Borgo Laudato si': le laboratoire écologique du Vatican
Le 5 septembre 2025, le pape Léon XIV se rendra à Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, pour inaugurer le Borgo Laudato si’. L’agence I.Média a pu visiter ce vaste domaine consacré depuis 2023 à la biodiversité, à l’agriculture et à la promotion de l’écologie intégrale, selon le souhait du pape François.
Camille Dalmas, à Castel Gandolfo / I.MEDIA
Le domaine du Borgo Laudato si’ s’étend sur 35 hectares de jardins et 20 hectares de terrains agricoles sur les terres papales de Castel Gandolfo. Il présente un écosystème riche de plus de 3000 plantes appartenant à 300 espèces différentes.
Un laboratoire pour une «écologie intégrale»
En 2023, le pape François avait lancé l’idée d’un laboratoire pour une «écologie intégrale» prenant soin de la nature et de la dignité humaine, avec pour objectif de «conjuguer l’éducation à l’écologie intégrale, l’économie circulaire et générative, et la pérennité environnementale». Cette entité, indépendante du Saint-Siège, est distincte du reste des Villas pontificales dont une partie, notamment le Palais apostolique, est un musée accessible au public.
L’entrée du domaine donne sur un petit parc boisé qui borde la Villa Barberini. Ce palais, construit par un neveu du pape Urbain VIII, fut longtemps occupé par de hauts responsables de la Curie lorsque les papes séjournaient pendant l’été dans le palais apostolique. Le second étage, autrefois dévolu au secrétaire d’État, est devenu cet été le lieu de résidence estivale du pape Léon XIV, qui est ainsi le 16e pontife à venir se reposer à Castel Gandolfo depuis l’acquisition des lieux par la papauté.

Le temps d’un été, le pontife américano-péruvien a pu découvrir les merveilles des jardins élaborés autour de la villa. En remontant l’allée des rosiers, au milieu des ruines de ce qui fut jadis un palais de l’empereur Domitien (81-96), il a contemplé l’ancien amphithéâtre, les statues vermoulues de dieux et tyrans oubliés, et profité de la vue imprenable qu’offre la promenade du belvédère sur les jardins à l’italienne et la plaine côtière de l’Agro Pontino. Dans un petit pavillon, il a convié 110 pauvres à partager un déjeuner le 17 août.
Une chapelle naturelle
Sous le regard discret des 18 jardiniers qui œuvrent à préserver cet immense domaine, le pape a aussi visité la «chapelle naturelle» du parc, petit écrin de prière où trône, devant une paisible mare (doté de poissons par Benoît XVI), une statue japonaise de la Vierge. Dans ce lieu, il a célébré la première «messe pour la création» le 9 juillet dernier.
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Changement de décor un peu plus loin: après avoir traversé des coteaux de vignes et des champs d’oliviers, on découvre un vaste terrain bordé de pins parasols. Là a été construit en deux ans le tout nouveau Centre Laudato si’. Autour d’une immense serre en verre et métal recouverte de panneaux photovoltaïques – dont la forme rappelle une soucoupe volante – les statues antiques laissent place à des œuvres contemporaines, et les rosiers à des fleurs exotiques. Une cour centrale, où poussent herbes aromatiques et arbres fruitiers dotés de systèmes de goutte-à-goutte, s’ouvre sur deux grandes halles en ciment et en verre.
Cette immense structure flambant neuve – mais dont certaines parties doivent encore être finalisées – est le cœur du «Borgo»: un centre destiné à promouvoir l’écologie intégrale. Le pape François avait souhaité ce lieu pour que les principes énoncés dans son encyclique Laudato si’ trouvent une «manifestation concrète», rapporte le cardinal Fabio Baggio, directeur du Borgo. Le projet s’articule autour de trois axes: l’économie circulaire, la formation à l’écologie et le développement durable.
Le cardinal Baggio confie que le pape Léon XIV, peu après son élection, a donné son accord pour que cette entité poursuive sa mission, tout en insistant sur l’importance de commencer au plus vite la phase productive. Le centre doit notamment disposer d’un lieu de restauration «kilomètre zéro» qui proposera l’huile d’olive, le «vin Laudato si’» – première cuvée prévue en 2027 – ainsi que des produits laitiers et maraîchers issus de l’agriculture biologique des terres vaticanes et des producteurs alentour. Des menus végétariens et végans sont également prévus.
Le projet, soutenu par des investissements privés jugés compatibles avec les valeurs de l’écologie intégrale, prévoit un retour sur investissement d’ici quatre à sept ans. Cette architecture financière doit permettre au centre de proposer des formations: classes de vacances pour écoles et groupes de catéchisme, conférences avec des experts en lien avec des universités, ou encore séminaires destinés à des chefs d’entreprise.
Stages pour étudiants
Chaque année, entre 2000 et 3000 étudiants sont attendus. Ils pourront suivre, pour un jour, une semaine ou davantage, des cours de jardinage, de viticulture, d’oléiculture (culture de l’olivier) ou encore d’utilisation des plantes médicinales. Au cœur du projet, une formation ouverte à des personnes en difficulté (anciens prisonniers, migrants, victimes de la drogue) cherchant à se réinsérer a déjà commencé: après leur passage au centre, dix d’entre elles ont pu retrouver un emploi.
Utilisant des matériaux recyclés et aucun plastique, recyclant l’intégralité de ses déchets, et n’employant que des véhicules électriques, ce lieu qui emploie une quarantaine de salariés ne se veut pas une utopie mais un «modèle reproductible et viable», insiste sœur Alessandra Smerilli, économiste et membre du conseil d’administration du centre. Il a vocation à être accessible à tous: «Nos portes sont ouvertes, pour visiter comme pour participer à notre aventure», souligne-t-elle. (cath.ch/imedia/cd/bh)