Les messages affluent de partout

Taizé: Les obsèques de frère Roger à la radio, à la télévision et sur internet

Taizé, 23 août 2005 (Apic) Les funérailles de Frère Roger, mardi 23 août à 14h00 en l’église de la Réconciliation à Taizé, sont retransmises en direct sur le réseau radio RCF (Radios Chrétiennes en France) et sur Radio Notre Dame, ainsi que sur KTO. La télévision de l’archidiocèse de Paris diffuse la cérémonie présidée par le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, également sur son site internet www.ktotv.com. Frère Roger, âgé de 90 ans, a été assassiné mardi dernier lors de la prière par une déséquilibrée de nationalité roumaine.

En Allemagne, les TV Bayerischer Rundfunk et Südwestrundfunk transmettront aussi les obsèques en direct de 13h30 à 16h00. SAT2000 transmettra les funérailles de Frère Roger par satellite (channel 818 sur decoder sky ou http://www.sat2000.it).

Par son rayonnement charismatique, le fondateur et prieur de la communauté de Taizé, le Suisse Roger Schutz, était l’une des personnalités religieuses les plus en vue de notre époque. Son message constant, qui attirait particulièrement les jeunes, était la nécessité de la réconciliation entre les Eglises séparées.

De confession réformée, il avait fondé sa communauté dans les années 40 dans le petit village de Taizé, non loin de Cluny, en Bourgogne. Chaque année, des dizaines de milliers de jeunes de diverses confessions venant d’Europe occidentale, d’Europe de l’Est et de bien au-delà se rassemblent sur la colline de Taizé et participent aux célébrations dans l’église de la Réconciliation.

Parmi les nombreux messages de tous horizons parvenus au nouveau prieur de la communauté de Taizé, Frère Alois, à l’occasion de la mort du fondateur, la Secrétairerie d’Etat du Vatican qualifie Frère Roger de «témoin infatigable de l’Evangile de paix et de réconciliation». A l’époque où, à Lyon, le Père Couturier mettait en oeuvre ses inspirations oecuméniques, Frère Roger, homme de foi aimant passionnément l’Eglise, fondait à Taizé une communauté qui verra venir à elle des jeunes du monde entier, constate le Vatican.

«De nombreuses générations de chrétiens, dans le respect de leur confession propre, y feront une authentique expérience de foi, dans la rencontre avec le Christ, grâce à la prière et à l’amour fraternel, répondant ainsi à son invitation à vivre l’unité par le lien de la paix», écrit dans sa lettre le cardinal Angelo Sodano. Il souligne que le pape rejoint dans la prière les Frères de la communauté de Taizé, ainsi que toutes les personnes touchées par ce deuil, «et il les confie au Seigneur afin qu’ils trouvent la force de poursuivre l’oeuvre de réconciliation commencée par Frère Roger».

De Constantinople à Moscou en passant par Cantorbéry

Le Patriarcat OEcuménique de Constantinople, qui déplore cette «mort insensée», met pour sa part en exergue sa contribution au mouvement oecuménique et son amour envers la jeunesse du monde entier. Dans son message, le patriarche Bartholomé adresse à la communauté de Taizé sa sympathie et invoque sur elle «la miséricorde et l’amour infinis du Dieu Tout-puissant pour vous aider et vous consoler».

Dans sa lettre à Frère Alois, le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II souligne que le chemin sur la terre de Frère Roger a été «un exemple de vie chrétienne». «Homme à la parole inspirée, homme de prière, travailleur zélé dans le champ du Christ, sa recherche infatigable à établir des relations de paix et d’amour entre les chrétiens et son engagement à transmettre l’idéal chrétien aux jeunes européens lui ont acquis un respect universel», écrit Alexis II. Qui est convaincu que «la mort tragique de Frère Roger est une immense perte pour le monde chrétien tout entier».

Au nom du Département pour les relations extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Kirill de Smolensk et Kaliningrad a relevé qu’»à notre époque compliquée, alors que la société est pénétrée par l’esprit de la sécularisation et de la consommation, et que nombreux sont ceux qui perdent leurs références spirituelles et morales, il était un de ceux qui montrent une autre voie, salvatrice, le chemin de la foi, de la prière et de l’amour fraternel du prochain». A cet égard l’oeuvre de frère Roger au service de la transmission des valeurs chrétiennes aux jeunes européens est particulièrement précieuse, a-t-il poursuivi.

L’archevêque de Cantorbéry Rowan Williams relève également «l’oeuvre extraordinaire accomplie par notre cher Frère Roger». Pour le leader de la Communion anglicane mondiale, il y a très peu de gens dans chaque génération qui arrivent à transformer de fond en comble le climat d’une culture religieuse.

«Mais voilà précisément ce qu’a fait Frère Roger. Il a changé le cadre de référence pour l’oecuménisme par le défi lancé à des chrétiens d’appartenances diverses à vivre ensemble la vie monastique; il a changé l’image du christianisme lui-même pour d’innombrables jeunes; il a changé la perception qu’avaient les Eglises de la priorité absolue de la réconciliation, d’abord dans l’Europe de l’après-guerre, puis à travers le monde».

L’archevêque Rowan Williams se réjouit de plus qu’il a fait tout «cela sans occuper une position d’autorité hiérarchique, sans aucune position à l’intérieur des jeux politiques et des luttes des institutions. Son autorité fut véritablement monastique – l’autorité d’un père et frère aîné en Dieu qui tire sa vision d’une attente patiente de Dieu dans la prière, et du travail, des études, du discernement d’une communauté engagée».

Sa vie et son témoignage offrent le vrai défi de l’Evangile à toutes nos institutions chrétiennes, le défi de devenir vraiment crédible en montrant que nous sommes prêts à vivre et écouter dans l’humilité, à reconnaître où se trouve notre force réelle, poursuit-il.

De la Serbie à la Grande Chartreuse

De Serbie sont aussi venus des hommages, comme celui d’Irénée, évêque de Novi Sad et Batchka, qui souligne que pendant des années, il a souhaité rencontre frère Roger et faire sa connaissance. «Cela ne s’est pas réalisé ici sur terre. J’espère que nous nous rencontrerons au ciel». Le patriarche serbe Pavle a également envoyé ses condoléances depuis Belgrade, ainsi que Domitien, métropolite orthodoxe de Vidin, en Bulgarie.

Le cardinal Josip Bozanic, archevêque de Zagreb et président de la Conférence épiscopale de Croatie, rappelle que par ses liens profonds avec le cardinal Franjo ¦eper, Frère Roger est d’une certaine façon aussi lié avec le peuple croate, en particulier avec les jeunes qui, pendant des années, ont aimé aller aux rencontres à Taizé.

Du monastère de la Grande Chartreuse, Frère Marcellin Theeuwes, ministre général de l’Ordre des Chartreux, relève que les circonstances dramatiques de la mort de Frère Roger ne sont «qu’un revêtement extérieur qui met encore d’avantage au grand jour la vulnérabilité de Frère Roger qu’il cultivait comme une porte par laquelle, de préférence, Dieu peut entrer auprès de nous». Le prieur de la Grande Chartreuse n’oublie pas de recommander à la miséricorde de Dieu la jeune femme roumaine «qui a cédé à l’inexplicable. (.) Gardez-la dans votre amour afin qu’elle obtienne le pardon et la guérison».

De la Chine à la Bosnie

Les hommages viennent également de Shanghai, en Chine, où Mgr Aloysius Jin Luxian, l’évêque de l’Eglise officielle âgé de 89 ans, s’est dit attristé et consterné par la nouvelle du décès de Frère Roger. Il a adressé ses condoléances au nom de tous les prêtres et les soeurs de son diocèse.

«Ce serviteur de Dieu qui a aimé la paix et qui a fait avancer la solidarité et la communion humaine, a quitté le monde d’une manière si malheureuse. Pourtant nous croyons que par son aide au ciel, les oeuvres de paix, de solidarité et de communion qu’il a créées se répandront sans cesse».

Mais aussi de Zoran et Goran Zubak, Ivan et Marko Zubak, Ivan, Goran et Mario Juraki?, des enfants de Bosnie qui ont séjourné à Taizé pendant la guerre qui a ravagé leur pays. «Nous n’oublierons jamais ces années-là, et nous porterons frère Roger toujours dans nos coeurs. Nous croyons que nous nous reverrons un jour, là où il n’y a pas de place pour la haine ni pour aucun mal».

Les juifs s’unissent à la peine de la communauté de Taizé

Le Grand Rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, a également tenu à exprimer sa «vive sympathie suite à la tragédie qui vous prive du Frère Roger, figure rayonnante, artisan de paix et de réconciliation entre tous les hommes. Incarnation de tendresse, vis-à-vis de toutes les créatures de Dieu, il est mort de cette violence criminelle qui nous entoure. Puissent ses idéaux humanistes auxquels il était tant attaché, perdurer, grâce à la fidélité de tous ses innombrables disciples. Il aura marqué son siècle et rayonné, bien au-delà de son champ d’action».

Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, souligne finalement que Frère Roger s’est fait durant sa vie l’avocat inlassable des valeurs de respect, de tolérance et de solidarité, en particulier auprès de jeunes. «Son message d’espoir et de confiance restera une source d’inspiration pour tous». (apic/be)

23 août 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 6  min.
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