La religieuse canadienne Marie‑Léonie Paradis (1840 – 1912), fondatrice de l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille sera canonisée | DR
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Une religieuse canadienne bientôt canonisée

La religieuse canadienne Marie-Léonie Paradis (1840 – 1912), fondatrice de l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, pourra désormais être canonisée. Le pape François a reconnu un miracle dû à l’intercession de la bienheureuse, le 24 janvier 2024. L’Église a également reconnu le martyre d’un prêtre polonais et les «vertus héroïques» d’un évêque arménien, d’un religieux italien, d’un prêtre espagnol et d’une religieuse italienne. 

Le pape a autorisé la promulgation de ces six décrets lors d’une audience accordée ce matin au préfet du dicastère, le cardinal Marcello Semeraro. Parmi ces décrets, celui du miracle attribué à Marie»«‘Léonie Paradis, qui avait été béatifiée en 1984 par Jean-Paul II et qui est fêtée le 3 mai, ouvre la voie à sa canonisation. 

Née le 12 mai 1840 à L’Acadie, au Québec, dans une famille catholique, Alodie-Virginie Paradis – de son nom de baptême – se sent appelée très jeune à la vie religieuse. Elle entre au sein de la congrégation des sÅ“urs marianites de la Sainte-Croix, au service de l’éducation des jeunes, et elle y fait sa profession religieuse le 22 août 1857. Elle enseigne au Canada, puis aux États-Unis dans un orphelinat, où elle assiste aux divisions dans sa propre communauté. 

À la demande de l’archevêque de Montréal, Mgr Édouard-Charles Fabre, elle fonde une communauté indépendante, les Petites sÅ“urs de la Sainte Famille, avec 14 autres religieuses, qui sera érigée le 31 mai 1880. Les religieuses ont pour vocation de réaliser les travaux domestiques dans les communautés religieuses, les établissements scolaires et les séminaires. 

À sa communauté florissante, Mère Léonie recommande d’aider les prêtres, matériellement et spirituellement. Elle laisse aussi des écrits spirituels riches, avant de mourir d’un cancer le 3 mai 1912 à Sherbrooke, âgée de 72 ans. Son institut s’est répandu également au Honduras, en Italie et aux États-Unis. 

L’Église attribue à son intercession la guérison miraculeuse d’un nouveau-né – une petite fille – atteinte « d’asphyxie périnatale prolongée avec défaillance multiorganique et encéphalopathie Â», en 1986. À sa naissance le 30 octobre, à l’Hôpital du Haut-Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, l’enfant ne présentait pas d’activité respiratoire. Après une minute, son rythme cardiaque a repris mais, le nourrisson ne répondant pas aux stimulations, il a dû être aidé d’une assistance respiratoire, intubé et soumis à une thérapie intensive. 

Dans la nuit, la petite fille a été transférée à l’Hôpital de Montréal pour enfants, mieux équipé en néonatologie. D’après les témoignages parvenus au dicastère, sa mère et une amie – elle-même parente de Mère Léonie – ont invoqué Marie-Léonie Paradis les jours suivants. Et l’enfant est finalement sortie de l’hôpital en bonne santé le 9 novembre. Âgée désormais de 39 ans, la miraculée est encore aujourd’hui en vie.

Un nouveau martyr polonais

Le dicastère pour les Causes des saints publie également un décret concernant le martyre du prêtre polonais MichaÅ‚ Rapacz (1904–1946). Né à Cracovie, ordonné prêtre en 1931, il est pris dans la tourmente de l’occupation allemande, sous laquelle l’enseignement et les célébrations catholiques sont interdits à partir de 1939. 

À la fin de la guerre, son pays se retrouve dominé par l’Union soviétique, qui impose un régime communiste et anticlérical. Dans ce contexte, dans la nuit du 11 au 12 mai 1946, il est séquestré par un groupe de 20 hommes dans son presbytère, et assassiné de deux coups de pistolets dans un bois non loin. 

Si ses bourreaux ne furent jamais retrouvés à l’issue de l’enquête du régime, son exécution est alignée avec les pratiques du gouvernement d’alors, visant à « libérer Â» la Pologne de l’influence de l’Église, estime le dicastère pour les Causes des saints. Dans le contexte de persécution, le père MichaÅ‚ était conscient des risques et était prêt à donner sa vie pour rester fidèle au Christ.

Un évêque vers la béatification 

L’Église reconnaît par ailleurs les « vertus héroïques Â» de l’évêque arménien Cyrille Jean Zohrabian (1881–1972), qui fut évêque auxiliaire au sein de l’Église patriarcale de Cilicie des Arméniens, dont le siège est au Liban. Si un miracle était reconnu à l’intercession du nouveau « vénérable Â» – première étape du procès en canonisation –, il pourrait être béatifié.

Né en Turquie, Cyrille Jean Zohrabian est entré chez les capucins d’Istanbul, où il a émis sa profession solennelle en 1902, avant d’être ordonné prêtre en 1904. Toute sa famille sera tuée dans le génocide arménien (1915-1916). Au sortir de la Première Guerre mondiale, il se consacre aux jeunes filles arméniennes restées orphelines et aux Grecs de la région du Pont qui ont été expulsés de leur terre, mettant à leur disposition son couvent. Son engagement lui voudra en 1923 d’être arrêté à Istanbul, soumis à trois jours de torture, condamné à mort, puis expulsé de Turquie.

Il se rend alors en Grèce, à Corfù, où il se consacre aux milliers de réfugiés arméniens. Le 21 novembre 1938 il est nommé vicaire patriarcal du Haut Gezira, en Syrie, et le 8 juin 1940, il est élu évêque d’Acilisene, dépendant de l’Église patriarcale de Cilicie des Arméniens, au Liban. Il est consacré évêque le 27 octobre suivant à Beyrouth. Durant ses années d’apostolat, il est sous surveillance du gouvernement grec, qui va jusqu’à lui refuser le visa d’entrée dans le pays. 

Il démissionne du siège du Haut Gezira le 12 juin 1953 pour raisons de santé, à l’âge de 72 ans. S’installant à Rome, il poursuivra son apostolat auprès des catholiques arméniens et participera au Concile Vatican II. Il s’éteindra dans la Ville éternelle le 20 septembre 1972, laissant derrière lui une renommée d’humilité, d’esprit de service et de sens de la justice.

Trois nouveaux vénérables

Trois autres « vénérables Â» sont reconnus par le dicastère pour les Causes des saints. 

Le prêtre diocésain espagnol, Sebastián Gili Vives (1811-1894), fonda à Majorque la congrégation des Filles augustiniennes du Secours – reconnue en 1859 – pour venir en aide aux enfants abandonnés. Comme directeur de l’hôpital de Palma, il se distingua dans le soin des plus pauvres pendant une épidémie de choléra en 1865. Homme de prière, il promut le culte au Sacré CÅ“ur de Jésus, avant de mourir à l’âge de 83 ans, entouré d’une renommée de sainteté. 

Le prêtre italien Gianfranco Maria Chiti (1921–2004) émit sa profession solennelle chez les frères capucin en 1982, après une longue carrière militaire durant laquelle il combattit en Russie, fit de la prison pour avoir adhéré au régime collaborationniste – tout en sauvant des juifs et des partisans –, puis fut réintégré dans l’armée au terme d’un procès qui reconnut sa loyauté, et se porta volontaire pour la mission militaire italienne en Somalie. Décoré pour ses mérites, il passa les vingt dernières années de sa vie comme capucin, accompagnant les novices et restaurant le couvent d’Orvieto. Il mourut à l’hôpital militaire de Rome suite à un accident de la route. 

Enfin, la religieuse italienne Maddalena di Santa Teresa di Gesù Bambino – Maddalena Rosa Volpato de son nom de baptême – (1918-1946), mourut à 27 ans de maladie après avoir offert sa vie à Dieu pour l’unité des chrétiens. Ayant ressenti très tôt un appel à la vie religieuse, elle postula auprès de diverses communautés, avant d’entrer au sein de la Congrégation des Filles de l’Église, où elle laissa une réputation de générosité, d’altruisme et de grande foi. (cath.ch/imedia/ak/mp)

La religieuse canadienne Marie»«‘Léonie Paradis (1840 – 1912), fondatrice de l’Institut des Petites SÅ“urs de la Sainte-Famille sera canonisée | DR
25 janvier 2024 | 08:26
par I.MEDIA
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