Un péril à ne pas sous-estimer, estime Mgr Bernardini (Turquie)

Synode pour l’Europe: Faut-il avoir peur de l’islam?

Rome, 14 octobre 1999 (APIC) Faut-il avoir peur de l’islam, un péril à ne pas sous-estimer, met en garde l’évêque d’Izmir (Turquie), dans une intervention écrite destinée au Synode. Selon lui, l’islam est un danger pour l’Europe. Et cette dernière fait preuve de naïveté en estimant qu’il puisse y avoir réciprocité dans le dialogue.

Vision pessimiste de l’islam… ou terrible réquisitoire visant à mettre en garde. L’archevêque de Smyrne (Izmir, en Turquie), Mgr Giuseppe Germano Bernardini ne mâche en tout cas pas ses mots, dans un texte rendu public mercredi à Rome, écrit à l’intention des participants au Synode. L’archevêque propose au pape la tenue d’un symposium pour débattre de ce qui, à ses yeux, pose problème: l’islam.

La question de l’Islam, déjà très présente dans les discussions du Synode pour l’Europe, s’est en effet enrichie d’éléments nouveaux, mercredi, avec le texte de l’archevêque de Smyrne, en Turquie, Mgr Giuseppe Germano Bernardini, un franciscain italien de 71 ans. Ce denier n’était pas intervenu lors des débats durant le Synode.

Archevêque de Smyrne depuis 16 ans, en Turquie depuis 42 ans, Mgr Giuseppe Germano Bernardini a centré son exposé écrit sur le problème de l’islam en Europe, aujourd’hui et dans le futur proche. Soulignant que la Turquie est un pays musulman à 99,9%, l’archevêque de Smyrne rapporte plusieurs anecdotes pour illustrer une «humble demande» qu’il adresse au pape à propos de l’islam: organiser un symposium sur la question, rassemblant des chrétiens des différentes confessions.

«Au cours d’une rencontre officielle sur le dialogue islamo-chrétien, raconte notamment Mgr Giuseppe Germano Bernardini, un personnage musulman, influent, s’adressant aux participants chrétiens, avait déclaré avec calme et sûreté: ’grâce à vos lois démocratiques, nous vous envahirons, grâce à nos lois religieuses, nous vous dominerons’».

Expansion et reconquête

«Il faut y croire, écrit-il, car cette «domination» a déjà commencé… avec les pétrodollars, utilisés non pas pour créer du travail dans les pays pauvres d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, mais pour construire des mosquées et des centres culturels dans les pays chrétiens, y compris Rome, centre de la chrétienté». Et de s’exclamer: «Comment ne pas voir, dans tout cela, un programme d’expansion et de reconquête bien précis?».

Autre anecdote, significative aux yeux de l’archevêque: «Lors d’une autre rencontre islamo-chrétienne, organisée «comme d’habitude» par les chrétiens, un musulman, influent également, avait avoué que de leur côté, les musulmans n’organiseraient pas de réunions de ce genre».

Vous avez de droit de l’homme… et démocratie?

«Dialogue de sourds?, s’interroge l’archevêque de Turquie dans son texte. «C’est un fait que des termes tels que dialogue, justice, réciprocité», ou des concepts tels que «droits de l’homme» et «démocratie», ont pour les musulmans une signification complètement différente par rapport à la nôtre. Cela, même si «nous savons tous qu’il faut faire une distinction entre la minorité fanatique et violente et la majorité tranquille et honnête». Reste que cette dernière, avertit l’archevêque de Smyrne, «marchera toujours unie et sans hésitation suite à un ordre donné au nom d’Allah ou du Coran». L’histoire, écrit-il, «nous apprend que les minorités décidées parviennent toujours à s’imposer aux majorités silencieuses et renonciatrices». L’archevêque se défend d’être pessimiste. Il relève cependant qu’il serait ingénu de sous-estimer, ou pire encore de sourire de ces exemples.

Sa mise en garde rejoint celle d’Alain Besançon, membre de l’Institut de France et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Ce dernier, présent au synode en qualité d’auditeur, a tiré la sonnette d’alarme au sujet de la présence musulmane en Europe. Pour lui, les évêques européens, inconscients du danger, ne seraient pas réalistes dans leur volonté de dialogue avec l’islam, «faute d’une analyse sérieuse».

Organiser un symposium

L’archevêque de Smyrne propose donc au pape d’organiser au plus tôt sinon un synode du moins une sorte de «symposium d’évêques et d’agents de la pastorale parmi les immigrés, avec une référence particulière à l’islam». Son organisation pourrait être confiée au Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE), en collaboration avec les partenaires protestants, anglican, orthodoxes… du Conseil des Eglises d’Europe (KEK). Ce symposium devrait, selon l’archevêque de Smyrne, «servir à approfondir d’une manière collégiale le problème de l’islam en pays chrétiens, et trouver ainsi une stratégie commune pour y faire face et le résoudre de façon chrétienne et objective».

Exhortation suggérée par l’expérience

Et de conclure, avec une exhortation «suggérée par l’expérience»: Que l’on ne concède jamais aux musulmans une église catholique pour leur culte, ce qui serait pour eux la preuve la plus certaine de notre apostasie».

Au moment où ce texte a été rendu public, tous les participants du Synode n’en avaient pas encore pris connaissance. L’archevêque italien de Tarente, Mgr Benigno Luigi Papa, capucin, comme l’archevêque de Smyrne, en commentait cependant le contenu: «Ce genre d’analyse est en grande partie partagée par l’opinion publique en général. Il faut se comporter de manière évangélique vis à vis des musulmans mais être conscient que la réciprocité est difficile. Les chrétiens agissent quelquefois avec peut-être trop d’ingénuité. Nous avons un désir sincère d’unité, mais nous n’évaluons pas toujours tous les risques». (apic/imed/pr)

14 octobre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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