Suisse: Mise au point des évêques sur le phénomène de «Dozulé»

Ils dénoncent le caractère «ultime et exclusif» du message

Fribourg, 14 mai 2003 (Apic) Dans une communication officielle diffusée le 14 mai, la Conférence des évêques suisses rappelle que l’Eglise n’a jamais reconnu les pèlerinages et les croix de «Dozulé». Elle dénonce notamment le caractère «ultime et exclusif» du message transmis par la visionnaire Madeleine Aumont.

Depuis bientôt 30 ans, des chrétiens se rassemblent dans le village français de Dozulé, dans le diocèse de Bayeux et Lisieux, à l’invitation de Madeleine Aumont. Cette dernière, obéissant à un message attribué à Marie, demande à ses fidèles de célébrer la croix glorieuse de Jésus-Christ et de prier pour la rédemption du monde. Le Christ lui aurait ordonné de construire à Dozulé une croix lumineuse haute de 738 mètres et d’une envergure de 288 mètres, tout en lui indiquant les détails techniques nécessaires à cette réalisation.

La Conférence des évêques suisses, suite à de nombreuses sollicitations, met la population en garde contre les visions de Dozulé. Dans un message signé de son président, Mgr Amédée Grab, elle rappelle que l’Eglise catholique n’a jamais reconnu les visions de Madeleine Aumont. Déjà en 1985, Mgr Jean Badré, évêque de Bayeux et Lisieux, avait déclaré ne pas reconnaître comme sanctuaire le domaine de Dozulé. Cette prise de position a été approuvée la même année par le Vatican.

Des accents et des exigences inacceptables

Pour leur part, les évêques suisses soulignent que «les écrits publiés par Dozulé contiennent des accents et des exigences inacceptables». Ils citent, reprenant le rapport de Mgr Badré, «la valeur salvatrice de la seule démarche faite à Dozulé, le caractère ultime et exclusif de message, l’eschatologie douteuse et incongrue, le fait de bâtir des croix lumineuses sans tenir compte de la sensibilité religieuse des bordiers et au risque de procédures judiciaires coûteuses et contre-productives». Car, en attendant de bâtir «la» croix de 738 mètres, de nombreux adeptes se sont contentés d’en ériger une dans leur jardin à l’échelle de 1/100. Ce qui fait tout de même une croix illuminée haute de 7,38 mètres, qui passe rarement inaperçue dans le voisinage.

La Conférence des évêques suisses invitent ceux qui mettent leur confiance en les messages de Dozulé à «recentrer toujours plus leur piété et le témoignage de leur foi sur l’authentique mystère de la croix du Sauveur». «C’est dans les sacrements et par eux qu’il faut chercher les sources de notre conversion et de celle du monde. C’est en eux et par eux, en Eglise, que nous fortifions notre espérance dans l’attente du retour du Seigneur», conclut le message signé de Mgr Grab.

49 apparitions entre 1972 et 1978

Entre 1972 et 1978, la visionnaire Madeleine Aumont affirme avoir bénéficié de 49 interventions miraculeuses: apparitions d’une grande croix lumineuse, apparitions du Christ, apparitions de l’Hostie et de l’Archange St Michel. Ces apparitions étaient assorties ou non de communications orales qui constituent l’essentiel du message.

Le Christ lui serait apparu 38 fois pour annoncer «le cataclysme de cette génération et le temps de son retour dans la gloire. (.) Des jours de détresse et de calamité vont s’abattre sur le monde entier … mais Dozulé, la ville bénie, sera épargnée et seuls seront sauvés ceux qui seront venus se repentir au pied de la Croix Glorieuse et se laver au bassin de purification». Puis le Christ donne l’ordre à Madeleine Aumont de transmettre à son curé, à son évêque et finalement au pape, sa demande de construire une croix glorieuse de 738 mètres, un sanctuaire et un bassin de purification. (apic/com/bb)

14 mai 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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