Thaïlande: Libération des «hommes-girafes» de la tribu des Karen,

Des semi-esclaves pour touristes

Bangkok, 22 février 1998 (APIC) Trente trois personnes de la minorité ethnique des Karen, des enfants surtout et des personnes âgées (6 ans d’âge minimum, et 67 maximum) ont été libérées au début de janvier par la police thaïlandaise. Ces personnes vivaient dans un état de demi-esclavage à l’intérieur d’un village-ethnique «artificiel» très fréquenté par les touristes, dans la région de Maye Aye, dans la province de Chiang Mai.

Les personnes libérées appartiennent à une tribu dont les membres ont le cou allongé parce que, dès leur plus jeune âge, on leur met des colliers spéciaux de cuivre. Les touristes payaient 6 dollars par personne pour voir la vie de ce qu’ils croyaient être un authentique village indigène à l’intérieur duquel, en revanche, les Karen étaient retenus prisonniers.

Les victimes ont été rassemblées par des brasseurs d’affaires sans scrupules qui les avaient recrutés dans leur village, en leur promettant de les aider à retrouver leurs familles qui s’étaient enfuies de Birmanie. Ils étaient payés par un seul repas par jour et ils n’avaient reçu aucune nouvelle des membres de leurs familles. Les Karen libérés ont été conduits provisoirement à Baan Pingkai et hébergés dans une centre d’accueil.

Les Karen sont presque tous chrétiens, protestants et catholiques. En Birmanie, l’ethnie est depuis plusieurs années en conflit avec la junte militaire du «State, Peace and Development Council» (SPDC) qui s’appelait jusqu’en 1997 «Conseil pour la loi d’Etat et le Rétablissement de l’Ordre» (SLORC). Le groupe des Karen est l’un des groupes ethniques qui réclame une plus grande autonomie, et c’est la raison pour laquelle ils sont persécutés. La Thaïlande, ces dernières années, les a accueillis, et leur nombre s’élevait à 170’000 au début de 1997.

L’an passé, des milliers de réfugiés Karen avaient été rapatriés en Birmanie par l’armée thaï. Le changement de politique vis-à-vis des réfugiés – accompagné par une campagne de presse qui déclarait que leur présence était dangereuse et nocive – a un motif économique: sur le territoire contrôlé par les Karen, on construit un gazoduc qui apportera du combustible de Birmanie en Thaïlande. Il est donc d’un intérêt vital pour les deux pays d’éviter que des attaques terroristes ne puissent miner l’entreprise économique.

La nouvelle politique thaïlandaise envers les Karen a ainsi permis que les réfugiés soient exploités, comme dans le cas du village «ethnique-touristique». C’est seulement après une dénonciation faite par le journal anglais «The Times», avec des commentaires de touristes indignés devant les traitements réservés aux Karen, que les autorités thaïlandaises ont mis fin à ce spectacle dégradant. (apic/fides/be/ba)

19 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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