Toussaint et jour des morts: de la révolte à la joie (221093)

«Une autre présence»

Fribourg, 22octobre(APIC) A la Toussaint et au jour des morts, les gens

se rendent sur les cimetières pour faire mémoire de leurs morts. La perte

d’un être aimé c’est mourir soi-même de mort lente, cruelle. C’est parfois

la chute dans le désespoir, la révolte. En matière de souffrances, les discours les plus élaborés sont souvent autant d’insultes à celui qui pleure.

Ecoutons plutôt un père et une mère qui ont vécu cette rupture, qui ont

senti le vide que provoque la mort d’un enfant. Ils nous livrent l’expérience d’une autre réalité apparamment invraisemblable, mais qu’ils ont

pourtant ressentie avec autant d’épaisseur que la première: l’expérience

d’un retour à la vie, à la paix, à la joie?

Le père de Pascal explique: «Le 12 décembre 1992, vers 9h du matin,

après une visite au Saint-Sacrement dans une église de village, mon épouse

me déclara avoir été frappée par la statue de la Vierge de Fatima et

l’avoir priée instamment de stabiliser notre fils Pascal, 23 ans, qui venait de partir en montagne, par un temps excécrable, en expédition de spléléologie.

Le même soir à 16h30 sa prière était exaucée… mais pas du tout comme

nous l’aurions souhaité… Pascal, avec deux de ses amis, était emporté par

une petite coulée de neige fraîche. Alors qu’un de ses camarades pouvait se

dégager après une heure d’efforts et donner l’alerte, les deux autres, dont

un pied même était encore visible, ne purent être secourus qu’après 21h30,

les éléments déchaînés et le brouillard n’ayant pas permis une approche rapide des hélicoptères et des colonnes de secours. Hélas! la mort avait déjà

fait son oeuvre et nous étions avertis de la triste nouvelle vers 3h du matin.

La nuit suivante, en attendant de trouver le sommeil, parcourant une revue, 1 j’ai éprouvé une grande consolation en lisant un passage où la petite Thérèse de Lisieux, morte à 24 ans, parle de sa conception de la mort et

du ciel: ’Je sens que je vais entrer dans le repos… mais je sens surtout

que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le Bon Dieu comme je

l’aime, de donner ma petite voie aux âmes.’ J’ai aussitôt demandé à Thérèse

d’accepter Pascal parmi ses assistants. Elle n’a pas attendu longtemps

avant de donner sa réponse.

Je dois reconnaître, à mon plus grand étonnement que nous avons d’avantage de contacts avec Pascal qu’auparavant. Toute la famille s’adresse à

lui dans toutes sortes de problèmes et nous recevons bien des signes tangibles de sa présence efficace. Cette épreuve a encore resserré davantage

l’unité de la famille.

J’avais toujours désiré un prêtre parmi mes six garçons. J’ai la conviction, à présent, qu’il y a des vocations de prêtre qui ne se réalisent

qu’après la mort.»

A quatre ans, une vie tragiquement enlevée dans un accident de la route

Le 2 mai 1990, Samuel, 4 ans, est tué par une voiture. Anne-Marie, sa

maman témoigne: «Tout d’abord j’aimerais vous dire que Samuel n’est pas

mort, mais qu’il est parti et que, dans cet ailleurs que je nomme paradis,

il continue ce à quoi il était appelé.

Ce qui fut dur à accepter, qui l’est encore et le sera toujours, est

l’absence physique, le partage de tendresse, de paroles. Jour après jour,

cette absence se transforme pour devenir autre. Une autre présence, une autre tendresse, une autre parole, chaque jour à redécouvrir car tellement

impalpables.

Mais cet impalpable me permet de rester chaque jour en éveil, pour rester présente à Samuel. Et la vie est belle, car les valeurs n’ont plus les

mêmes places. La vie est toute autre depuis son départ, mais le cadeau de

départ est magnifique. Comme le dit le poète Gérard Bergeron: ’Tu as quitté

cette terre pour entrer dans la lumière. Tu brilleras à tout jamais dans

mon coeur et dans ma plaie. Si tu m’entends; si tu me vois, viens dans mon

coeur et reste là. Toi mon soleil de tous les jours. Toi mon petit bout

d’amour. Je t’aime.’

Samuel tu es toujours présent, tu es mon guide. Je sais que tu m’attends

et que tu m’accueilleras le jour de mon grand départ. Samuel tu es bien auprès de Dieu, chéri auprès de Marie. Et cet Amour que tu reçois en abondance, merci de nous le partager. Accueille tous ceux qui nous quittent et

transforme notre tristessse et notre révolte en joie.»

Propos reccueilis par Marie-Claude Fragnière pour l’Agence APIC

1. «Vie Thérésienne», No 128, oct/déc 1992, pp 491-194

Encadré

La Toussaint: Fête de tous les ’saints anonymes’

Le 1er novembre, l’Eglise catholique honore parmi la foule innombrable de

ceux qui sont morts les ’saints anonymes’. Ils sont beaucoup plus nombreux

que ceux que l’Eglise a déclarés saints et qu’elle donne comme témoins

exemplaires de la foi. Tous ces hommes et femmes partagent la vie de Dieu.

C’est pourquoi la fête de la Toussaint est une des plus importantes de

l’année.

Il convient de ne pas confrondre la Toussaint, 1er novembre, avec le

Jour des morts, 2 novembre. Ce jour là, les catholiques prient et célèbrent

la messe pour l’ensemble des défunts. Ils partagent l’espérance de la foi

chrétienne: une vie de communion avec Dieu après la vie sur terre. (apiccom/mp)

22 octobre 1993 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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