Fribourg : Soirée de soutien aux projets d’E-CHANGER en Bolivie

Une collaboration Nord-Sud efficace et de longue durée

Fribourg, 13 octobre 2011 (Apic) Une quarantaine de personnes étaient présentes le 12 octobre 2011 au Café du Tunnel à Fribourg, pour une soirée de soutien aux projets de l’organisation humanitaire E-CHANGER. Un documentaire sur la «Bolivie d’Evo Morales» et le témoignage d’un groupe de soutien au «Mouvement des sans-terre de Cochabamba» ont fait de cette rencontre une véritable découverte d’un pays entre tradition et modernité.

Bruno Clément, collaborateur à E-CHANGER, a présenté le documentaire réalisé par Bernard Perrin et Sarah Friedrich «La Bolivie d’Evo Morales». Sur place, Bernard Perrin est en charge d’un «Observatoire des ressources naturelles», où il développe les informations sur les processus d’extraction et de commercialisation des ressources naturelles. Il organise aussi des ateliers de formation dans les zones rurales, anime des émissions de radio et rédige des articles et enquêtes sur ce sujet, ainsi que sur la redistribution des bénéfices des activités d’exploitation du sol. Bernard Perrin collabore aussi au journal genevois «Le Courrier».

Espoir et craintes

«La Bolivie d’Evo Morales» relate les impressions de trois ans passés dans ce pays. Les auteurs montrent que l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales a été la source de grands espoirs pour les indigènes, qui ont retrouvé leur dignité. C’est le cas, entre autres, des Guaranis et des Afroboliviens.

Malgré les richesses du sol (notamment le lithium, dont on prévoit l’utilisation pour des batteries de voitures), les tensions existent toujours entre autochtones et multinationales qui détiennent et exploitent ces richesses. De plus, les conditions de travail dans les mines sont déplorables. Les mouvements sociaux exigent, depuis 2008, une amélioration des conditions de travail et de la répartition des biens. Mais la droite, opposée au régime Morales, met des entraves et use de violence contre les mouvements sociaux.

La question de la préservation du milieu naturel se pose de plus en plus. En acceptant d’ouvrir la porte aux transgéniques, le gouvernement se voit opposer de vives réactions de la part de la population autochtone.

La question des auteurs du documentaire est celle de la construction de la Bolivie comme Etat plurinational. Ils reconnaissent qu’il s’agit d’un processus de longue haleine.

«Mouvement des sans-terre»

Mathilde Defferrard, sociologue, est «coopér-actrice» d’E-CHANGER dans la région de Cochabamba, en Bolivie. Ses activités consistent à soutenir les femmes sans-terre dans leur travail d’organisation et de structuration. Elle les amène à développer des compétences en autogestion, dans une perspective de durabilité. Elle contribue à développer leurs connaissances sur des thèmes tels que les droits (terre et territoire, souveraineté alimentaire, santé). Le mouvement pour lequel elle travaille, «Mouvement des sans-terre», lutte pour une répartition équitable des terres. Aujourd’hui, environ quatre millions de Boliviens sont toujours sans terre.

Durant la rencontre du 12 octobre, Pierre-André Defferard, père de Mathilde, a présenté de nombreuses images de la Bolivie et de ses contrastes, indiquant les particularités et spécificités de plusieurs régions qu’il a traversées.

Projets en cours

Bruno Clément a relaté les principaux projets de l’association en Bolivie. Un projet d’éducation interculturelle est mis en place à Santa Cruz, dont l’objectif est de lutter contre le racisme. Des projets dans les domaines scolaire et agricole sont toujours en œuvre. Il y a actuellement un engagement dans la défense des femmes des populations andines, qui sont souvent sans territoire autonome. Bruno Clément fait encore état de l’importance des échanges avec les volontaires du Sud, et des partenariats avec «Mission Bethléem Immensee», en Suisse alémanique, et «Inter-agire», au Tessin.

Bernard Fragnière, président d’E-CHANGER, a mis un terme à la soirée en relevant la nécessité de dépasser les préjugés et l’importance des échanges Nord-Sud entre volontaires, pour une meilleure compréhension réciproque.

#L’organisation suisse E-CHANGER

est une organisation suisse de coopération solidaire Nord Sud. Anciennement « Frères sans Frontières », elle travaille depuis 50 ans en partenariat étroit avec des organisations et des communautés locales en Amérique latine et en Afrique. Son but est de renforcer les mouvements sociaux et leurs réseaux afin de promouvoir de meilleures conditions socio-économiques.

Grâce aux compétences techniques, organisationnelles et humaines de plus de 40 volontaires, E-CHANGER joue un rôle novateur dans les domaines de la participation citoyenne et de la souveraineté alimentaire. Cette « coopér-action » ne se limite pas aux pays du Sud. Dans une perspective d’apprentissage réciproque, l’organisation mène également une action de sensibilisation auprès de la population suisse, notamment par les volontaires et leurs groupes de soutien.

Six pays bénéficient du programme institutionnel d’E-CHANGER : la Bolivie, le Brésil, le Burkina-Faso, le Mali, la Colombie et le Nicaragua.

L’instrument spécifique de la coopération d’E-CHANGER est l’échange de personnes. Cela se réalise avec des affectations de « coopér-acteurs » et « coopér-actrices » suisses de longue durée (trois ans). En même temps, E-CHANGER valorise également les « coopér-acteurs » locaux, les échanges Sud-Sud et Sud-Nord. Le changement social concerne tant la situation socioéconomique des pays du Sud que les mentalités des populations au Nord. (js)

13 octobre 2011 | 11:20
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Bolivie (60)
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