Fribourg: Retenu à Rome, le professeur Andrea Riccardi honoré par l’Université de Fribourg
Un doctorat honoris causa à l’acteur et chansonnier italo-suisse Massimo Rocchi
Fribourg, 15 novembre 2011 (Apic) Retenu à Rome pour consultation à la demande du président de la République italienne, le professeur Andrea Riccardi a été fait docteur honoris causa de la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg mardi 15 novembre. Aux côtés du fondateur de la communauté Sant’Egidio, l’alma mater friburgensis a notamment honoré à l’acteur et chansonnier italo-suisse Massimo Rocchi à l’occasion de son 122e Dies academicus.
Interdisciplinaire, polyglotte et plaçant l’homme au centre: l’acteur Massimo Rocchi a reçu le titre de docteur honoris causa de la Faculté des lettres parce que «comme Suisse et Européen», il est au diapason d’une «Suisse moderne et ouverte sur le monde». Il conjugue à la perfection le geste et la parole «au service d’une Suisse plus solidaire, plus vivante et par conséquent plus intelligente», a-t-on pu entendre lors de la laudatio.
Andrea Riccardi, professeur d’histoire du christianisme et des religions, s’est vu décerner le même titre par la Faculté de théologie en raison de son implication en tant que chrétien engagé, militant notamment pour la paix, pour la coexistence interreligieuse et le droit des pauvres et des exclus. Les autres palmes académiques ont été décernées au professeur de droit allemand Karl-Heinz Ladeur, à l’économiste suisse Gebhard Kirchgässner, professeur d’économie politique, et au physicien suisse Martin Gutzwiller.
Au cours de son allocution, le recteur Guido Vergauwen, parlant des nombreuses réalisations en cours à l’Université (agrandissement du site de Miséricorde, plan directeur pour la Faculté des sciences au fond de Pérolles, transformation de la Clinique Garcia qui accueillera l’Institut Adolphe Merkle, etc.), a relevé que les personnes qui constituent l’Université étaient plus importantes encore que les bâtiments.
Le recteur salue l’accueil des étudiants étrangers
Au niveau des étudiants, on constate à nouveau une croissance des inscriptions, tout particulièrement pour les filières de Master. D’une part, l’Université accueille une proportion d’étudiants venant du canton de Fribourg plus élevée que jamais dans son histoire, notamment grâce au développement démographique réjouissant de la région. D’autre part, le nombre d’étudiants étrangers a également augmenté. «Ce constat ne nous fait pas peur, a-t-il ajouté, nous nous en réjouissons. Accueillir des étudiants du monde entier correspond parfaitement à la tradition internationale de notre Alma Mater dès ses débuts».
«Aux personnes motivées et compétentes, nous offrirons toujours une place d’étude – indépendamment de leurs conditions financières», a-t-il lancé. «Plus de la moitié des enseignant-e-s et presque la moitié des étudiant-e-s de la Faculté de théologie viennent de l’étranger. L’esprit d’un catholicisme ouvert au monde caractérise la vie de la Faculté ainsi que de toute l’Université et ceci donne à Fribourg, comme lieu d’études, une réputation et une reconnaissance internationales», a pour sa part souligné le Père Bernhard Hodel, professeur d’Histoire de l’Eglise à l’Université de Fribourg. Dans son exposé passionnant sur la formation de la Faculté de théologie de Fribourg, il a montré qu’elle s’est développée à ses débuts dans une atmosphère hostile envers l’Université – les radicaux de l’époque craignaient la mainmise de l’Eglise sur une institution de l’Etat – et face à la méfiance de l’évêque d’alors, Mgr Gaspard Mermillod, qui craignait au contraire le contrôle de l’Etat sur l’institution, relents de «Kulturkampf» obligent.
Le chrétien face aux grands défis actuels de l’humanité
Au cours de la célébration de l’eucharistie en l’église du Collège St-Michel, qui se déroule traditionnellement avant la séance académique à l’Aula Magna de l’Université, Mgr Pierre Farine a évoqué la figure de saint Albert le Grand, dont c’était la fête le 15 novembre. Rendant hommage au fameux dominicain qui fut un professeur de renom au XIIIe siècle et le maître de saint Thomas d’Aquin, il a rappelé qu’à l’image de ce savant universel, la tradition n’était pas figée. Il a plaidé pour une annonce de la foi aujourd’hui qui tienne compte en particulier des grands défis actuels de l’humanité: la justice, la paix et la sauvegarde de la création, ainsi que les questions cruciales posées par la bioéthique.
Dans son intervention, la conseillère d’Etat fribourgeoise Isabelle Chassot, directrice de l’Instruction publique, a salué la présidente d’honneur du dies academicus 2011, la chancelière de la Confédération Corina Casanova, une citoyenne du canton des Grisons qui, malgré son éloignement géographique, a toujours maintenu des liens privilégiés avec Fribourg. Elle a rappelé que la Suisse de la chancelière de la Confédération – elle-même digne représentante d’une Suisse multilingue et multiculturelle – «est un pays où les racines n’empêchent pas les ailes de se déployer afin de nous permettre de voler au-delà de nos montagnes». (apic/be)