Un silence qui fonde la Suisse
Suisse: un nouveau livre sur Nicolas de Flue (281093)
Lausanne, 28octobre(APIC) Nicolas de Flue, l’ermite du Ranft canonisé en
1947, est un des symboles nationaux de la Suisse. L’abbé Philippe Baud dans
une nouvelle biographie présentée mercredi à Lausanne retrace non seulement
l’itinéraire mystique du saint, mais aussi son environnement historique,
géographique et social à partir de nombreux documents d’époque.
«Cet homme au visage amaigri, ridé et comme couvert de poussière, porte
un caractère de noblesse. Ses membres sont longs et maigres, recouverts
d’une simple tunique. Il nous accueille avec des paroles aimables et vraiment chrétiennes. Il n’y a pas trace en lui de simulation et d’hypocrisie.»
Tel est le portrait de Nicolas de Flue que brosse Pierre Schott, un humaniste alsacien, en 1487. Frère Nicolas fascine tellement que, de son vivant
déjà, il entre dans l’histoire et la légende suisses.
Père de famille respecté, actif dans la vie publique de son canton,
Nicolas a 50 ans lorsqu’il se retire, avec l’accord de sa femme, pour se
faire ermite jusqu’à sa mort. La vie de cet homme étonnant est présenté de
manière très accessible par Philippe Baud, aumônier universitaire à
Lausanne, qui a choisi comme sous-titre à son ouvrage «un silence qui fonde
la Suisse». L’auteur met successivement en valeur le laïc de son temps,
l’aventurier du désert, le théologien en songes, le veilleur éveillé, la
voie du silence. Autant de facettes qui rendent son visage étonamment
proche.
Faire suite au portrait spirituel de saint Nicolas de Flue dressé par le
cardinal Journet, au lendemain de la guerre 39-45, n’était pas a priori une
tâche facile. Si Charles Journet voulait surtout par l’exemple de frère Nicolas encourager les chrétiens à s’engager pour la paix et la reconstruction, Philippe Baud s’attache à développer en outre le contexte historique,
géographique et social d’une époque qui fut cruciale pour la Confédération
suisse. Vivant dans une période faite comme la nôtre de mutations profondes
et d’incertitudes, Bruder Klaus va marquer par sa sainteté faite de rudesse, mais surtout de tendresse, d’humour parfois, de grands rêves poétiques,
enracinée dans le réalisme le plus terrien. Un vrai maître spitiruel dont
la mission n’est pas encore achevée, conclut Philippe Baud. (apic/frl/mp)
Philippe BAUD: Nicolas de Flue 1417-1487, Suisse: un nouveau livre sur Nicolas de Flue (281093),
Paris, Cerf, 266 p, 32 francs