Turquie: Reconnaissance juridique de la communauté juive d’Izmir
Troisième communauté en importance à l’époque de l’Empire ottoman
Istanbul, 15 décembre 2011 (Apic) Après des décennies d’insécurité juridique, la communauté juive d’Izmir, l’ancienne Smyrne, a été reconnue au plan légal par les autorités turques, a annoncé la presse turque le jeudi 15 décembre 2011. La Direction générale des Fondations en Turquie, organisme gouvernemental, a décidé de concéder la personnalité juridique aux Fondations appartenant aux minorités religieuses non islamiques reconnues par le Traité de Lausanne de 1923.
Avec cette reconnaissance juridique, qui faisait défaut jusqu’à présent, les 22 synagogues et autres propriétés de la communauté juive peuvent lui être remises. Cette communauté n’avait pas été inscrite en 1936 dans le registre des fondations, où l’on enregistrait les biens des minorités non musulmanes. La Direction générale des Fondations a décidé que le statut de minorité établie était historiquement suffisamment documenté. Ainsi, il est établi que les titres de propriété du temps des Ottomans, concernant des biens dont la propriété était incertaine, ont été détruits lors d’un grand incendie en 1841.
La communauté juive d’Izmir, forte de moins de 2’000 membres aujourd’hui, en a compté plus de 40’000 dans l’histoire, ce qui en faisait la troisième communauté en importance dans l’Empire ottoman. Après Istanbul, elle reste la deuxième communauté juive de Turquie. Elle a connu une période de prospérité au XVIIe siècle, coïncidant avec le développement économique de la ville.
Un nouveau signal positif
Avec cette décision, «nous avons aidé l’une des plus anciennes communautés d’Izmir à obtenir la personnalité juridique et à inscrire ses propriétés», s’est réjoui Laki Vingas, citoyen turc d’origine grecque représentant des minorités religieuses auprès de la Direction générale des Fondations.
Selon les minorités non musulmanes en Turquie, il s’agit d’un nouveau signal positif. En septembre dernier, en effet, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan ait annoncé la restitution des propriétés confisquées aux minorités religieuses. Ces dernières, pour gérer des œuvres sociales et caritatives telles que des hôpitaux ou des écoles, ont nécessairement dû créer des Fondations privées, ne disposant pas elles-mêmes de la personnalité juridique. Sont concernées les communautés chrétiennes de rite grec et arménien, et la communauté juive. Par contre, l’Eglise catholique de rite latin ne fait pas partie des communautés reconnues par le Traité de Lausanne. Les Fondations doivent notamment avoir pour président un ressortissant turc.
Pour le Père Claudio Monge, résidant au couvent Saint-Pierre-et-Paul d’Istanbul, cette mesure est un progrès. Elle empêche les autorités de s’emparer des propriétés des minorités. Le prêtre dominicain estime cependant que ce n’est pas la solution pour le statut des minorités religieuses en Turquie, car il manque encore aux églises, aux ordres religieux et autres organismes une pleine reconnaissance de la personnalité juridique. (apic/kna/fides/be)