Valais: Pétition contre le nouveau manuel scolaire d’enseignement de la religion

L’enbiro est «inadapté et mal fait»

Sion, 30 octobre 2003 (Apic) Un comité de parents valaisans a lancé une pétition contre le nouveau manuel scolaire enbiro, jugé «inadapté et mal fait». Les pétitionnaires qui ont déjà récolté près de 1’000 signatures exigent de l’Instruction publique le retrait de l’ouvrage qui, à leurs yeux, n’est pas assez, voire plus du tout catholique.

Interrogé par l’Apic, le journaliste indépendant Jean-Claude Kollros, qui a également été le chef de campagne de l’UDC Oscar Freisinger, s’est fait le porte-parole des parents mécontents.

Tout a commencé à la rentrée scolaire de septembre par un téléphone de Nicole Alett, une mère de famille du village de Vex. Celle-ci, âgée d’une trentaine d’année, n’en est pas revenue du livre de religion que ses deux enfants, en 3e et 4e années primaire, lui ont ramené à la maison. A ses yeux, le «nouvel enbiro» (enseignement biblique et interreligieux romand) fait la par bel à l’islam, au bouddhisme, ou encore au féminisme. «C’en est trop», disent les opposants.

Vincent Pellegrini, journaliste au «Nouvelliste», en annonçant le retrait de ses enfants dans «Le Matin» du 13 septembre s’est fait le porte-voix des parents mécontents, dont la cause s’est ainsi retrouvée sous le feu des projecteurs.

La mère de famille, rapporte Jean-Claude Kollros, était quant à elle «consternée» par un ouvrage inculquant à ses chères têtes blondes un message qui n’est, selon les pétitionnaires «absolument pas adapté aux petits valaisans des montagnes».

La pétition rencontre en effet un succès plus important dans les vallées latérales de la plaine du Rhône, où «la proportion d’étrangers dans les classes n’est pas significative», remarque Jean-Claude Kollros. Argument supplémentaire, assure-t-il, de l’incompatibilité de l’ouvrage avec le milieu scolaire local.

La commune de Savièse, une des plus populeuses du Valais des montagnes, a d’ailleurs tout bonnement pris l’initiative de ne pas introduire le manuel dans les classes, souligne le porte-parole.

Conservateurs ouverts?

Bien que les personnes à l’origine du comité n’appartiennent pas aux fidèles de la communauté traditionaliste Saint Pie X d’Ecône, un nombre non négligeable de signatures leur est venu de là, reconnaît Jean-Claude Kollros. Il préfère cependant revendiquer une sympathie idéologique pour le chantre du conservatisme Jean Romain, plus à même d’éclairer la démarche du comité.

Jean-Claude Kollros précise en outre que l’initiative n’est nullement un geste de «fermeture ou d’hostilité envers les étrangers». Qui précise que le comité, composé d’une douzaine de personnes, s’est assigné pour objectif le retrait de l’ouvrage, qualifié «d’erreur pédagogique», ou tout au moins d’accorder aux communes le droit de choisir librement son introduction.

La pétition, qui ambitionne les 2’000 signatures pour fin novembre est adressée au Département de l’Instruction publique de la Culture et du Sport et au président du Grand Conseil valaisan. Le comité se réclame d’aucune appartenance politique, il se défini néanmoins comme une initiative de défense des «valeurs» pour favoriser le maintien d’une société «organisée et structurée», précise le porte-parole.

«Même les musulmans sont contre»

Selon Jean-Claude Kollros, plusieurs parents musulmans ont également émis des critiques contre le manuel. Tout comme les parents catholiques insatisfaits, ils considèrent que le programme de religions n’est pas adapté aux croyances qu’ils souhaitent pour leurs rejetons. Au niveau du canton, il n’est cependant pas possible de donner le nombre exact d’enfants retiré des cours de religions par leurs parents en raison du nouveau programme, étant donné que la motivation n’est pas recensée lorsqu’un parent fait dispenser son enfant.

«Regrettable passivité» des autorités diocésaines

Pour le porte-parole du comité, le refus de l’évêché de Sion de ne pas condamner l’ouvrage multiculturel est regrettable. Quant aux compléments pédagogiques que le diocèse a obtenus pour rééquilibrer le programme, «il est du même acabit», remarque Jean-Claude Kollros. Il dénonce «l’omerta» (loi du silence) pratiquée par l’Eglise catholique en Valais sur ce sujet. Le 1 novembre, Bernard Broccard, vicaire général du diocèse de Sion, prendra part à un débat radiodiffusé sur le manuel controversé.

Le porte-parole du comité parental déplore enfin l’indifférence grandissante pour le religieux dans la société, y compris en Valais, terre qu’il s’évertue de placer sous l’appellation de «catholique». (apic/sh)

30 octobre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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