Près de 600’000 jeunes fêtent et entrent dans la dernière ligne droite

Toronto: La magie de la veillée des JMJ s’est à nouveau vérifiée

De notre envoyé spécial à Toronto, Antoine Soubrier

Toronto, 28 juillet 2002 (APIC) Les quelque 500’000 à 600’000 pèlerins, selon les organisateurs, des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) catholiques de Toronto ont fait samedi soir un nouveau triomphe au pape Jean Paul II qui leur a confié la mission de bâtir «une nouvelle civilisation à l’enseigne de la liberté et de la paix». L’hélicoptère du pape s’est posé sur le lieu de la fête, accueilli par les cris de joie des jeunes qui ont vécu ensemble cette veillée avant de passer la nuit à la belle étoile et la messe, dimanche matin.

Rassemblés depuis des heures dans une atmosphère de Woodstock chrétien à Downsview Lands, ancien aérodrome du nord de la capitale économique du Canada, les jeunes ont écouté avec enthousiasme le pape les appeler à «édifier dans la cité des hommes la cité de Dieu». Parmi ces milliers de pèlerins figuraient bien entendu les 206’000 jeunes de 170 pays venus accourus à Toronto pour ces 17ème JMJ.

Pour cette nouvelle étape des JMJ, la dernière avant la messe de finale présidée dimanche par Jean Paul II, des milliers de jeunes ont afflué sur l’aéroport de Downsview Park, dans la soirée du 27 juillet 2002, après une journée de marche sous un épais brouillard humidite. Retrouvant les jeunes le temps d’une veillée de prières et de chants, Jean Paul II les a appelés à former une nouvelle génération de «bâtisseurs» dans un monde «qui a souvent prétendu se passer du Christ».

Après plusieurs jours de préparation dans les diocèses canadiens tout d’abord, puis à Toronto même, les quelque 600’000 jeunes – dénombrés par les services de police – ont marché toute la journée, pour arriver en fin d’après-midi ­ certains arrivant jusque tard dans la nuit, pour la messe de clôture des JMJ de dimanche à Downsview Park. L’immense terrain ­ 130 hectares, soit près de trois fois l’Etat de la Cité du Vatican ­ était trempé en certains endroits, en raison des pluies de la veille. Même si les nuages étaient partis samedi soir, l’humidité restait très forte.

Tapis multicolores

En attendant l’arrivée de Jean Paul II, les groupes de jeunes venus du monde entier se sont organisés pour la nuit qu’ils ont passé à la belle étoile. Toutes les couvertures avaient été réquisitionnées pour former de grands tapis multicolores servant de lits de fortune. 20 grands écrans permettaient de suivre la cérémonie d’un bout à l’autre du terrain.

Au moment où les caméras filmaient l’hélicoptère du pape arrivant du centre de Toronto ­ situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Downsview Park -, la foule de jeunes s’est levée pour l’applaudir. Après avoir fait le tour de l’aéroport, l’appareil s’est posé à l’extérieur, afin de permettre à Jean Paul II de rejoindre le podium en papamobile, à travers l’assemblée, déclenchant à son passage des cris de joie.

D’une voix étonnamment claire et forte, le pape a ensuite prononcé un bref discours en plusieurs langues, confiant sa joie d’être de nouveau présent au milieu des jeunes. «Je vous invite à être la voix des jeunes du monde, de leurs joies, de leurs désespoirs, de leurs espérances», leur a-t-il lancé. «C’est en vous que l’Eglise lit son avenir et qu’elle entend l’appel à cette jeunesse dont l’Esprit du Christ l’enrichit constamment».

Témoignages

Des jeunes ont alors pris la parole pour donner leurs témoignages en différentes langues. Avec un fort accent québécois, Rémy Perras, 25 ans, s’est particulièrement fait applaudir après avoir rappelé son admiration pour les engagements de Jean Paul II en faveur de la paix. «Puisse la paix qui vous habite être plus contagieuse que jamais!», a-t-il lancé en s’adressant directement au pape.

Dans son homélie, le pape a invité les jeunes à se poser une question devenue «dramatique»: «sur quelles fondations faut-il construire la nouvelle époque de l’histoire qui émerge des grandes transformations du 20ème siècle? Sera-t-il suffisant, a ajouté Jean Paul II, de parier sur la révolution technologique en cours, qui semble être guidée uniquement par des critères de productivité et d’efficacité, sans référence aucune à la dimension religieuse de l’homme et sans un discernement éthique universellement partagé ? Est-il juste de se contenter de réponses provisoires aux problèmes de fond et de laisser la vie aux prises de pulsions instinctives, de sensations éphémères, d’enthousiasmes passagers?».

Evénements contradictoires

Soulignant que le nouveau millénaire a commencé avec deux événements contradictoires, celui du jubilé et celui de l’attentat terroriste de New York, le pape a ensuite appelé les jeunes à devenir des «bâtisseurs» de la «civilisation de l’amour». «L’attente que l’humanité nourrit au milieu de tant d’injustices et de souffrances est celle d’une nouvelle civilisation à l’enseigne de la liberté et de la paix», a-t-il expliqué. «Mais, pour une telle entreprise, il faut une nouvelle génération de bâtisseurs qui, animés non par la peur ou par la violence, mais par l’urgence d’un amour authentique, sachent poser une pierre après l’autre pour édifier dans la cité des hommes la cité de Dieu».

«Seul le Christ, connu, contemplé et aimé, est l’ami fidèle qui ne déçoit pas, qui se fait le compagnon de notre route et dont les paroles réchauffent le coeur. Le 20ème siècle a souvent prétendu se passer de cette pierre angulaire, tentant de construire la cité des hommes sans faire référence à lui et il a fini par l’édifier de fait contre l’homme», a ajouté le pape. «Mais les chrétiens le savent : il n’est plus possible de refuser ou d’écarter Dieu sans s’exposer au risque d’humilier l’homme».

En conclusion, Jean Paul II a lancé un appel à tous les jeunes du monde entier : «faites resplendir la lumière du Christ dans votre vie! N’attendez pas d’être plus âgés pour vous engager dans la voie de la sainteté ! La sainteté est toujours jeune, comme est éternelle la jeunesse de Dieu».

A l’issue de la cérémonie, le pape a pris congé des jeunes en leur donnant rendez-vous le lendemain, pour la messe de clôture des 17èmes Journées mondiales de la Jeunesse, à laquelle sont attendus près de 700’000 personnes. «Dormez bien, bonne nuit», a lancé Jean Paul II à la foule de jeunes pèlerins avant de s’éclipser de l’immense parc de Downsview Lands à Toronto en hélicoptère pour la maison mère des soeurs de saint Joseph. Mais les pèlerins n’avaient pas tous les mêmes projets pour leur nuit à la belle étoile. Certains avaient prévu guitares et tams-tams: «ça va être la fête, on va chanter et danser», assurait une jeune Africaine.

Le temps d’une nuit, l’ancien aérodrome militaire s’était transformé en un vaste campement. Dans cette mer de pèlerins, sur laquelle veillait une grande croix lumineuse, il n’était pas facile de retrouver son chemin en pleine nuit. Et les toilettes mobiles, disposées en rang serrés aux alentours, semblent parfois bien loin. «J’ai mis une heure la dernière fois, alors je ne bouge plus», raconte une jeune Salvadorienne. Pour elle et ses compatriotes, c’est le prix à payer pour une place aux premières loges. (apic/as/ag/pr)

28 juillet 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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