Le prêtre sera jugé en Italie pour abus sexuel en février 2026 | © Michael Coghlan/Flickr/CC BY-SA 2.0
Suisse

Un prêtre neuchâtelois sera jugé en Italie pour des actes sexuels sur mineurs

Un prêtre d’origine italienne résidant dans l’UP des Montagnes neuchâteloises est suspendu depuis deux ans par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Accusé d’abus sexuels en 2023, le prêtre a été renvoyé devant un tribunal italien et son procès s’ouvrira en février 2026 rapporte le média Arcinfo le 7 novembre 2025. Son avocat dément les accusations.

Avec Arcinfo

L’enquête a duré plus de deux ans. Mais, selon le média neuchâtelois, elle vient d’aboutir il y a quelques jours avec la décision de la procureure d’Urbino, dans la région des Marches, en Italie, de renvoyer devant un tribunal un prêtre neuchâtelois d’origine italienne. Une audience préliminaire est prévue le 19 février 2026.

La procureure évoque des attouchements sur les cuisses et les fesses et une emprise sur la jeune fille sous forme d’une présence constante et envahissante, capable de générer chez la mineure un sentiment de culpabilité et de soumission.

Depuis une importante perquisition de la police au domicile italien du prêtre en 2024 et sans autres informations, des rumeurs circulaient sur un possible revirement de la victime quant à ses accusations. Il n’en est rien: «Violence sexuelle continue et aggravée par le jeune âge de la victime et l’abus des relations domestiques, de cohabitation et d’hospitalité. Sur la base de cette accusation, à l’issue de l’enquête préliminaire, le parquet du tribunal d’Urbino a déposé une demande de renvoi en jugement à l’encontre d’un prêtre d’un diocèse étranger, mais qui, au moment des faits, était en mission dans une paroisse de l’arrière-pays», a indiqué la police d’Urbino dans un communiqué publié le 6 novembre.

«Le prêtre lui-même avait une attitude malsaine, soutenue par de nombreux cadeaux à la jeune victime, qui confiait à sa meilleure amie les abus sexuels subis de la part du prêtre et l’état de peur et d’anxiété qui en résultait», précise le communiqué.

«L’affaire a suscité l’intérêt des services sociaux compétents et l’enquête complexe et délicate a permis de rassembler un ensemble de preuves solides à l’encontre de l’accusé, au point de considérer que, dans l’exercice de ses fonctions au sein de la paroisse, il aurait commis des abus à l’encontre de la mineure», ajoute le communiqué. Une audience préliminaire est donc prévue le 19 février 2026.

L’avocat du prêtre dément les accusations

Dans un entretien accordé au quotidien régional italien Il Resto del Carlino, l’avocat du prêtre, précise que son client a été interrogé en septembre par la procureure Maria Moccheggiani et qu’il a expliqué «de manière analytique chaque étape de l’affaire», a appris Arcinfo.

Selon le défenseur, les accusations ont changé à plusieurs reprises durant l’enquête. «On est parti d’une hypothèse de viol commis de manière violente avec chantage, pour arriver aujourd’hui à de simples attouchements qui auraient gêné la jeune fille», explique l’avocat.

Selon son avocat, le prêtre s’est toujours «comporté correctement et de manière paternelle». Il explique qu’il a pu arriver que son client a prodigué «une tape sur l’épaule de cette jeune fille, cela ne signifie pas qu’il a commis un viol.» Concernant les cadeaux que l’accusé aurait offerts à la victime en échange de ses faveurs, l’avocat justifie l’achat d’un téléphone à la jeune fille en remboursement de l’aide qu’elle apportait pour les soins donnés à la mère âgée du prêtre qui n’était absolument pas autonome et indépendante.

Suspendu pour malversations

Issu d’une famille italienne mais né en Suisse, cet homme d’une soixantaine d’années est devenu prêtre et a exercé son ministère dans plusieurs paroisses vaudoises puis fribourgeoises. Suspendu une première fois durant quelques mois par Mgr Morerod pour des malversations financières, le prêtre était parti en Italie en 2019 pour s’occuper de ses parents âgés et malades et assurer des tâches paroissiales dans un diocèse des Marches.

C’est dans ce contexte que se seraient déroulées des violences sexuelles en 2020 sur l’adolescente de 14 ans, la fille de l’aide-soignante qui s’occupait de la mère âgée du prêtre. A cette époque tout le monde cohabitait dans la maison des parents du prêtre. Une situation qui a cessé lorsque la mère de la victime a suspecté des problèmes.

Le prêtre dénoncé par l’archevêque d’Urbino

Après s’être d’abord confiée à une amie, la victime avait finalement dénoncé son agresseur au service d’écoute pour le signalement d’abus sexuels de l’archidiocèse d’Urbino. L’affaire a fini devant la justice en 2023, suite à la dénonciation du prêtre à la justice par l’archevêque. Ce dernier a immédiatement signalé le cas à Mgr Charles Morerod qui a suspendu le prêtre en septembre 2023 et signalé l’affaire au procureur général neuchâtelois Pierre Aubert.

Du côté de l’évêché, la porte-parole Laure-Christine Grandjean explique «n’avoir pas connaissance d’une fin de procédure pénale», mais affirme que «le retrait de ministère demeure» et que les décisions seront prises «une fois l’issue de l’enquête connue». (cath.ch/arcinfo/bh)

Le prêtre sera jugé en Italie pour abus sexuel en février 2026 | © Michael Coghlan/Flickr/CC BY-SA 2.0
7 novembre 2025 | 14:50
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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