L'exploitation minière est souvent nuisible pour les populations locales (Photo d'illustration/Flickr/CC BY-NC 2.0)
International

Timor occidental: responsables religieux et population ensemble contre un projet minier

Des responsables religieux ont manifesté, fin janvier 2016, dans la région indonésienne du Timor occidental, en compagnie de centaines de villageois, contre un projet minier menaçant gravement la vie quotidienne des habitants et l’environnement.

La veille, une autre manifestation, encadrée par la police locale, avait également été organisée pour les mêmes raisons sur le site minier de la société indonésienne Soe Makmur Resources, dans le village de Supul, rapporte Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

«La présence de cette compagnie minière menace les ressources des populations locales», déplore le Père franciscain Yohanes Kristoforus Tara à l’agence d’information catholique Ucanews. L’exploitation minière de manganèse a asséché de nombreuses sources et près de 6’000 hectares de rizières, dans le village d’Oebelo, risquent d’être touchés à leur tour.

Dans cette province très majoritairement chrétienne, le prêtre catholique, inspiré par l’encyclique du pape François ‘Laudato Si’ sur la sauvegarde de la création, explique qu’il soutient les villageois et se bat pour faire valoir les droits des plus faibles et protéger l’environnement. «Les déchets produits par l’exploitation minière menacent la santé des autochtones, certains villageois souffrent déjà d’irritations cutanées, du fait de la pollution des cours d’eau», précise-t-il.

Répercussions sociales

Pour le pasteur Yos Manu, de l’Eglise évangélique du Timor, l’exploitation minière a également eu d’importantes répercussions sociales, ces dernières années, en semant le trouble et la division au sein des populations locales. «En plus de son impact écologique, l’exploitation minière a affecté ma communauté: à présent, il y a les pro-miniers et les anti-miniers, mais je continue à me battre contre cette firme», explique-t-il.

Soleman Nesimnasi, villageois de Supul, a perdu quatre hectares du fait de la concession accordée à la compagnie Soe Makmur Resources en 2008. «Je n’ai jamais été informé que le permis accordé à la société minière se trouvait sur mes parcelles de terre. Puis, peu après avoir obtenu le permis d’exploitation, ils sont venus saisir mes terres», affirme-t-il.

Forces de l’ordre corrompues

Après quatre longues années de procédures judiciaires, Soleman Nesimnasi a obtenu gain de cause d’un point de vue juridique, puisque la cour a statué que la compagnie minière devait restituer les terres au propriétaire d’origine. Néanmoins, en pratique, c’est la société minière qui a eu le dernier mot. «L’année dernière, des représentants de la société, accompagnés de soldats, sont venus me trouver pour me dire que je n’avais pas le droit d’utiliser mes terres et ils m’ont forcé à accepter une compensation de 100’000 roupies (6,7 euros) par hectare de terre.

Pour Yustinus Darma, militant de l’ONG Indonesian Forum for Environment (WALHI – Friends of the Earth Indonesia), présent lors des manifestations, il est courant que les sociétés minières, lorsqu’elles ont affaire à des villageois récalcitrants, se servent du pouvoir de la police ou de l’armée pour arriver à leurs fins.

Les Eglises soutiennent les populations

Ce n’est pas la première fois que la province de Nusa Tenggara Est est touchée par l’exploitation minière intensive. Depuis plusieurs années déjà, sur l’île de Florès et les autres petites îles de la Sonde, les Eglises chrétiennes soutiennent les populations locales dans leur combat contre l’exploitation minière intensive qui détruit leur environnement naturel et met en péril leur survie.

En Papouasie-Occidentale, une région également très riche en minerai, les populations autochtones, principalement les Papous, sont spoliées de leurs terres et voient leur vie régulièrement menacée. Des responsables chrétiens les soutiennent et luttent pour mettre fin aux exactions à leur encontre.

La province de Timor-Ouest, qui appartient à l’Indonésie, compte environ deux millions d’habitants. 56% d’entre eux sont catholiques, 35% protestants et 8% musulmans. La moitié orientale de Timor forme la République du Timor oriental, à majorité catholique. (cath.ch-apic/eda/rz)

L'exploitation minière est souvent nuisible pour les populations locales (Photo d'illustration/Flickr/CC BY-NC 2.0)
2 février 2016 | 15:09
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
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