Rome: Le fondateur de Sant’Egidio membre du nouveau gouvernement italien

Un gouvernement à tendance très catholique

Rome, 16 novembre 2011 (Apic) Le fondateur de la Communauté Sant’Egidio, Andrea Riccardi, a été nommé ministre à la coopération internationale et à l’intégration par le nouveau président du Conseil des ministres italien Mario Monti, un autre catholique, le 16 novembre 2011. Par cette nomination, l’organisation italienne entre officiellement sur la scène politique de la péninsule, ce à quoi elle avait rechigné durant plusieurs années.

Dans un communiqué publié peu après sa nomination au sein d’un gouvernement de technocrates, Andrea Riccardi a indiqué avoir accepté cette charge alors que la l’Italie traverse «un moment difficile, où un effort commun est nécessaire pour affronter la crise actuelle». Fort de ses années d’expérience dans l’engagement pour la cohésion sociale, pour l’intégration nationale et pour la coopération internationale, Andrea Riccardi pense pouvoir aider l’Italie à trouver «la force pour sortir de la crise économique» et à retrouver l’unité.

Catholiques en force

Le gouvernement de Mario Monti, mis en place quatre jours après la démission de Silvio Berlusconi, n’est composé d’aucun politicien et compte également nombre de catholiques déclarés. Ainsi, outre la figure d’Andrea Riccardi on trouve celles de Renato Balduzzi (santé), Lorenzo Ornaghi (culture), Corrado Passera (développement économique et transports), Francesco Profumo (éducation), Paola Severino (justice) et Piero Gnudi (tourisme). Plusieurs avaient pris part, très récemment, à un forum des catholiques italiens auquel participait aussi le président de l’épiscopat de la péninsule.

Le 13 novembre, alors que le président italien devait l’appeler à prendre les rênes du nouveau gouvernement, Mario Monti avait été assailli par la presse à sa sortie de la messe, au centre-ville de Rome.

De nombreux prix pour la paix

Né en 1950 à Rome, Andrea Riccardi a d’abord enseigné l’histoire contemporaine à l’Université de Bari, puis dans la capitale italienne, à La Sapienza et à Rome-III. En 1968, âgé de 18 ans à peine, ce fils de banquier issu d’un milieu aisé a fondé la Communauté Sant’Egidio.

L’homme a reçu de nombreuses récompenses pour son travail en faveur de la paix, notamment le «Prix Balzan 2004 pour l’humanité, la paix et la fraternité entre les peuples» et, en 2009, le «Prix Charlemagne», attribué à ceux qui se sont distingués dans la promotion de l’unité de l’Europe et la diffusion d’une culture de paix et de dialogue. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur Pie XII, pape qui, en 1954, béatifia un de ses oncles, le bénédictin Placido Riccardi. On lui doit récemment une épaisse biographie de Jean-Paul II.

Andrea Riccardi n’avait jusqu’ici pas cédé aux sirènes de la politique. A plusieurs reprises, il avait refusé de figurer sur les listes de la Démocratie chrétienne italienne, y compris de se porter candidat à la mairie de Rome. Il y est d’ailleurs un catholique influent et possède, avec son équipe, des relations politiques et diplomatiques conséquentes.

«L’ONU du Trastevere»

Surnommé par certains «l’ONU du Trastevere», aujourd’hui présente dans plus de 70 pays, Sant’Egidio est d’abord une histoire d’amitié entre quelques jeunes étudiants d’un lycée très huppé de Rome. Ces jeunes catholiques étaient convaincus de la nécessité de se retrousser les manches pour changer le monde, alors que souffle un vent de révolution. De fil en aiguille, leur œuvre de soutien scolaire à des enfants illettrés de la périphérie romaine s’étendra au service des plus pauvres, des personnes âgées, des personnes handicapées.

Avec le soutien de prêtres et d’évêques du Vatican, en 1973, la communauté s’installe dans un ancien couvent de carmélites, au cœur de l’un des plus vieux quartiers de Rome, le «Trastevere». La communauté prend alors le nom de ce couvent et de la petite église attenante: Sant’Egidio, saint Gilles en italien.

Dans les années 1980, la communauté vient en aide à l’Eglise mozambicaine qui subit la répression de la part du régime afro-marxiste en place. Elle intervient là où nombre de diplomates ont échoué au préalable et obtient un accord de paix entre le gouvernement et la guérilla en 1992. Aux côtés de Jean-Paul II, Sant’Egidio s’est également engagée dans le dialogue interreligieux. Dans le «Trastevere», le siège de la communauté est une étape obligée pour nombre de chefs d’Etat, de responsables politiques et religieux. (apic/imedia/ami/nd)

16 novembre 2011 | 17:57
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!