Une architecture «ostentatoire inadaptée»
France: Le maire de Paris s’oppose au projet d’église russe dans la capitale
Paris, 28 février 2012 (Apic) Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a exprimé sa «très nette opposition» au projet actuel d’église orthodoxe russe sur les quais de la Seine, près de la Tour Eiffel. Dans un communiqué adressé à la presse le 27 février 2012, il pointe du doigt une «architecture de pastiche qui relève d’une ostentation inadaptée» à un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Selon Bertrand Delanoë, le projet d’église orthodoxe classique surmontée de cinq bulbes dorés et d’un vaste voile de verre «ne saurait convenir» à l’harmonie du quartier historique situé à proximité de la Tour Eiffel. Il en appelle à l’Unesco pour qu’aucune autorisation ne soit donnée sans l’aval d’experts internationaux, a rapporté l’agence russe RIANovosti, le 28 février. «L’image de l’identité orthodoxe dans notre ville et dans le monde est en jeu. Elle mérite mieux qu’une architecture médiocre conçue dans la précipitation», considère le maire.
Fin janvier, la Fédération de Russie a déposé une demande de permis de construire auprès des services de la Préfecture de Paris, pour la réalisation d’un centre culturel et religieux sur l’emplacement de l’ancien siège de Météo France, quai Branly. Le projet a été élaboré par une équipe d’architectes français et russes, menée par l’Espagnol Manuel Nunez Yanowsky. Le 4 janvier 2012, le responsable de l’Administration du président de la Fédération de Russie, Vladimir Kozhine, a même confirmé à l’agence Interfax qu’un contrat venait d’être signé avec Bouygues, pour la construction de la future église. Les travaux étaient annoncés pour 2012.
Sans l’accord de Paris
«Je tiens à exprimer ma très nette opposition à ce projet conçu par les Etats français et russe, sans l’accord de la Ville de Paris», écrit Bertrand Delanoë. «En délivrant le permis de construire, l’Etat français se retrancherait derrière une posture diplomatique et financière indigne de l’amitié qui unit Paris et le peuple russe», déplore-t-il.
Le maire rappelle que «lors du concours, il existait des propositions bien plus satisfaisantes, soucieuses d’harmonie urbaine et respectueuses du paysage parisien.» Il ne remet cependant «pas en cause le principe» d’un tel édifice sur ce site, «ni la place d’une architecture contemporaine inventive et respectueuse du patrimoine de Paris».
«L’architecture contemporaine est rare sur les berges de la Seine. Des exemples comme le Musée des Arts Premiers ou l’Institut du Monde Arabe sont les preuves magnifiques que seules la plus grande créativité et la plus haute exigence peuvent y prendre place pour former le patrimoine de demain», conclut-il. (apic/rian/nd)