Ukraine: Le chef du «patriarcat de Kiev» critique la mentalité impérialiste de Moscou
Philarète souhaite accueillir le pape lors de sa visite en Ukraine
Rome, 15 mars 2001 (APIC) Dans une interview publiée le 15 mars par le quotidien italien, «La Repubblica», Philarète, le chef de la juridiction ukrainienne orthodoxe du «patriarcat de Kiev», indépendante de Moscou, a critiqué la «mentalité impérialiste» du patriarcat de Moscou. Il a affirmé «représenter le peuple ukrainien et se réjouit de la prochaine visite de Jean Paul II.
Déposé et réduit à l’état laïc par le patriarcat russe en 1992, pour avoir demandé la complète indépendance de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine par rapport à celle de Moscou, l’ancien patriarche de Kiev Philarète est aujourd’hui à la tête de ce qu’il a appelé «patriarcat de Kiev», la plus importante des juridictions autocéphales ukrainienne qui compte environs 6 millions de fidèles. «Il a été dit lors de la visite du Premier ministre russe, au Vatican il y a quelques semaines, que Kasianov aurait insisté auprès du pape pour qu’il ne rencontre pas le patriarcat de Kiev lors de sa visite. Kasianov, aurait dit qu’une rencontre de ce type pourrait rompre les rapports œcuméniques entre Moscou et le Vatican. Ces affirmations sont considérées en Ukraine comme un délit d’ingérence», a expliqué Philarète dans son interview.
Comparable à la rencontre de Paul VI et Athenagoras
«Au début des années 90, je n’ai pas eu peur de me séparer de Moscou, alors aujourd’hui, je n’ai aucune crainte de désobéir à Alexis II, nous représentons le peuple ukrainien». Pour nous, la visite du Pape sera un événement historique comparable à la rencontre en 1964 entre Paul VI et le patriarche de Constantinople, Athenagoras». Concernant la réaction négative du patriarcat de Moscou à la venue de Jean Paul II, le patriarche autoproclamé affirme que c’est une erreur de penser pouvoir conserver `l’empire russe au troisième millénaire. Le patriarche de Moscou espère en outre pouvoir construire un mur étanche qui le séparerait du catholicisme et des nouvelles idées, du monde en général. «Au contraire, a-t-il affirmé, il faut préparer les fidèles à comprendre qu’une rencontre entre un orthodoxe et un catholique, ou un juif, ou un musulman, n’implique pas nécessairement le risque pour l’orthodoxe de renoncer à sa propre foi».
Dans une lettre adressée le 22 janvier dernier à Jean-Paul II, le métropolite Vladimir de Kiev, lié à Moscou, avait pour sa part déclaré qu’une rencontre le pape et le «soi-disant» patriarche Philarète qui a été excommunié par l’Eglise orthodoxe, cela reviendrait à dire que l’Eglise catholique romaine ignore les principes des relations canoniques entre les Eglises et s’immisce de manière grossière dans les affaires intérieures d’une autre Eglise en soutenant de son autorité des schismatiques». (apic/imed/mjp)