Etats-Unis: L’Aumônerie militaire générale censure une lettre de l’archevêque aux armées
Un appel à résister au plan Santé de l’administration américaine
Washington, 7 février 2012 (Apic) Une directive de l’Aumônerie militaire générale de l’Armée américaine, interdisant aux aumôniers catholiques de lire en chaire une lettre de l’archevêque américain aux armées dénonçant le plan Santé de l’administration Obama (Health and Human Services regulations HHS), soulève la tempête dans les milieux catholiques aux Etats-Unis.
Cette censure viole le Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis qui protège notamment la liberté de religion et d’expression, estime Mgr Timothy P. Broglio, archevêque aux armées. En cette période préélectorale, les milieux conservateurs s’en sont saisis pour tenter de faire perdre des voix catholiques au président Obama.
«Nous ne pouvons pas, nous n’allons pas, nous soumettre à cette loi injuste»
La lettre du 26 janvier de Mgr Timothy P. Broglio appelant les catholiques à résister au plan Santé de l’administration américaine – qui exige que la contraception, la pilule abortive et la stérilisation soient inclues dans les plans d’assurance-santé de plusieurs employeurs américains, y compris les hôpitaux, les écoles et les services sociaux de l’Eglise catholique – n’a pas pu être lue par les aumôniers catholiques lors des messes dominicales.
La position de l’Aumônerie militaire générale a provoqué l’ire de la hiérarchie catholique, suivant celle de Mgr Timothy P. Broglio. La Conférence épiscopale américaine avait déjà dénoncé le 20 janvier la position de la ministre américaine de la Santé, Kathleen Sebelius, une catholique, présentant le plan HHS. Les évêques américains avaient exprimé leur opposition le jour même de l’annonce des nouvelles règles, auxquelles les institutions religieuses ont jusqu’au 1er août 2013 pour se conformer.
Une arme de guerre contre Obama dans les milieux catholiques
«Cela signifie que nous avons un an pour nous demander comment violer nos consciences», avait alors déclaré le futur cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York et président de la Conférence épiscopale catholique des Etats-Unis. «Jamais auparavant le gouvernement fédéral n’avait forcé des individus et des organisations à se rendre sur la place du marché et à acheter un produit qui viole leur conscience. Cela ne devrait pas arriver dans un pays où le libre exercice de la religion prend la première place dans la Déclaration des Droits» (Bill of Rights).
Les adversaires républicains de Barack Obama ont saisi immédiatement la chance que représentait cette polémique pour leur campagne électorale. Ainsi Mitt Romney a accusé Obama de forcer les organisations religieuses «à violer leur conscience», dans une tribune publiée dans le journal «Washington Examiner» sous le titre «Le président Obama contre la liberté religieuse».
L’archevêque Broglio a eu un entretien avec le secrétaire à l’Armée de terre, John McHugh. Les deux responsables se sont mis d’accord sur le fait qu’empêcher la lecture de la lettre de l’archevêque aux armées était une erreur, rapporte l’agence de presse catholique américaine CNS. Ils ont également convenu, à la suggestion de John McHugh, que la phrase disant «Nous ne pouvons pas, nous n’allons pas, nous soumettre à cette loi injuste», devait être biffée de la lettre, une telle phrase pouvant être potentiellement mal comprise et interprétée comme un appel à la désobéissance civile», rapporte CNS. (apic/cns/be)