L’ordination des femmes divise les Eglises de l’Union d’Utrecht

Suisse: Session de la Conférence internationale des évêques vieux-catholiques

Wislikon, 16 juillet 1997 (APIC) La question de l’ordination sacerdotale des femmes continue de diviser la Conférence internationale des évêques vieux-catholiques membres de l’Union d’Utrecht. Les évêques vieux-catholiques ne sont pas parvenus à un consensus lors de leur session spéciale qui s’est tenue du 6 au 16 juillet dans la localité suisse de Wislikofen, dans le canton d’Argovie.

Etant donné les positions irréconciliables entre partisans et opposants de l’ordination sacerdotale des femmes, une majorité s’est dessinée pour laisser la liberté de choix aux diverses Eglises membres de l’Union d’Utrecht.

Le prix payé pour cette liberté de choix fédéraliste est l’abandon de la pleine unité de l’Eglise, a rappelé Mgr Antonius Jan Glazemaker, lors de la conférence de presse clôturant les travaux de Wislikofen. En effet, a-t-il laissé entendre, l’activité ministérielle des femmes ordonnées ne sera pas partout autorisée et reconnue au sein de l’Union d’Utrecht.

Bientôt des femmes prêtres en Suisse ?

L’évêque de l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse, Mgr Hans Gerny, a estimé pour sa part que son Eglise, à l’instar de celle des Pays-Bas ou de l’Autriche, décidera sans aucun doute en faveur des femmes prêtres, mais l’ordination de femmes en Suisse n’est pas encore pour tout de suite. Le Synode catholique-chrétien de Suisse traitera du problème cette année encore et devra ensuite entreprendre, en deux lectures, la révision de sa constitution ecclésiastique nécessitée par ce changement. Il n’y a pas encore de candidates qui se préparent à ce ministère dans l’Eglise suisse, qui compte quelque 15’000 fidèles, a encore relevé Mgr Gerny.

Le pas a été franchi en Allemagne

Le problème de l’ordination sacerdotale des femmes agite et divise les Eglises de l’Union d’Utrecht depuis de nombreuses années. La question est cruciale en Europe occidentale, et l’Allemagne a déjà franchi le pas l’an dernier en ordonnant deux femmes au sacerdoce à la Pentecôte. La Conférence des évêques vieux-catholiques avait décidé de suspendre la participation à ladite Conférence de l’évêque d’Allemagne pour avoir fait «cavalier seul» et pas respecté l’engagement de prendre une décision concertée dans cette question. Des évêques catholiques romains allemands avaient souligné que ces ordinations alourdissaient le dialogue œcuménique.

Les vieux-catholiques polonais des Etats-Unis, regroupés au sein de l’Eglise nationale polonaise en Amérique, et les vieux-catholiques de l’Eglise polonaise-catholique en Pologne, sont les plus farouches adversaires de l’ordination des femmes.

Parmi les 10 évêques présents à Wislikofen sous la présidence de l’archevêque d’Utrecht Mgr Glazemaker, les deux positions contradictoires ne sont pas arrivées à un consensus; pour les uns, l’ordination est une question de foi basée sur le fait que la tradition bi-millénaire qui a réservé le sacerdoce exclusivement pour les hommes ne peut être brisée, tandis que les autres considèrent qu’il ne s’agit que d’un problème canonique. Pour les partisans de l’ordination féminine, une annonce crédible de l’Evangile aujourd’hui exige des femmes prêtres.

Le «Prime Bishop» John Swantek (Etats-Unis) a déclaré aux journalistes que dans aucun des cinq diocèses américains qui comptent 60’000 fidèles, l’on exige l’ordination des femmes. Même de la part des femmes elles-mêmes. Mgr Swantek ne voit pas la possibilité de reconnaître l’ordination de femmes dans les autres Eglises vieilles-catholiques, car des décisions engageant la foi comme l’introduction du sacerdoce féminin ne peuvent en aucun cas être l’affaire des différentes Eglises locales. Jadis en pleine communion avec l’Eglise épiscopalienne (anglicane des Etats-Unis), son Eglise a abandonné cette communion quand cette Eglise a introduit le sacerdoce des femmes en 1976. Et de souligner que cette introduction a amené la rupture de communautés et entraîné le départ de prêtres et de laïcs de l’Eglise épiscopalienne.

Les premiers vieux-catholiques se sont élevés il y a 127 ans contre le dogme de l’infaillibilité pontificale proclamée au Concile Vatican I en 1870. Sortis de l’Eglise catholique romaine, ils fondèrent en 1872 leur propre Eglise en Suisse. En 1876, le Conseil fédéral les autorisa à fonder un diocèse suisse. Les Eglises vieilles-catholiques rassemblent quelque 100’000 fidèles dans le monde. (apic/wm/be)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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