USA: un diocèse dispense de messe dominicale les fidèles craignant l'expulsion

Mgr Alberto Rojas, évêque du diocèse de San Bernardino, en Californie, a accordé une dispense de l’obligation d’assister à la messe dominicale aux personnes du diocèse qui craignent d’être expulsées par les services de l’immigration et des douanes américains (ICE).

«Tous les fidèles du diocèse de San Bernardino qui, en raison d’une crainte réelle des activités des autorités migratoires, ne peuvent assister à la messe dominicale ou aux jours de fête, sont dispensés de cette obligation, conformément aux dispositions du Canon 1247, jusqu’à ce que ce décret soit révoqué ou modifié», a déclaré le 8 juillet 2025 Mgr Alberto Rojas.

Le code de droit canonique permet effectivement à un évêque d’accorder des dispenses aux fidèles dont il a la charge «chaque fois qu’il juge que cela contribue à leur bien spirituel», rapporte le média américain Catholic news Agency (CNA). «Je sais qu’ils se trouveraient à l’église si leur sécurité et l’unité de leur famille n’étaient pas menacées», a ajouté l’évêque. «Avec toute l’inquiétude et l’anxiété qu’ils ressentent, j’ai voulu leur enlever, pour un temps, le fardeau qu’ils peuvent ressentir de ne pas être en mesure de remplir cet engagement auquel nos fidèles catholiques sont appelés».

Les prêtres sollicités pour aider les migrants

L’évêque a précisé que les prêtres du diocèse devaient chercher des moyens d’apporter un soutien aux personnes concernées et que les paroisses devaient également «explorer des moyens alternatifs de catéchèse et de préparation aux sacrements pour ceux qui ne peuvent pas y assister régulièrement».

En même temps, l’évêque exhorte «ceux qui sont dispensés de participer à la messe à maintenir leur communion spirituelle avec le Christ et l’Église en offrant leurs prières personnelles, en lisant la Bible ou en participant à la prière du rosaire ou du chapelet. Lorsque cela est possible, les fidèles peuvent également participer à des messes retransmises à la télévision ou en ligne par le diocèse ou d’autres sources catholiques reconnues».

Moitié moins de fidèles aux messes en espagnol

Selon John Andrews, directeur de la communication du diocèse, l’assistance aux messes en espagnol dans le diocèse a diminué d’environ 50% depuis le début des raids dans le sud de la Californie, le mois dernier. Il a informé être au courant de deux cas récents d’actions d’application de la loi de l’ICE sur des propriétés de l’Église.

Les deux événements se sont déroulés le 20 juin dernier à l’église Sainte-Adélaïde à Highland et «impliquait plusieurs hommes qui travaillaient dans le quartier où se trouve l’église». Les hommes ont été poursuivis jusque dans le parking de l’église selon le communiquant, qui précise toutefois ne pas savoir «si ces hommes ont été réellement arrêtés».

Le deuxième cas s’est produit à l’église Notre-Dame de Lourdes à Montclair, et «a impliqué l’appréhension et l’arrestation d’un homme qui se trouvait sur la propriété de la paroisse pour effectuer des travaux d’aménagement paysager», a déclaré John Andrews, ajoutant: «Cet homme et sa famille sont des paroissiens de longue date et nous savons qu’il a été arrêté et envoyé dans un centre de détention au Texas.»

«Une véritable peur s’est emparée de nombreuses personnes dans nos communautés paroissiales», a assuré Mgr Rojas. «Je veux que nos communautés d’immigrés sachent que leur Église se tient à leurs côtés et les accompagne dans cette période difficile.»

En mai dernier, le diocèse de Nashville, au sud-est du pays, a également accordé une dispense de messe à «ceux qui, dans notre diocèse, s’inquiètent de la possibilité d’être arrêtés ou détenus alors qu’ils assistent à la messe ou à d’autres événements paroissiaux». Plusieurs autres fidèles des Église évangéliques, notamment, ont été arrêtés à travers les États-Unis.

Un porte-parole de l’ICE a déclaré à CNA: «Bien que l’ICE ne soit pas soumis aux restrictions antérieures sur les opérations d’immigration dans les lieux sensibles, notamment les écoles, les églises et les palais de justice, l’ICE ne prend pas de mesures d’application de la loi dans ces lieux sans discernement».

Les églises retirées de la liste des lieux sensibles

En janvier 2025, le ministère de la Sécurité intérieure a retiré les lieux de culte de sa liste des «lieux sensibles», permettant ainsi aux agents de l’ICE de mener à bien les procédures d’application des lois sur l’immigration. À la suite d’une action en justice intentée par un groupe de 27 organisations religieuses, l’ICE a été temporairement empêchée, en mars, de procéder à des expulsions dans les lieux de culte. Toutefois, en avril, un juge fédéral a estimé que ces organisations n’avaient pas qualité pour agir, ce qui a permis la poursuite des opérations.

«L’ICE arrête les étrangers qui commettent des crimes et d’autres individus qui ont violé les lois sur l’immigration de notre pays», a noté le porte-parole de l’ICE, ajoutant: «Tous les étrangers en infraction avec la législation américaine sur l’immigration peuvent être arrêtés, détenus et, s’ils sont jugés expulsables par une décision définitive, expulsés des États-Unis». (cath.ch/cns/fides/bh)