Le témoignage de Baba Simon reste vivant chez les Africains
Valais : 8ème pèlerinage aux saintes et saints d’Afrique à Saint Maurice
Saint-Maurice, 7 juin 2009 (Apic) Organisé par le Groupe de coopération missionnaire en Suisse romande, le 8ème pèlerinage des saintes et saints d’Afrique à Saint-Maurice a rassemblé près de 800 pèlerins, venus de toute la Suisse. La journée était centrée sur le Camerounais Baba Simon, dont le témoignage reste encore vivant dans les coeurs de nombreux Africains, du Cameroun surtout, venus partager ce qu’ils ont appris de ce témoin de la foi.
C’est d’abord à Vérolliez que de nombreux Africains et des africanistes suisses se rencontrent sous un ciel ensoleillé. Pique-nique, danses, chants rythment les cérémonies du pèlerinage organisé en mémoire des saintes et saints d’Afrique. Si l’on parle des martyrs et autres saints africains, c’est Baba Simon, un des huit premiers prêtres camerounais, qui retient l’attention aujourd’hui.
Venus nombreux au pèlerinage, les Camerounais reconnaissent le rôle joué par ce témoin de la foi et veulent partager ce témoignage avec d’autres Camerounais mais aussi d’autres Africains. Ainsi, Marguerite Schaller est venue de Delémont dans le Jura. Depuis 8 ans, elle affirme rentrer enrichie chaque fois qu’elle vient au pèlerinage aux saintes et saints d’Afrique. «Aujourd’hui par exemple, dit-elle, moi qui viens du Sud du Cameroun, j’ignorais qu’il pouvait y avoir des chrétiens au Nord de mon pays. J’en ai vu aujourd’hui et nous avons bien échangé. Nous nous sommes découverts mutuellement.» Même son de cloche chez Etoile Marie Geneviève Stocker. «J’ignorais aussi qu’il y a des catholiques au Nord du Cameroun. C’est en partageant mon pique-nique avec quelqu’un qu’il m’a dit qu’il y a de nombreux chrétiens dans la région. Vu l’ampleur que prend la dimension religieuse dans certaines parties du monde, je me suis sentie soulagée d’avoir cette nouvelle. J’ai rompu la peur de celui avec qui je voulais refuser de partager ma viande de porc.»
C’est cet esprit de partage que veut renforcer le Groupe de coopération missionnaire quand il organise ce genre de pèlerinage. Pour Claude Didierlaurent, président, c’est une des missions principales des pèlerinages des saintes et saints d’Afrique. Vu l’expérience de partage que connaissent les Africains, le Groupe a l’intention de confier l’organisation des prochaines éditions aux Africains eux-mêmes.
Dieu ne se met pas en formules
Du côté des autorités de l’Eglise catholique suisse, Mgr Joseph Roduit, Père abbé de Saint-Maurice, reconnaît le rôle important que joue la ferveur africaine en Suisse. «Saint Maurice, l’Egyptien, a sanctifié le Valais», a reconnu l’homme d’Eglise en annonçant que la Conférence des évêques suisses veut d’ailleurs renforcer l’amitié avec des conférences épiscopales africaines. Une délégation de l’épiscopat suisse devrait se rendre prochainement au Togo, choisi en priorité pour, notamment, son territoire presque aussi grand que celui de la Suisse. Dans le même sens, la commission Migratio de l’Eglise catholique suisse, qui se trouve actuellement à Lucerne, va prochainement être transférée sur Fribourg, pour mieux centraliser la pastorale des migrants. La nouvelle a été livrée par Marco Schimid, président de la commission, venu lui-même se joindre aux pèlerins.
Enfin le pèlerinage a pris fin à l’église de Saint-Maurice où l’abbé Marcillin Moukamkamni, Camerounais et curé la paroisse à Grimisuat en Valais, est revenu sur la vertu de partage. Dieu ne se met pas en formules. Il ne se laisse pas enfermer dans des données, si digitales soient-elles. Il agit. Dans son homélie, il a rappelé combien Dieu se donne au quotidien. La quête du jour a été attribuée à l’ONG Femmes et solidarité, SoFEMA-Niger, qui aide des femmes démunies dans des villages du Niger.
Issu d’une famille non chrétienne, il devient prêtre
Baba Simon est né sous le nom de Mpeke à l’aube du 20ème siècle à Batombé (Edéa) au Cameroun, de parents cultivateurs non chrétiens. En 1914, alors qu’il fréquente l’école tenue par les pallotins allemands, il demande le baptême. Son voeu sera exaucé le 14 août 1918, par les spiritains français à Edéa. Il reçoit alors le nom de Simon.
Après avoir exercé le métier d’instituteur, il fait partie, le 8 décembre 1935, des 8 premiers Camerounais ordonnés prêtres à Yaoundé et Douala. Baba Simon devient curé de la paroisse de Notre Dame des victoires de New-Bel à Douala. En 1954, il expose à son évêque, Mgr Bonneau, son désir d’aller au nord du Cameroun. Sans succès. A la mort de ce dernier, Baba Simon adresse sa demande à Mgr Mongo qui finalement l’accepte en ces termes: «Je ne te permets pas d’y aller, c’est moi qui t’y envoie. Si on te demande pourquoi tu es venu, tu dois dire que c’est Mgr Mongo qui t’a envoyé parce qu’il pense que notre christianisme au Cameroun ne sera solide que lorsqu’il reposera sur les deux pieds, le Nord et le Sud.
Baba Simon se met en route sans prétention vers le Nord du Cameroun, majoritairement aux mains des musulmans. Il y rejoint Tokombéré, la région où le docteur Maggi, médecin tessinois, s’est déjà installé pour fonder un hôpital. C’est là qu’il prend le temps de connaître les Kirdis, les habitants de la région, et de devenir l’un d’eux. La religion catholique les lance vers la civilisation occidentale et Baba Simon passe pour un ami de tout le monde même si ceux qui le suivaient et l’écoutaient se sentaient rejetés par certains chefs du village d’une part et part les musulmans d’autre part. Vivant pour lui-même dans un total dénuement, le «missionnaire aux pieds nus» passera sa vie à lutter contre la misère «ennemie de l’homme». Il meurt le 13 août 1975, épuisé au terme d’une vie entièrement consacrée à Dieu et aux Kirdis. Chaque année, une messe en sa mémoire est organisée le 13 août sur la montagne Baba Simon. (apic/dng/bb)