Ukraine: Le métropolite Kyrill ne veut pas d’une visite du pape en Ukraine

D’abord mettre un terme «à la guerre froide entre nos Eglises»

Paris, 14 février 2001 (APIC) «Il serait incompréhensible que le pape vienne en Ukraine sans être invité par l’Eglise locale. Nous lui demandons donc de reporter, voire même de remettre sa visite»: c’est ce qu’a répété devant les journalistes à Paris le métropolite Kyrill de Smolensk, responsable du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou.

Présent dans la capitale française pour la célébration, le week-end dernier, des 70 ans de la première paroisse russe de France restée fidèle à Moscou sous le communisme, le métropolite a tenu à préciser que la requête présentée il y a un mois dans une lettre au pape signée par le métropolite Vladimir de Kiev, chef de l’Eglise autonome d’Ukraine (sous la juridiction de Moscou), n’ééait pas une démarche isolée.

«Cette lettre n’était pas une lettre personnelle. Elle a été écrite après consultation de la totalité des évêques ukrainiens. C’est la position de l’ensemble de l’épiscopat ukrainien», a-t-il précisé. Officiellement, Moscou souhaite une rencontre entre le patriarche de Moscou, Alexis II, et le pape. Mais pareille rencontre «entre l’Occident chrétien et l’Orient chrétien» doit être préparée, souligne le métropolite Kyrill, afin de «mettre un terme à la ’guerre froide’ entre nos deux Eglises, pour surmonter toutes nos oppositions historiques, auxquelles elle devra mettre un point final». Pas question d’une rencontre «où l’on se donnerait le baiser de paix sans rien derrière», c’est-à-dire sans apporter une solution aux «problèmes très douloureux» que sont l’uniatisme (Eglises de rite oriental unies à Rome) et le «prosélytisme» de l’Eglise catholique.

Sus au «prosélytisme»

Quand elle dénonce le «prosélytisme», l’Eglise orthodoxe russe vise les Russes qui fréquentent ’Eglise catholique. «Nous sommes à peu près certains que cela ne vient pas de directives du Vatican, admet le métropolite de Smolensk. Mais rien ne prouve que Rome tente de l’empêcher: cela existe et Rome en porte la responsabilité.»

Quant à l’uniatisme, c’est justement dans l’ouest de l’Ukraine, où le pape est attendu, que le problème est le plus criant. «Depuis l’indépendance de l’Ukraine, dans près de mille églises, les orthodoxes ont été chassés, uniquement parce qu’ils étaient orthodoxes, accuse le métropolite Kyrill. Des groupes de jeunes sont entrés, ont battu les prêtres et chassé les paroissiens pour occuper les églises. Ce n’est pas ainsi que les problèmes peuvent être réglés entre nos Eglises. Il ne peut y avoir de paix sans justice: voilà pourquoi les orthodoxes d’Ukraine demandent au pape de ne pas venir.»

Ce dimanche, Jean Paul II a redit son «impatience» de se rendre en Ukraine. «J’ai hâte de visiter votre patrie», a-t-il lancé à un groupe de pèlerins ukrainiens présents sur la place Saint-Pierre pour la prière de l’angélus. Le voyage est prévu du 23 au 27 juin prochain. (apic/cip/cx/be)

14 février 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!