Suisse: Votation sur l’initiative «pour une procréation respectant la dignité humaine»

Renoncer à des techniques aléatoires et dangereuses

Berne,

(APIC) Le peuple et les cantons suisses devront se prononcer le 12 mars prochain sur l’initiative fédérale relative à «la protection de l’être humain contre les techniques de reproduction artificielle». Pour le comité hors partis qui a déposé cette initiative il y a six ans déjà, il s’agit d’interdire la fécondation in vitro (FIV), une technique fortement aléatoire et qui ne respecte pas la dignité humaine tant celle de la mère que celle de l’embryon. La FIV ouvre en outre la porte à toutes sortes d’abus dans le domaine de la recherche génétique.

Le comité qui rassemble des personnalités des divers bords politiques ainsi que des membres du personnel médical et des milieux de défense de la vie, a présenté ses arguments jeudi à Berne. Il entend essentiellement rappeler que la vie humaine est une chose trop sacrée pour permettre toute manipulation. En outre la fécondation in vitro reste une méthode aléatoire pour vaincre la stérilité des couples, avec un fort taux d’échec et de sérieux problèmes pour la santé physique et psychologique des femmes qui y recourent.

L’initiative prévoit de compléter l’article 119 de la Constitution fédérale par deux nouveaux alinéas précisant que Al. 2c: «La procréation hors du corps de la femme est interdite». Al. 2g: «L’utilisation de gamètes de tiers à des fins de procréation artificielle est interdite». L’initiative interdit donc la fécondation in vitro et la fécondation au moyen du sperme de donneur. L’insémination artificielle homologue, c’est-à-dire au sein d’un couple, resterait autorisée. En mai 1992, le peuple suisse avait approuvé un article constitutionnel interdisant le commerce d’embryons humains, le don d’ovules, le principe des «mères porteuses», et l’intervention dans le patrimoine génétique de l’embryon, mais laissant ouvert la possibilité de la FIV .

Pour Marlies Näf-Hofmann, vice présidente du comité d’initiative et membre du Grand Conseil du canton de Thurgovie (UDC), la fécondation in vitro est une méthode purement technique qui jette la femme dans une aventure émotionnelle et financière entre autres en raison du taux d’échec élévé. L’embryon conçu en dehors du corps de la femme peut en outre faire l’objet de manipulations abusives. Or la Constitution fédérale reconnaît que la dignité humaine est un droit pour chacun et le Tribunal fédéral a décidé que l’embryon en éprouvette avait aussi part à cette dignité. Se pose alors la question du destin des ’embryons surnuméraires’ inévitables avec la FIV qui ne seront pas implantés. Doivent-ils être mis à disposition des chercheurs ou être détruits ? Est-il possible de procéder à un contrôle efficace de ces manipulations ? Pour les initiants la seule réponse cohérente est l’interdiction de ces méthodes. «C’est urgent étant donné les abus et violations de la dignité humaine qui peuvent découler de cette technique de reproduction artificielle», souligne Marlies Näf-Hoffmann.

Trouver d’autres réponses à la stérilité des couples

Pour Elisabetta Meier-Vismara, médecin à Breganzona, la fécondation in vitro en se contentant d’une réponse purement technique au problème de la stérilité empêche de se poser les vraies questions et de poursuivre la recherche sur les causes de la stérilité. Les facteurs environnementaux et le stress de la vie moderne ont-ils un lien avec la stérilité? Sait-on que l’usage de moyens contraceptifs très efficaces peut transformer la stérilité souhaité en stérilité non-souhaitée?

«La fécondation en éprouvette déçoit une grande majorité de couples. Les femmes qui doivent supporter dans le silence et la solitude la tristesse de ne pas avoir réussi à avoir un enfant ressortent de cette expérience souvent blessées dans leur propre dignité.»

Pour le médecin tessinois, il s’agit aussi de réfléchir de manière plus large à la notion de paternité et de maternité qui ne sont pas des questions exclusivement biologiques. «Il existe des possibilités d’être parents de façon très gratifiante: sociales, professionnelles, mentales, spirituelles. L’adoption n’est qu’un exemple, car partout où il y a de la détresse et où le don de soi est nécessaire, l’être humain peut devenir mère ou père.» Dire non à la FIV c’est renoncer librement à une évolution dangereuse.

Non à une évolution dangereuse

Les techniques de reproduction artificielle ont été développées pour accroître la qualité de reproduction des animaux par la sélection d’embryons et obtenir des embryons destinés à la recherche, rappelle de son côté le conseiller national UDC bernois Walter Schmied. Il est cependant inadmissible d’appliquer à l’homme tout ce qui peut se justifier chez l’animal. L’homme joue son avenir avec légèreté lorsqu’il croit pouvoir influencer sans danger le mystérieux processus de la procréation. «La fécondation in vitro constitue un viol qualifié de la loi naturelle sur la vie.»

Derrière la fécondation in vitro se profile aussi la perspective des manipulations génétiques de type eugénique et du clonage humain. Une perspective bien réelle pour Marie-Therèse Larcher, journaliste à Utikon, présidente d’honneur des femmes PDC suisses. Il se trouve en effet des philosophes et des généticiens pour rêver de produire une génération d’êtres supérieurs. La constitution interdit certes d’intervenir dans le développement de l’embryon, mais qui peut contrôler ce qui se passe en éprouvette ? s’interroge Marie-Thérèse Larcher. (apic/com/mp)

20 janvier 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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