Les responsables religieux de l’ex-Yougoslavie (240992)

Suisse: le cardinal Kuharic et Mgr Pavle se sont rencontrés à Genève

exigent l’arrêt immédiat des hostilités

Déclaration commune en six points en l’absence du leader musulman

Genève, 24septembre(APIC) L’archevêque catholique de Zagreb, le cardinal

Franjo Kuharic, et le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe, Mgr Pavle,

ont condamné les crimes commis dans l’ex-Yougoslavie, en se désolidarisant

de «tous les criminels, quel que soit le peuple, l’armée, l’Eglise ou la

religion dont ils se réclament», au cours des entretiens qu’ils ont eu mercredi au Château de Bossey, près de Genève. Dans un appel commun en six

points, les deux dignitaires religieux exigent l’arrêt immédiat et sans

condition des hostilités et s’engagent à oeuvrer pour la paix.

La rencontre des chefs religieux de l’ex-Yougoslavie, qui s’est déroulée

en l’absence du leader de la communauté musulmane de Bosnie, Jakub Selimovski, empêché d’effectuer le voyage en raison de l’interruption du pont

aérien de Sarajevo, avait été organisée par la Conférence des Eglises européennes (KEK). Ce rendez-vous de Genève avait été reporté à plusieurs reprises déjà.

Surmontant les différends et les dissensions affichés dans un passé récent, les accusations mutuelles et les divergences avouées, le cardinal Kuharic et le patriarche Pavle ont, par cette rencontre, la troisième après

celles de Bremski Karlovci et de Slavonski Brod en mai et août de l’année

dernière, tenté d’apporter une contribution à la paix dans l’ex-Yougoslavie.

Dans un appel signé conjointement, appel auquel ils demandent au leader

musulman Selimovski de s’associer dans une lettre adressée à la «Rijaset»

(direction) de la Communauté musulmane (Sarajevo), les responsables religieux catholique et orthodoxe exigent l’arrêt immédiat et sans condition de

toutes les hostilités, de «toute effusion de sang et de toute destruction».

Ils exigent en outre que soit mis fin à la «destruction sacrilège et insensée des lieux de prière et des sanctuaires, qu’ils soient chrétiens ou islamiques».

Libération immédiate des prisonniers

Le patriarche Pavle et l’archevêque de Zagreb, qui demandent que soient

engagées sans délai des négociations entre les parties en guerre, exigent

également que soient libérés immédiatement et sans condition tous les prisonniers de guerre et les otages, que soient fermés les camps de prisonniers, et que cesse immédiatement la pratique inhumaine de «l’assainissement ethnique, de quelque côté qu’elle ait été déclenchée ou mise en oeuvre».

Pour les deux signataires de l’appel, les réfugiés et expulsés doivent

pouvoir rentrer dans leur foyer. Il faut, soulignent-ils, que soient rétablies les communications normales telles que la libre circulation, le déplacement et l’établissement pour tous les hommes et femmes quelle que soit

leur appartenance politique et nationale. Mgr Pavle et Mgr Kuharic, qui

exigent pour tous les évêques et prêtres de leurs Eglises, comme aussi pour

le clergé musulman le libre accès à leur communauté afin qu’ils puissent y

accomplir leur ministère sans entrave, entendent que soit assurée à tous

ceux qui souffrent une aide humanitaire égale et sans entrave.

Les deux dignitaires des Eglise catholique et orthodoxe expriment en outre leur répulsion «devant la pratique de méfaits immoraux et devant les

abus perpétrés envers des femmes jeunes et âgées, envers des filles mineures», actes que «seuls des monstres peuvent commettre». Ils s’engagent en

conclusion, «Devant Dieu, devant les hommes et les femmes» et devant leur

«propre conscience», à utiliser «tous les moyens évangéliques et toute

l’influence» que leurs confèrent leurs fonctions et leurs responsabilités

dans l’Eglise et dans la société, «pour oeuvrer en faveur de la paix, de la

justice, de la dignité et des droits inaliénables de toute personne et de

tout peuple…» (apic/com/pr)

24 septembre 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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