Belgique: Décès du prêtre-ouvrier et ancien sénateur belge Jef Ulburghs
Un «prêtre rouge» qui s’était consacré aux «damnés de la terre»
Liège, 1er septembre 2010 (Apic) Le célèbre prêtre-ouvrier et ancien sénateur belge Jef Ulburghs, qui a mené une carrière politique dans les années 80 et 90 – comme conseiller communal à Genk, dans le Limbourg, puis comme député européen et enfin sénateur et député flamand – est décédé le 31 août à l’âge de 88 ans.
Ce prêtre «rebelle», qui a d’abord milité au sein du parti socialiste belge avant de lutter au sein d’Agalev (parti écologiste flamand qui s’appelle aujourd’hui Groen!), a également été actif dans la région liégeoise, où sa silhouette de grand-père barbu en sandales ne passait pas inaperçue. Ni sa pointe d’accent limbourgeois.
Ce «prêtre rouge» resta très marqué par la mort de quatre ouvriers tués par la gendarmerie belge en 1950 à Grâce-Berleur, lors d’une manifestation sur la Question royale. Les thèmes de prédilection de ce militant pacifiste étaient la défense des minorités, des immigrés, des mineurs de fond et du quart monde, notait mercredi la presse belge. Il avait quitté ses activités politiques en 1995, à l’âge de 73 ans. La lutte qu’il a longtemps menée en faveur des mineurs de charbon ne l’a pas empêché de s’engager sur d’autres fronts, au Salvador, au Nicaragua durant la période des guerres civiles en Amérique centrale, en Palestine ou dans l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Un prêtre atypique
Né à Zolder, dans la province flamande du Limbourg, Jef Ulburghs était un prêtre atypique, dans une famille qui était très active dans les milieux ouvriers et dans le combat social. Formé au grand séminaire de Liège et ordonné prêtre en 1947, Jef Ulburghs veut d’emblée se consacrer comme prêtre-ouvrier aux «damnés de la terre» que sont les «gueules noires» vivant dans les régions minières de Belgique. Ce qu’il fait alors avec l’accord de l’évêque de Liège dont il dépendait.
C’est à Grâce-Hollogne, en banlieue liégeoise, que Jef Ulburghs passe une bonne partie de sa vie de prêtre, là également qu’il attrape «le virus de la rébellion». Il est ensuite aumônier à Seraing – toujours en banlieue liégeoise – jusqu’en 1969, date où il est rappelé dans le Limbourg flamand où il lutte aux côtés des mineurs de fond lors des fermetures des mines au début des années 70, puis avec les dockers du port d’Anvers. Il entre alors en conflit avec sa hiérarchie ecclésiastique. Après avoir quitté la politique, l’ancien parlementaire européen, alors octogénaire, écrit en 2005 une thèse de doctorat à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve sur le thème de la «subsidiarité» chère aux catholiques. Les funérailles de Jef Ulburghs auront lieu le 8 septembre en l’église Saint-Vincent de Zolder, sa ville natale. (apic/belga/com/be)