Suisse: Frère Benno-Maria Kehl quitte l’ordre des franciscains
Un moine très médiatique choisit une autre voie
Eschenz TG, 12 avril 2010 (Apic) Frère Benno-Maria Kehl – un jeune moine hors du commun, bien connu des médias alémaniques comme «travailleur de rue» auprès des drogués de Zurich et comme auteur de plusieurs ouvrages de spiritualité ou de récits de rencontres en Afrique – a décidé de quitter l’ordre des franciscains. Il en donne les raisons sur son site internet (www.benno.franziskaner-werd.ch), à savoir l’amour d’une femme.
Né en 1966 à Thal, dans le canton de Saint-Gall, après un apprentissage de menuisier, Frère Benno Kehl entre à 23 ans chez les franciscains. Quelques années passées comme ermite, des études de théologie et de psychologie dans ses bagages, il vivait désormais dans le couvent franciscain de l’île de Werd, près d’Eschenz, en Thurgovie, où il était le Père gardien depuis 2003. Très connu médiatiquement, il donnait, vêtu de sa bure brune, des conférences tant dans les écoles qu’auprès du Rotary Club, quand il n’apparaissait pas dans des séminaires de management.
Ordonné diacre en l’an 2000, il fonda la même année avec des confrères l’association du travail de rue franciscaine (Verein Franziskanische Gassenarbeit) qui s’engage pour les marginaux, les drogués et les prostituées.
Le moine de 43 ans a porté pour la dernière fois sa bure le mercredi des cendres, écrit-il, en admettant qu’au regard du droit de l’Eglise, «on peut dire que j’ai pendu ma vocation religieuse à un clou». Si Benno-Maria Kehl reconnaît que sa décision va en décevoir plus d’un étant donné qu’il a brisé ses vœux, il dit préférer prendre cette décision en toute clarté plutôt que vivre une «double vie». Il aurait souhaité que l’Eglise ou sa congrégation aient une place pour des prêtres et des religieux vivant une relation imprégnée d’amour total. Dans ce cas, «il y aurait certainement une autre voie…». L’ex-franciscain, qui a demandé à son supérieur de le laisser quitter son ordre religieux, reconnaît que la décision n’a pas été facile à prendre et qu’»assez de larmes» ont coulé.
En novembre dernier, il était parti pour un an apprendre l’anglais chez les franciscains d’Edmonton, au Canada, mais s’est décidé à rentrer plus vite en Suisse. Il souligne qu’il va continuer à travailler de toutes ses forces «dans la vigne du Seigneur», notamment dans le travail de rue auprès des marginaux et des drogués. (apic/com/bal/be)