Thaïlande: Le plus grand temple bouddhiste du monde suscite conversions et controverses

Un temple du consumérisme?

Bangkok, 24 juin 2014 (Apic) Le Wat Phra Dhammakaya, le plus grand temple bouddhiste du monde, à Bangkok, en Thaïlande, susciterait, par sa magnificence, un grand nombre de conversions au bouddhisme. Mais certains accusent le mouvement Wat Phra Dhammakaya, dont le fastueux édifice est le centre, d’aller à l’encontre des valeurs bouddhistes de détachement du monde matériel.

«J’ai appris à reconnaître ce qui est vrai dans la vie, comment être moi-même et comment entretenir le bonheur en moi», affirme un adepte du mouvement Wat Phra Dhammakaya à l’hebdomadaire américain «Religion & Ethics Newsweekly» dans un article paru mi juin 2014.

Le temple a été construit en 1970 en tant que centre du groupe bouddhiste du même nom. Près d’un million de personnes peuvent méditer en même temps sur son immense esplanade. Le mouvement Wat Phra Dhammakaya est également l’un des plus dynamiques du bouddhisme, s’enorgueillissant de millions d’adhérents dans le monde entier.

Une perversion de la pensée du Bouddha?

Mais des détracteurs déplorent l’aspect lucratif du temple et du mouvement. Au début des années 2000, le responsable du temple, Phra Dhammachayo, a été accusé de plusieurs délits dont des fraudes et des actes de corruption. Il a notamment été accusé de promouvoir l’idée que les dons envers le temple pouvaient amener à leurs auteurs des avantages spirituels.

Interrogée par le «Religion & Ethics Newsweekly», Rachelle Scott, spécialiste des religions et du bouddhisme, considère que l’objectif premier du temple, bien au-delà de l’éveil de la conscience de ses ouailles, est de «récolter de l’argent, de se développer et d’acquérir de l’influence au niveau mondial».

La publication thaïlandaise «Manusya Journal of Humanities» a qualifié, en 2007, le Wat Phra Dhammakaya d’»entreprise capitaliste» exerçant une «prédation sur les membres de la classe moyenne assoiffés de spiritualité».

L’universitaire bouddhiste thaïlandais Sulak Sivaraksa rappelle dans le «Religion & Ethics Newsweekly» que le Bouddha n’a jamais cherché la conversion au bouddhisme mais l’illumination des individus. «Le Bouddha voulait que les gens comprennent les dangers de l’avidité, de la haine, de l’illusion…Ce que le Dhammakaya fait est, à mon sens, une perversion du message du Bouddha, parce qu’il recherche le succès et qu’aujourd’hui, le succès va de pair avec le consumérisme et le capitalisme», affirme l’intellectuel thaïlandais. (apic/ag/rz)

24 juin 2014 | 17:01
par webmaster@kath.ch
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