sont appelés à accomplir lorsqu’il manque un nombre suffisant de prêtres ou de diacres.

L’Instruction n’apporte rien de nouveau

Le dernier chapitre concerne le traitement des abus dans ce domaine. A long terme, le remède principal se trouve dans une formation et une instruction appropriées et dans une foi solide. Mais lorsqu’il y a des abus, l’Eglise a le devoir de les aborder avec clarté et charité. En conclusion, la CES relève que cette Instruction résume l’état actuel de la question et n’apporte rien de nouveau – tant sur le fond que du point de vue juridique -, mais elle rend attentif au fait que la célébration de l’Eucharistie requiert le plus grand soin.

Cette attention et ce respect sont l’expression d’une attitude intérieure, qui est centrale: dans la célébration de la messe, il y va fondamentalement de l’union personnelle avec le Christ, que l’on peut expérimenter dans ce grand don qu’est l’Eucharistie. Dans son Encyclique «Ecclesia de Eucharistia», le pape Jean Paul II avait rappelé explicitement que l’Eucharistie est la forme la plus élevée de la célébration communautaire ecclésiale et n’est pas une affaire privée.

Cette Instruction est donc née du souci que la forme dans laquelle l’Eucharistie est célébrée – comme prière commune de l’Eglise tout entière – soit empreinte de toute l’attention et de tout le respect qui lui sont dus, en particulier aussi la Prière eucharistique. Ce recueil des erreurs possibles et des pratiques à éviter souligne le respect pour les gestes sacrés, selon l’expérience de l’Eglise universelle.

Toutes les erreurs et tous les abus n’ont pas le même poids

Dans cette Instruction, toutes les erreurs et tous les abus n’ont pas le même poids. Ainsi, le document considère par exemple comme «délits graves» (graviora delicta) l’action d’emmener ou de conserver à des fins sacrilèges les espèces eucharistiques, ainsi que d’autres délits. Il est de la responsabilité et de la sagesse pastorale de l’évêque diocésain d’examiner à quelles pratiques abusives il doit porter une attention particulière. Dans l’esprit du devoir qui incombe aux évêques, tel qu’il est exprimé dans l’Instruction (cf. n. 19), les évêques suisses assumeront leurs responsabilités. Dans tous les cas, les «délits graves» seront examinés avec la plus grande attention.

Les évêques suisses remercient dans leur document tous les prêtres et diacres, toutes les personnes engagées en pastorale, toutes les paroisses et communautés qui, dans l’esprit de l’Eglise, célèbrent l’Eucharistie avec une grande participation et un grand respect. (apic/ces/com/be)

23 avril 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
Partagez!