Vatican: Lettres de Jean Paul II à Netanyahu et Arafat
Invités à renouer le dialogue en vue de «compromis courageux
Rome, 26 juin 1997 (APIC) La salle de presse du Vatican a publié jeudi deux lettres adressées en date du 16 juin dernier par Jean Paul II respectivement au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et au président de l’Autorité Palestinienne Yasser Arafat. Le pape y demande la reprise du dialogue «à tout prix» pour éviter de nouvelle violences et réaffirme son désir de venir prier en Terre Sainte pour l’An 2000.
Le pape est préoccupé par l’issue du processus de paix au Moyen-Orient. Le dialogue est en effet bloqué, en particulier du fait de la mise en route d’un projet d’implantation israélienne à Jérusalem-Est, sur des terres spoliées aux habitants arabes, et d’un climat qui demeure explosif entre colons juifs et palestiniens dans la ville d’Hébron, qui abrite le tombeau d’Abraham.
A Netanyahu, le pape demande d’ouvrir la voie à des «compromis nécessaires et courageux» quand «les peuples israélien et palestinien supportent déjà un poids de souffrance trop lourd», ajoutant que «des efforts en ce sens vous gagneront certainement la gratitude des générations à venir». «Au nom de Dieu et de la foi en Celui qui nous unit, que chacun évite un accroissement de tension et de frustration», écrit le pape. Il précise que, en Terre Sainte en particulier, l’histoire enseigne que les espérances longtemps déçues peuvent aboutir à de nouvelles «provocations imprévues» et à des situations de violence «incontrôlables».
Le pape précise que son intervention n’a pas de motifs d’ordre politique et qu’il n’a d’ailleurs pas de solutions pratiques à proposer. Elle est dictée par son souci d’épargner des souffrances, qui correspond à la «tristesse» et à la «frustration» des Israéliens comme des Palestiniens, qui espèrent la paix. Son intervention se place donc «au niveau moral». «Ces derniers mois j’ai nourri un espoir qui se renouvelle chaque matin, confie le pape: qu’au Moyen Orient – et surtout en Terre Sainte -, le mot «paix» redevienne le principal point de référence de l’activité politique et de l’engagement de chacun, à la fois dans la région même et dans la communauté internationale.» Le pape reconnaît que de nombreux progrès ont été faits. Il reste que «des difficultés d’ordre divers sont jusqu’ici apparues insurmontables». Jean-Paul II dit néanmoins son espoir, fondé sur «l’amitié qui existe entre le Siège Apostolique et l’Etat d’Israël» et sur «l’esprit de franchise et de cordialité» qui a marqué sa rencontre avec le Premier israélien en février dernier au Vatican.
«J’appelle les responsables palestiniens et israéliens à considérer avant toute chose le bien de leurs peuples et l’avenir des plus jeunes générations», écrit le pape dans sa lettre à Yasser Arafat. Lui disant sa préoccupation devant le gel du dialogue, il en appelle aux leçons et aux souffrances de l’histoire passée pour demander aux responsables de restaurer «à tout prix» la confiance nécessaire à toute négociation et de faire preuve de leur «volonté de compromis».
Disant sa crainte que les populations frustrées dans leurs espérances ne cèdent à la tentation «d’une haine et d’une violence accrues», le pape lance le même appel qu’à B. Netanyahu «au nom de l’humanité» et de la foi commune «en Dieu Créateur». Il souligne que c’est l’»estime mutuelle» et l’»ouverture» qui ont présidé à ses échanges avec le chef palestinien qui lui permettent de s’adresser à lui en ces termes.
Le 27 mars dernier, Yasser Arafat avait demandé l’intervention du pape, via un message Internet, à l’occasion du symposium islamo-chrétien sur la question de Jérusalem organisé à la mosquée de Rome. Et le 22 mai Souha Arafat, l’épouse du leader palestinien, de passage à Rome, avait, à sa demande, été reçue en visite privée par Jean-Paul II. Elle lui avait remis un message du président de l’Autorité palestinienne lui demandant d’intervenir pour la reprise du dialogue et du processus de paix. En réponse, le pape lui avait déjà remis un message personnel pour Yasser Arafat. On attend maintenant les réactions officielles des deux camps. (apic/cip/imed/pr)