Prêtres tuées, religieuses en fuite

Timor oriental : L’effectif des religieux a diminué de moitié

Dili, 17 septembre 1999 (APIC) Depuis le début des violences et des massacres, la présence des religieux catholiques au Timor oriental a diminué de plus de moitié. Ces données ont été fournées à l’agence missionnaire Fides (Vatican) par des sources ecclésiales locales dignes de foi.

D’après les données officielles de la Conférence épiscopale d’Indonésie, avant le début des massacres, il y avait 44 prêtres diocésains et 21 paroisses dans le diocèse de Dili; 9 prêtres et 9 paroisses dans le diocèse de Baucau. Mais les ordres religieux masculins et féminins constituent le nerf de l’Eglise locale avec 160 religieux et 260 religieuses : 100 salésiens, 30 verbites, 15 jésuites 5 franciscains et plusieurs prêtres d’instituts locaux ; 112 canossiennes, 50 salésiennes, 60 carmélites, 23 missionnaires Servantes du Saint-Esprit, 5 religieuses de Maryknoll, 5 religieuses de Saint Paul de Chartres et plusieurs autres de différentes congrégations locales indonésiennes.

L’explosion de la violence et la campagne de rétorsion dirigée contre l’Eglise catholique ont fait des victimes et contraint de nombreux religieux à s’enfuir. Le bilan encore provisoire est le suivant : 3 prêtres assassinés dans la paroisse de Suai le 6 septembre (un Timorais, l’Abbé Hilario Madeira, prêtre diocésain de Oekusi, âgé de 45 ans ; le Père Francisco Tavares dos Reis, Timorais, âgé de 54 ans ; le Père Tarcisius Dewanto, Javanais, jésuite, âgé de 34 ans) ; le directeur de la Caritas de Timor Oriental, le Père Francisco Barreto, tué le 9 septembre ; le Père Karl Albrecht, jésuite allemand, responsable du  » Jesuit Refugee Service  » de Timor oriental, tué à Dili le soir du 11 septembre.

D’après la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale d’Indonésie, quatre religieuses, non encore identifiées, ont perdu la vie durant les massacres.  » En outre, déclare la Commission, nous procédons aux vérifications nécessaires pour nous assurer du massacre de 4 autres prêtres et de 4 religieuses, portée disparus «.

Les informations fournies à Fides par les principaux Instituts religieux donnent la situation suivante : Pour les 100 salésiens (SDB), prêtres, frères et séminaristes : ceux de Dili se sont réfugiés à Kupang ou dans d’autres centres du Timor Occidental ; les autres se trouvent dans les montagnes de Timor Est et s’occupent de l’aide à la population. Une résidence des salésiens a été incendiée à Dili.

Pour les 30 verbites (SVD), on n’a pas de nouvelles de 4 Pères de Baucau ; 3 Pères de Oekusi ont décidé de rester avec leurs gens ; 1 autre reste à Timor Est, à Maliana, où les Verbites ont une école. Au Timor Occidental, les centres Verbites de Nenuk et Kupang se sont mobilisés pour porter assistance à plus de 700 réfugiés.

Pour les 15 jésuites, SJ : deux Pères ont été tués à Dili ; 6 sont restés à Dili, dont le supérieur de la maison. On n’a pas de nouvelles d’un jésuite ; les autres ont dû se réfugier dans la forêt.

Pour les 112 Canossiennes (FdCC), réparties dans 11 communautés, auxquelles s’ajoutent une vingtaine de novices et de postulantes : 42 sont à Kupang, 7 à Atambua, 4 à Djakarta avec 10 postulantes. Un bon nombre d’entre elles sont sous la protection de l’UNAMET à Dili. D’autres ont choisi de rester à Timor Oriental pour porter secours aux réfugiés. On n’a pas de nouvelles directes des religieuses se trouvant dans 5 communautés. 3 communautés, celles de Balide, Lecidere et Comoro, ont été incendiées.

Pour les 50 salésiennes (FMA) : 2 se trouvent à Dili, 4 à Baucau, 2 à Fuiloro, 1 à Laga. Les autres sont parties en Indonésie, en Italie, au Cambodge ; les 26 Timoraises sont restées dans l’île. Leurs maisons ont été détruites, mais l’on n’a pas de nouvelles sûres à ce sujet.

Pour les 60 carmélites : 45 ont été emmenées à Kupang, dans la résidence des Pères Carmes qui abritent aussi de nombreux autres religieux de différentes Congrégations ; 15 sont restées à Timor Oriental pour aider les réfugiés.

Pour les 8 Religieuses de Saint Paul de Chartres (SPC) : elles ont toutes quitté Timor Est sur la pression de l’armée et se sont transférées à Timor Occidental. Une de leurs maisons a été détruite.

Timor Ouest : le diocèse d’Atambua attend 100’000 réfugiés

Par ailleurs, le diocèse d’Atambua, au Timor Occidental, a créé une Commission pour s’occuper des dizaines de milliers de réfugiés venus de Timor Est. Un nombre important de ces réfugiés a déjà trouvé refuge en d’autres endroits, comme l’île septentrionale de Alor, de nombreux autres se sont enfuis à l’étranger.

L’évêque a invité tous les curés du diocèse a protéger les réfugiés venus de Timor Est en veillant à leur sécurité et à leur assistance. Il leur a de même recommandé de souligner dans leurs homélies les valeurs intouchables que sont la justice et les droits de l’homme, et la nécessité de trouver une solution non violente aux conflits. On estime que, dans les prochains jours, le nombre des Timorais chassés de leur territoire s’élèvera à 100.000 personnes au moins.

A la frontière entre le district d’Atambua et le Timor Oriental, on a vu des soldats de garde munis de mitraillettes et de véhicules blindés.  » Nous nous attendons à toutes les éventualités, y compris des désordres et des accrochages (apic/cip/fides/mp)

17 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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