Mexique: Investiture du président Enrique Peña Nieto

Une nouvelle ère pour les droits de l’homme?

Mexico-Paris, 30 novembre 2012 (Apic) L’ACAT demande au nouveau président mexicain, Enrique Peña Nieto, de tirer les conséquences du bilan désastreux de son prédécesseur en matière de droits de l’homme. Elle lance cet appel la veille de son investiture, le 1er décembre 2012.

L’organisation chrétienne de défense des droits humains attend des gestes forts du nouveau président pour en finir avec les pratiques tortionnaires au Mexique. La «guerre contre le crime» lancée par Felipe Calderón en 2006 a ajouté à la violence des cartels celle de l’Etat, rapporte un communiqué du 30 novembre. Bilan: près de 60’000 morts, 10’000 victimes de disparitions forcées et plus de 160’000 déplacés internes…

De leur côté, les experts du Comité contre la torture de l’ONU, UNCAT, ont aussi dénoncé «l’augmentation alarmante du recours à la torture lors d’interrogatoires de personnes en détention arbitraire… dans le cadre des ’opérations conjointes’ contre le crime organisé».

L’’arraigo’, une mesure de détention préventive préalable à toute inculpation rétablie en 2008, est notamment pointée du doigt. «Au nom de la guerre contre le crime, la torture s’est vu tolérée, justifiée, quasi légalisée, s’inquiète Anne Boucher, responsable des programmes Amériques à l’ACAT. Enrique Peña Nieto pourrait dès à présent envoyer un signal fort de rupture en abolissant immédiatement l’’arraigo’».

Un passé trouble

Le nouveau chef de l’Etat a déclaré que le retour de son parti au pouvoir ne signifierait pas un «retour au passé». Pour l’ACAT, rien n’indique cependant que le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI qui a régné de 1929 à 2000) ait opéré les changements nécessaires et mis un terme à ses pratiques corruptives et criminelles. Enrique Peña Nieto traîne plusieurs casseroles. L’organisation chrétienne cite le nombre de «féminicides» qui a doublé durant son mandat de gouverneur de l’Etat de Mexico, de 2005 à 2011. En mai 2006, Enrique Peña Nieto a ordonné la répression d’un mouvement paysan à San Salvador Atenco, entraînant la mort de deux personnes, 200 arrestations arbitraires et le viol de 26 femmes. Ce bilan, le nouveau président l’assume et le justifie par la nécessité de maintenir l’ordre. «Confisquer les droits d’une population au nom de sa sécurité ne peut être une solution, rappelle Anne Boucher. La sécurité passe d’abord par la garantie des droits fondamentaux de tous les citoyens».

Des signaux négatifs

Chantre du changement, Enrique Peña Nieto prévoit pourtant le maintien du tout sécuritaire. Il a déjà annoncé vouloir augmenter le nombre de policiers fédéraux de 36’000 à 50’000.

L’ACAT s’inquiète également du projet de création d’une gendarmerie nationale. Elle craint une augmentation du nombre de militaires affectés à la sécurité du territoire, alors qu’»aucun engagement n’a été pris afin que soient jugés les nombreux soldats accusés d’atteintes aux droits de l’homme!», relève Anne Boucher.

En dépit de ces signaux négatifs, les ONG de droits de l’homme veulent croire à un changement possible. (apic/com/ggc)

30 novembre 2012 | 17:26
par webmaster@kath.ch
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