Election du pape : Une procédure réglée à la virgule près
Une grande solennité dans un système très strict
Rome, 13 mars 2013 (Apic) La procédure d’élection du pape au sein du conclave, même si elle est entourée d’une certaine pompe qui peut apparaître comme obsolète, est très précisément réglementée. Tous les éléments, y compris la forme et la taille des bulletins de vote sont détaillés dans les articles 64 à 71 de la constitution apostolique ’Universi Dominici Gregis’ de Jean Paul II. On y trouve tous les cas de figure même les moins probables, rapporte le Vatican information service (VIS).
C’est une élection extrêmement sûre et tout est mis en œuvre pour que le secret soit parfaitement gardé a rappelé le 12 mars le cardinal suisse Henri Schwery qui avait été un des électeurs de Benoît XVI en 2005. Lorsque les cardinaux sont réunis dans la Chapelle Sixtine il n’y a aucun débat, ni discussion. On peut tout au plus entendre l’un ou l’autre conciliabule entre voisins puisque les cardinaux assis en rang ne peuvent se déplacer que pour déposer leur bulletin de vote dans l’urne. Ce n’est qu’une fois sortis de la chapelle que les discussions peuvent reprendre.
Un bulletin de forme rectangulaire plié en deux
La procédure du scrutin se déroule en trois phases. La première comprend la préparation et la distribution des bulletins de vote par les cérémoniaires, rappelés dans la chapelle, qui doivent en donner deux ou trois à chaque cardinal électeur. Le bulletin doit être de forme rectangulaire et, sur la moitié supérieure porter imprimés ces mots : ’Eligo in Summum Pontificem’ (j’élis au pontificat suprême). La moitié inférieure comporte un espace libre pour y écrire le nom de l’élu. Le bulletin est prévu de sorte qu’il puisse être plié en deux afin de préserver le secret du vote.
S’en suit un tirage au sort parmi tous les cardinaux électeurs, de trois scrutateurs, de trois délégués pour recueillir les votes des malades, appelés ’infirmarii’, et de trois réviseurs.
Dans une écriture non reconnaissable
Pour le vote proprement dit chaque électeur doit inscrire clairement d’une écriture autant que possible non reconnaissable, le nom de celui qu’il élit. Le cas échéant, les ’infirmarii’ sortent de la chapelle pour recueillir les votes des malades, non sans avoir auparavant fait vérifier par les scrutateurs que l’urne qu’ils emportent avec eux est bien vide.
Les cardinaux se rendent ensuite en procession jusqu’à l’autel. Arrivé là, chaque électeur prononce, à haute voix, le serment selon la formule suivante: ’Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu’. Il dépose ensuite son bulletin de vote sur un plateau avant de le déverser dans une sorte de grande coupe en métal dotée d’un couvercle. Il s’incline puis retourne à sa place.
Lorsque tous les cardinaux électeurs ont déposé leur bulletin dans l’urne, y compris les malades par l’intermédiaire des ’infirmarii’, le premier scrutateur agite cette dernière plusieurs fois pour mélanger les bulletins. Aussitôt après, le dernier des scrutateurs en fait le compte, prenant ostensiblement, un à un, chaque bulletin dans l’urne et le déposant dans un vase vide, préparé à cet effet. Si le nombre des bulletins ne correspond pas au nombre des électeurs, il faut les brûler tous et procéder aussitôt à un deuxième vote.
Chaque nom est prononcé à haute voix
Le dépouillement se déroule ensuite. Les scrutateurs sont assis à une table placée devant l’autel. Le premier d’entre eux prend un bulletin, le déplie, regarde le nom de l’élu, et le donne au deuxième scrutateur qui, après avoir lu à son tour le nom de l’élu, le passe au troisième, qui le lit à haute et intelligible voix, pour que tous les électeurs présents puissent noter le suffrage sur une feuille préparée à cet effet. Il note lui-même le nom lu sur le bulletin.
Le dépouillement du scrutin étant achevé, les scrutateurs font la somme des voix obtenues par les divers noms et les notent sur une feuille séparée. Le dernier des scrutateurs, au fur et à mesure qu’il lit les bulletins, les perfore avec une aiguille munie d’un fil à l’endroit où se trouve le mot Eligo. Il enfile ainsi tous les bulletins afin de les conserver plus sûrement. À la fin de la lecture des noms, les extrémités du fil sont nouées entre elles et tous les bulletins ainsi réunis sont placés dans un vase ou sur le coin de la table.
La dernière phase du scrutin comporte d’abord le décompte des voix. Les scrutateurs font le total des votes obtenus par chacun. Pour être élu le candidat doit recueillir la majorité qualifiée de deux tiers des suffrages.
Les trois réviseurs sont alors appelés à contrôler aussi bien les bulletins de vote que les relevés des suffrages établis par les scrutateurs, afin de s’assurer que ces derniers ont accompli leur charge avec exactitude et fidélité.
Après le vote tout est brûlé
Après la vérification, avant que les cardinaux électeurs ne quittent la Chapelle Sixtine, tous les bulletins de vote doivent être brûlés par les scrutateurs, avec l’aide du Secrétaire du Collège et des cérémoniaires, rappelés entre-temps. Si on doit procéder immédiatement à un deuxième scrutin, les bulletins du premier scrutin sont brûlés seulement à la fin, en même temps que ceux du deuxième scrutin.
A la fin de l’élection, le cardinal camerlingue rédige un compte rendu, qui doit être approuvé par les trois cardinaux assistants, indiquant le résultat des votes intervenus au cours de chaque session. Ce compte rendu sera remis au pape et ensuite conservé dans le dépôt d’archives approprié, dans une enveloppe scellée qui ne pourra être ouverte par personne, à moins que le souverain pontife ne le permette expressément. (apic/vis/mp)