Fraction conservatrice et mouvance libérale orthodoxes divergent
Ukraine: La visite du pape en Ukraine divise les orthodoxes
Kiev, 21 juin 2001 (APIC) La prochaine visite du pape en Ukraine a mis en évidence les divisions au sein de l’Eglise orthodoxe russe, sa fraction conservatrice s’opposant à la venue du pape en «terre orthodoxe» alors que sa mouvance libérale parle d’un «conflit politique» avec les catholiques.
L’Eglise orthodoxe russe s’est prononcée contre la visite en Ukraine voisine de Jean Paul II, prévue du 23 au 27 juin, accusant la communauté catholique de «prosélytisme» en territoire orthodoxe, une accusation sans cesse reprise du reste par les orthodoxes russes et attisée par le patriarcat de Moscou d’Alexis II.
Pour Valentin Lebedev, rédacteur en chef de la revue conservatrice «Pravoslavnaïa besseda» (Conversation orthodoxe), «le but de la venue du pape en Ukraine est de montrer la victoire historique du catholicisme sur l’orthodoxie». Alexandre Kopirovski, professeur à l’institut orthodoxe Saint-Philaret, estime en revanche que «le conflit de l’Eglise orthodoxe russe avec les catholiques est éminemment politique, tout comme d’ailleurs avec l’Eglise orthodoxe de Constantinople».
Spécialisé dans la formation de missionnaires laïques, son institut est situé au fond d’une cour aux murs lézardés, non loin de la Loubianka, le siège des services secrets, et du monastère Sretenski, le bastion de l’orthodoxie rétrograde. Au contraire des tenants très influents du monastère Sretenski, réputés pour leur conservatisme rigide, leur antisémitisme et leur animosité envers les catholiques, les animateurs de l’institut Saint-Philaret, dont son fondateur le père Gueorgui Kotchetkov, «font partie de la mouvance libérale de l’Eglise qu’ils cherchent à réformer», explique Marta Loukachevitch, une jeune étudiante de 25 ans. «Nous cherchons à revenir à la tradition de l’Evangile mais aussi à faire de l’Eglise une communauté vivante et moderne, égalitaire entre tous, hommes ou femmes, et qui soit proche des gens et non du pouvoir. D’où la volonté de dire l’office en russe au lieu du slavon, la langue liturgique qui n’est plus comprise par le peuple», poursuit-elle.
Ce discours n’est cependant pas toujours bien compris dans une Russie encore marquée par plus de 70 ans d’athéisme officiel. Et l’institut s’est heurté, dès sa fondation en 1988, à l’opposition obstinée des plus conservateurs, dont celle du père Tikhon, le chef spirituel du monastère Sretenski qui a ses entrées au Kremlin.
L’espoir de Jean Paul II
Quant à Jean Paul II, il a déclaré mercredi qu’il s’apprêtait à entreprendre avec «une grande espérance» sa première visite en Ukraine pour confirmer les catholiques dans la foi et promouvoir l’engagement oecuménique avec l’Eglise orthodoxe.
Le patriarche orthodoxe de Moscou Alexis II s’est particulièrement opposé à ce pèlerinage de Jean Paul II qui commencera samedi prochain et durera cinq jours. Alexis II ne voit pas d’un très bon oeil, en effet, la renaissance des communautés catholiques de rite oriental que Staline avait obligées vainement à passer à l’Eglise orthodoxe. Alexis II et plusieurs autres voix orthodoxes avaient demandé au pape de renoncer à ce voyage.
Ce sera le 94e voyage de Jean-Paul II en près de 23 ans de pontificat, un voyage qu’il désirait depuis longtemps réaliser. (apic/af/zn/pr)