Bulgarie: La Bulgarie réhabilite des religieux victimes de procès politiques en 1952
Une quarantaine de membres de l’Eglise catholique victimes de purges antichrétiennes
Sofia, 15 août 2010 (Apic) La Bulgarie a réhabilité des prêtres et des religieux victimes de procès politiques, de purges antichrétiennes perpétrées après la seconde guerre mondiale, notamment trois assomptionnistes exécutés le 11 novembre 1952, indique le quotidien «La Croix».
Au lendemain de l’invasion de la Bulgarie par l’Armée rouge, le 9 septembre 1944, un coup d’État pacifique allait amener le Front de la Patrie (communiste) au pouvoir. S’ensuivra alors une série de purges et de procès politiques. En 1952, ce sera au tour de l’Église catholique.
Au cours d’un procès intenté contre les membres de l’Église catholique en Bulgarie, 40 personnes furent condamnées, parmi elles, une grande majorité de prêtres diocésains, mais aussi des religieux capucins et onze assomptionnistes, deux religieuses et deux laïcs.
La plupart seront condamnés à des peines de cinq à vingt ans de prison ferme et à une expropriation de tous leurs biens, mais quatre – Mgr Evgueni Bossilkov, passioniste et évêque de Nicopoli, et les P. Kamen Vitchev, Pavel Djidjov et Josaphat Chichkov, tous trois assomptionnistes – furent déclarés « coupables d’avoir organisé et dirigé en Bulgarie (…) une organisation clandestine, une agence des services de renseignements secrets du pape et des impérialistes, dont l’objectif est de renverser et de miner le pouvoir démocratique du peuple par un coup d’État, une révolte, des actes terroristes, des crimes dangereux et une intervention étrangère ».
Interrogés sous la torture, rappelle le quotidien catholique français, sous la signature de Anne-Bénédicte Hoffner, ils avoueront avoir transmis à l’Occident « des renseignements de nature politique, militaire et économique ». Condamnés à mort, ils furent exécutés le 11 novembre 1952 dans la cour de la prison de Sofia et leurs corps ne seront pas retrouvés.
Au cours de sa séance du 28 juillet, écrit «La Croix», sur proposition du député Latchezar Tochev (Coalition bleue, droite), l’Assemblée nationale a examiné en seconde lecture et définitivement adopté trois amendements à la loi sur la réhabilitation politique et civique des personnes victimes de purges et de répression, votée le 25 juin 1991.
Un premier amendement mentionne expressément les 40 membres de l’Église catholique condamnés en 1952 – en réalité, Mgr Bossilkov, béatifié par Jean Paul II dès 1998, avait été réhabilité par la justice l’année suivante. Un second concerne les pasteurs protestants condamnés lors des deux procès de 1949 contre l’Union des Églises évangéliques. Enfin, un troisième vise les six accusés d’un procès qui s’est tenu en 1945 à propos des massacres de Katyn et Vinitsa: deux archimandrites (supérieurs d’une paroisse ou d’un couvent) orthodoxes et un journaliste avaient été condamnés pour avoir maintenu que ces massacres étaient le fait des Soviétiques et non des nazis.
Aux éventuels survivants, la loi donne la possibilité de demander des dommages et intérêts « à compter de 2011 ». Par ailleurs, le Parlement bulgare ouvre également droit à la réhabilitation à toute victime de la répression communiste à compter du 9 (et non plus du 12) septembre 1944.
Peut-être les démarches entreprises par l’Église catholique après la béatification des trois religieux martyrs en 2002, lors de la visite à Sofia de Jean-Paul II, ont-elles aussi joué. Sur son site Internet, l’exarchat catholique de Sofia note que le député Latchezar Tochev, à l’origine des amendements, en a tiré argument : « Pour le moment, un milliard de catholiques tiennent ces trois prêtres pour des saints alors que l’État bulgare ne les a pas encore réhabilités », aurait-il fait valoir.
La communauté assomptionniste se réjouit bien sûr de la nouvelle, qui coïncide avec le 150e anniversaire de l’union à Rome des catholiques bulgares. « L’Église catholique en Bulgarie accueille avec plaisir et reconnaissance les modifications et compléments votés par l’Assemblée nationale », confirme dans son communiqué l’exarque apostolique, Mgr Christo Proïkov. (apic/cx/abh/pr)