France : Les Sœurs contemplatives de Saint-Jean fondées par le Père Philippe s'entredéchirent

Une congrégation dans la tourmente

Paris, 28 mai 2013 (Apic) Les Sœurs contemplatives de Saint-Jean, fondées en 1982 par le Père Marie-Dominique Philippe, se déchirent depuis plusieurs années, rapporte le journal «La Croix» du 27 mai 2013. Placées sous l’autorité d’un délégué pontifical chargé de maintenir leur unité, les sœurs se partagent en deux groupes qui n’entretiennent plus aucun contact. Sur les quelque 350 sœurs vivant dans 35 prieurés répartis sur les cinq continents en 2009, il n’en resterait aujourd’hui qu’une centaine.

L’institut des Sœurs contemplatives de Saint-Jean fait partie, avec les frères et les sœurs apostoliques, de la « famille Saint-Jean » qui tente actuellement de faire la lumière sur les zones d’ombre de son fondateur, le P. Marie-Dominique Philippe, accusé d’avoir manqué gravement à son vœu de chasteté. Mais la crise qui divise les religieuses est bien plus large et bien antérieure relève «La Croix».

Le conflit a éclaté au grand jour en juin 2009, lorsque le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, après plusieurs années d’observation, a relevé de ses fonctions le gouvernement de la Congrégation et nommé à sa tête une nouvelle prieure générale, Sœur Johanna, dont l’autorité n’a pas été acceptée par la majorité des religieuses. Selon les analyses de l’époque, la responsabilité de la congrégation était concentrée entre trop peu de mains, en place depuis trop longtemps. La fondatrice et prieure générale Mère Alix Parmentier, et les quelques sœurs qui l’entouraient maintenaient certaines des plus jeunes sous leur emprise psychologique et affective. On avait parlé d’abus de pouvoir, d’abus de médicaments, de dérives sexuelles, de suicides…

La congrégation s’est alors séparée en deux camps irréconciliables qui ne se parlent plus. De nombreuses novices ou professes temporaires arrivées à l’expiration de leurs vœux, et dans l’impossibilité d’en prononcer de nouveaux, ont quitté la communauté.

Mgr Brincard, délégué pontifical pour gouverner l’institut

Sœur Johanna ayant échoué à ramener l’unité, la mission a été successivement confiée à Mgr Jean Bonfils, évêque émérite nommé commissaire pontifical par la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, puis, depuis février 2011, par Mgr Henri Brincard, évêque du Puy et ancien élève du Père Philippe. La Secrétairerie d’État, à Rome, a ensuite repris le dossier à la Congrégation pour les instituts de vie consacrée. Devenu ‘délégué pontifical’ et doté de pouvoirs élargis, Mgr Brincard dépend désormais directement du pape, au nom duquel il est chargé de gouverner cet institut.

Selon les observateurs les progrès vers l’unité semblent maigres. L’été dernier, près de 150 novices et professes temporaires ont tenté de créer, dans le plus grand secret, une association publique de fidèles à Cordoue, en Espagne, avec la bienveillance de l’évêque local. Mais Rome, par un rescrit de Benoît XVI, est immédiatement intervenu pour interdire cette création. De nombreuses sœurs se sont alors retrouvées sans appartenance et renvoyées à la vie civile, sans moyens de subsistance.

Main tendue du cardinal Braz de Aviz

C’est dans ce contexte tendu que le cardinal Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, a indiqué début mai qu’il souhaitait reprendre le dialogue avec les Sœurs contemplatives de Saint-Jean, et «nommer une personne dans cette perspective». Nouveau changement de cap ? Pour Mgr Brincard, «peu importe le chemin pourvu que le but soit clair et que la solution soit recherchée dans la charité et la vérité». Le pape François devra peut être se prononcer en dernier recours, conclut «La Croix». (apic/cx/mp)

[http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Les-Saeurs-contemplatives-de-Saint-Jean-loin-de-l-unite-2013-05-27-965284]
28 mai 2013 | 17:57
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!