«Une pierre ne parle pas, mais elle nous parle!»

Jura: L’abbé Maurice Queloz offre des clés de lecture pour lire la Bible

Courrendlin, 22 mars 2012 (Apic) L’abbé Maurice Queloz, associé avec le bibliste Jean-Bernard Livio et trois agentes pastorales, publie «Dieu nous parle?». Cet ouvrage grand public a pour seule ambition d’offrir, à travers le langage symbolique, des clés de lecture pour une approche «personnalisée» de la Bible.

«La Bible ne s’adresse pas uniquement aux spécialistes, mais au peuple de Dieu. Peut-on encore dire que Dieu nous parle vraiment, si 80% des gens disent que c’est trop compliqué? C’est ce qui explique la présence d’un point d’interrogation dans ’Dieu nous parle?’, le titre de mon livre», explique l’abbé Maurice Queloz.

L’ouvrage en main et le sourire aux lèvres, le prêtre évoque la «genèse» de son projet éditorial: «Au gré d’une rencontre avec l’exégète Jean-Bernard Livio, nous nous sommes dits qu’il fallait faire quelque chose pour que la Bible soit vraiment à la portée du plus grand nombre, notamment en apportant un éclairage particulier sur le langage symbolique.»

Deux sessions auxquelles participent les catéchistes, agentes pastorales Stéphanie Bernasconi, Créa Calame et Michelle Schaller, suffisent à l’abbé Maurice Queloz et au bibliste Jean-Bernard Livio, pour définir le sommaire du livre et entamer sa rédaction.

L’expérience de la Création

Pour Maurice Queloz, le langage symbolique permet une lecture renouvelée de la Bible, grâce notamment au vécu de chacun: «Ce livre se veut à l’opposé de l’ésotérisme. Certes, il est basé sur des symboles, mais qui doivent être interprétés à travers sa propre expérience. Tous les hommes, quelle que soit leur culture ou leur religion, ont fait l’expérience de la Création. La première page de la Bible nous dit: ’Que la lumière soit! Et la lumière fut.’ C’est ce que les théologiens appellent la Parole créatrice, autrement dit ’Dieu a tout créé’. Quand les artistes créent une œuvre, ils y mettent leurs tripes, leurs questions, leurs émotions ou leur révolte. Ils ont envie de transmettre quelque chose à travers leur création. Pour Dieu, c’est la même chose. Il a mis un message dans cette Création. Une pierre ne parle pas, mais elle nous parle! L’eau ne parle pas, mais elle nous parle! Et donc, la Parole de Dieu nous parle.»

Libérer la parole

Citant un exemple concret du langage symbolique dans la Bible, l’abbé Queloz évoque l’évangile dans lequel Jésus guérit un muet: «Si l’on regarde cet épisode au ras des pâquerettes, on peut dire ’c’est bien gentil, Jésus qui guérit un muet, mais il y a beaucoup de muets, pourquoi Jésus ne les guérit-il pas tous?’ Si l’on considère l’aspect symbolique de ce passage, il faut voir tous les muets, tous ceux qui aujourd’hui ne sont pas physiquement muets, mais qui n’osent pas s’exprimer. Parfois, la parole est emprisonnée en eux, parce qu’ils sont persécutés. Dans des familles autour de nous, il y a aussi des personnes qui n’osent pas parler, notamment les victimes de pédophilie… Et c’est ça le miracle que Jésus peut réaliser en leur donnant la parole, en libérant la parole. Pour moi, une victime de pédophilie qui ose enfin parler, c’est un miracle!»

«Tout le monde n’a pas fait d’études théologiques, n’a pas les facultés intellectuelles pour tout comprendre, poursuit le prêtre. Le langage symbolique parle aux gens, parce que c’est de leurs tripes, c’est de leurs expériences… non pas des théories! C’est l’enjeu, l’objectif de ce livre.»

Une approche différente

L’abbé Maurice Queloz estime que son approche est différente des nombreux ouvrages sur le langage symbolique, notamment parce qu’elle implique le vécu de chacun: «On parle beaucoup du langage symbolique, en donnant la signification de chaque symbole. Mais on ne prend pas le temps de contempler les symboles. On ’redétourne’ le symbole sur des idées. C’est la raison pour laquelle il ne faut jamais expliquer un symbole. Il faut partager les expériences et c’est l’originalité de ce livre. C’est une manière différente de comprendre les symboles, à partir des expériences de chacun au lieu d’idées préconçues.»

A l’image de la rosace d’une cathédrale: «Chaque petit élément d’un vitrail est important, mais c’est la même lumière qui traverse ce vitrage. Si l’un des morceaux est cassé, cela dénature l’ensemble… Cela change l’image de l’Eglise. Chaque personne est importante, pas seulement l’évêque ou le prêtre.»

Un fond commun

Pour Maurice Queloz, le monde est devenu terriblement rationnel: «Après le Siècle des lumières, l’immense progrès des sciences et de la technologie, tout le monde a mis une confiance quasi aveugle dans le rationalisme. On voudrait nous faire croire que le langage symbolique est juste destiné aux enfants. Je pense que l’on a perdu cet outil exceptionnel qu’est le langage symbolique. Pourtant, je suis persuadé que cette manière de voir les choses est importante pour le monde d’aujourd’hui et de demain. Car cette démarche est œcuménique, pour ne pas dire interreligieuse, parce qu’elle part d’une expérience commune à toute l’humanité… d’un fond commun.»

Un livre ouvert

La démarche éditoriale de l’abbé Queloz s’adresse à tous, pratiquants ou non: «Dans un premier temps, ’Dieu nous parle?’ peut être consulté sans avoir lu la Bible, mais son contenu va probablement inciter le lecteur à expérimenter la démarche en ouvrant sa Bible. ’Dieu nous parle?’ n’est pas un commentaire, mais une clé de lecture livrée avec d’innombrables références bibliques. Ce n’est pas un livre fermé, mais un livre ouvert que les lecteurs peuvent compléter et enrichir avec leurs expériences, leur vécu.»

Présentation du livre «Dieu nous parle?»

Le livre «Dieu nous parle?» sera présenté par ses auteurs, le lundi 26 mars à 20h15, à la Maison des Œuvres, à Courrendlin.

Passionné par le langage symbolique, l’abbé Maurice Queloz a déjà signé – avec Henri Derroitte – le «Langage symbolique et catéchèse communautaire» (2008), un livre qui s’adressait à des lecteurs ’éclairés’. (apic/sic/pt/ggc)

22 mars 2012 | 12:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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