Olten: Ordination de Mgr Felix Gmür comme nouvel évêque de Bâle

Tonnerre d’applaudissements pour accueillir le jeune prélat

Olten, 16 janvier 2011 (Apic) «Bischof Felix Herzlich willkommen». Au-dessous de la rosace de l’église St-Martin d’Olten, un bel édifice de style néo-roman, la banderole qui surplombe le porche affiche le visage souriant de Felix Gmür. Ce sourire, avec le soleil qui inonde la place noire de monde, est de bon augure en ce dimanche après-midi, pour l’ordination du nouvel évêque de Bâle. Les fidèles, visiblement heureux du choix du chapitre cathédral du diocèse de Bâle, un choix confirmé par le pape le 23 novembre dernier, ont d’ailleurs ovationné, longuement et à plusieurs reprises, le nouvel évêque, âgé de 44 ans et originaire de Lucerne.

Les nombreux fidèles qui ne pouvaient suivre la cérémonie à l’intérieur de l’église paroissiale avaient trouvé refuge dans l’église catholique-chrétienne d’Olten, où la cérémonie était retransmise sur écran. Aux premiers rangs des fidèles, on notait la présence de la Genevoise Micheline Calmy-Rey, présidente de la Confédération helvétique, de diverses personnalités politiques, dont les représentants des dix cantons diocésains (Soleure, Aarau, Bâle-Campagne, Bâle-Ville, Berne, Jura, Lucerne, Schaffhouse, Thurgovie et Zoug) et des diverses corporations ecclésiastiques cantonales.

Des représentants d’autres Eglises avaient fait le déplacement d’Olten: Gottfried W. Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), l’évêque Harald Rein, de l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse, le métropolite Jérémie Kaligiorgis, directeur du Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecuménique, représentant du patriarche Bartholomaios, l’évêque Makarios de Lampsakos, du Centre Orthodoxe du Patriarcat Œcuménique, et l’archiprêtre Stanko Markovic, de l’Eglise serbe-orthodoxe.

Ordination présidée par le cardinal Kurt Koch

La cérémonie d’ordination était présidée par le cardinal Kurt Koch, prédécesseur de Mgr Gmür sur le siège de Bâle. Le cardinal Koch, depuis le 30 juin dernier président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens à Rome, avait pour co-consécrateurs Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Fribourg-en-Brisgau et président de la Conférence épiscopale allemande, et Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion et président de la Conférence des évêques suisses.

Outre le nonce apostolique à Berne, l’archevêque Francesco Canalini, on notait la présence d’une vingtaine d’évêques (évêques diocésains, auxiliaires et émérites des diocèses suisses) et des Abbés d’Einsiedeln, de Mariastein, de St-Maurice, de Muri-Gries et de l’abbaye bénédictine de la Dormition à Jérusalem. Venus des diocèses de France voisine ou de beaucoup plus loin, les archevêques de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet, et de Besançon André Lacrampe, Mgr Stanislaw Budzik, évêque auxiliaire de Tarnow (Pologne), Mgr Isaac Gaglo, évêque d’Aného (Togo) et l’évêque Taras Senkiw, de l’Eglise grecque-catholique ukrainienne, étaient également massés dans le chœur de l’église.

La cérémonie a débuté – d’abord en partie en latin, puis en allemand – par la lecture par le prévôt de la cathédrale Arno Stadelmann de l’acte pontifical de nomination. Le prévôt a ensuite demandé au cardinal Koch d’ordonner le nouvel évêque.

Le rite sacramentel de l’ordination épiscopale, réglé selon un rite très ancien, a débuté avec «l’invocation de l’Esprit Saint». Mgr Gmür s’est engagé solennellement, devant la foule rassemblée, à s’acquitter des devoirs de la charge épiscopale: l’annonce de l’Evangile et la transmission de la foi, la construction et le maintien de l’unité de l’Eglise, le service aux pauvres et aux personnes en détresse, le service du culte et de la prière.

La crosse du prince évêque Jakob Christoph Blarer von Wartensee

Allongé ensuite la face contre terre, en signe d’humilité, Felix Gmür va écouter la lecture de la litanie des saints. Tour à tour, les évêques présents vont, en silence, imposer les mains au futur évêque. Puis ils prononcent la grande prière d’ordination, tandis que l’évangéliaire est tenu au-dessus de la tête de l’ordinand pour bien montrer que c’est l’Evangile qui donne son orientation fondamentale au ministère épiscopal.

L’onction du nouvel évêque avec de l’huile est le signe que le nouvel ordonné reçoit la force de l’Esprit Saint afin que son ministère soit fécond. Le livre des Evangiles est remis au nouvel évêque pour manifester sa fonction prophétique. Pour terminer, le nouvel évêque reçoit les signes distinctifs de l’épiscopat: l’anneau, la mitre et la crosse, et celle que lui remet le cardinal Koch appartenait au prince évêque Jakob Christoph Blarer von Wartensee (1542-1608). Pour bien montrer que l’évêque Felix Gmür prend possession du diocèse de Bâle, le cardinal Koch le conduit à la cathèdre, le siège de l’évêque, où il y prend désormais place. C’est alors qu’en signe d’accueil au sein du collège épiscopal, les évêques présents vont échanger le baiser de paix avec le nouvel ordonné, concluant ainsi l’ordination de Mgr Gmür.

Ensuite le curé de la cathédrale apporte le cierge diocésain, orné des armoiries des dix cantons constituant le territoire du diocèse de Bâle, des armoiries du diocèse et de celles du nouvel évêque. Des fidèles provenant de ces dix cantons, répartis entre les trois régions diocésaines de St-Ours, Ste-Vérène et St-Victor, amènent les statues des trois patrons: saint Ours et saint Victor, compagnons de sainte Vérène et martyrs de la légion romaine venue de Thèbes, en Haute-Egypte.

La quête organisée durant la cérémonie a été faite – pour moitié – en faveur de l’Hôpital Caritas des enfants de Bethléem (Mgr Felix Gmür et Mgr Robert Zollitsch sont les protecteurs de l’œuvre d’entraide Secours aux enfants Bethléem), et pour l’autre moitié pour payer une partie des frais de réparation de l’incendie criminel qui a endommagé la cathédrale de Soleure, la rendant inutilisable pour la cérémonie d’ordination de ce dimanche. Accompagné des célébrants principaux et du prévôt de la cathédrale, Mgr Felix Gmür a parcouru la nef de la cathédrale, pour la première fois en tant qu’évêque, en concluant la cérémonie par la bénédiction de l’assemblée des fidèles.

Encadré

L’abbé Felix Gmür, 44 ans, était jusqu’à sa nomination comme évêque de Bâle secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES). Son élection, le 8 septembre dernier par les 18 chanoines du chapitre cathédral du diocèse de Bâle, en vertu de dispositions concordataires remontant à 1828, avait été confirmée par le pape Benoît XVI, qui l’a nommé évêque de Bâle le 23 novembre 2010. Il aurait dû être ordonné le dimanche 16 janvier 2011 en la cathédrale des Saints-Ours-et-Victor à Soleure, mais l’édifice était trop endommagé par l’incendie causé par un pyromane qui a mis le feu à l’autel de la cathédrale avec de l’essence mardi 4 janvier. L’incendie a également endommagé les orgues, rendant pour un bon bout de temps la cathédrale inutilisable.

Mgr Felix Gmür a choisi pour devise épiscopale: «Comprenez ce que le Seigneur attend de vous!», une épigraphe tirée de la lettre de saint Paul aux Ephésiens (5,17). «Paul constate avec lucidité que le monde dans lequel nous vivons n’est pas parfait. Même chez les chrétiens, tout n’est pas conforme au modèle à suivre. Ils ne vivent et n’agissent pas toujours comme l’exigerait chaque époque. Souvent, ils agissent en dépit du bon sens. La volonté du Seigneur est déterminante pour notre vie de chrétien, explique Mgr Gmür. Il nous faut pourtant d’abord la connaître pour pouvoir ensuite y conformer notre vie et nos actes. Voilà pourquoi Paul dit ceci: ’Comprenez ce que le Seigneur attend de vous!’ (’Intelligentes quae sit voluntas Domini’)! Le fait que Paul parle au pluriel est lourd de sens. Nous ne sommes pas Eglise, chrétien, chrétienne, ni évêque tout seul, mais toujours ensemble».

Cette devise, conclut le nouvel évêque de Bâle, est destinée à devenir celle de toute l’Eglise diocésaine. «Si nous comprenons ensemble quelle est la volonté du Seigneur, nous pourrons nous y conformer et réussir ainsi à vivre véritablement comme des chrétiennes et des chrétiens dans l’époque qui est la nôtre». (apic/be)

16 janvier 2011 | 22:04
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 6 min.
Partagez!