Prêtre veuf ou séparé de sa conjointe selon les conditions requises
Vatican: Précision sur les prêtres réinsérés après avoir quitté leur ministère sacerdotal
Rome, 31 mars 2000 (APIC) La nouvelle donnée jeudi par le Vatican a surpris, car elle est très peu connue du grand public: un prêtre sur cinq qui a quitté son ministère sacerdotal entre 1970 et 1995 a été réintégré dans ses fonctions. Parmi eux, on compte des prêtres qui se sont mariés civilement, mais qui sont ensuite séparés ou veufs. «Le prêtre doit être veuf ou séparé de sa conjointe, sans avoir de reproches à se faire à ce sujet. S’il a des enfants, ceux-ci doivent être majeurs et leur éducation assurée», précise-t-on au Vatican.
«Il ne s’agit pas des prêtres qui ont obtenu du Saint-Siège une dispense de leurs obligations à savoir le célibat, la lecture quotidienne du bréviaire, et l’obéissance à leur évêque -, a déclaré vendredi à l’APIC Mgr Martin Vivies, officiel de la Congrégation pour le clergé, mais de ceux qui sont simplement partis, sans chercher à régulariser leur situation».
Parmi eux, on distingue ceux qui n’ont pas commis de «délit canonique» par exemple, un mariage civil , et dont la réinsertion se fait simplement sur la décision de leur évêque au niveau de leur diocèse, et ceux pour lesquels l’accord du Saint-Siège est nécessaire, leur situation étant plus compliquée au niveau canonique, le plus souvent parce qu’ils se sont mariés civilement.
9’551 prêtres ont été réinsérés dans leur ministère sacerdotal après l’avoir quitté, entre 1970 et 1995, soit près de 20 % de ceux qui l’avaient abandonné pendant cette même période, le nombre de ces derniers s’élevant à 49’327, a révélé jeudi le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation romaine pour le clergé.
Sur ces 9’551 prêtres, la majorité sont Européens, soit 6’811. Ceux des pays d’Asie sont également nombreux 2’382 -, tandis que l’on en compte 216 en Amérique du Nord, 84 en Amérique Latine, 51 en Afrique, et 7 en Océanie, selon le bureau des statistiques de la Secrétairerie d’Etat.
Un procès de réhabilitation au niveau du Saint-Siège
«Il y a parfois des raisons politiques qui expliquent ces chiffres, souligne Mgr Vivies. C’est le cas par exemple pour l’Asie, où les demandes de réinsertion sont nombreuses alors qu’il y a eu peu de défections». «Mais de manière générale, cela commence toujours de la même manière, continue Mgr Vivies. Le prêtre commence par relire son bréviaire tous les jours. Puis il se dit qu’il veut faire plus, et vient trouver un évêque. Celui-ci peut envisager alors d’instruire un procès de réhabilitation au niveau du Saint-Siège».
Dans ce cas, des procédures sont engagées dans les différentes Congrégations romaines compétentes, soit les Congrégations pour la doctrine de la foi, pour le culte divin et la discipline des sacrements, pour l’évangélisation des peuples, pour les religieux, pour les Eglises orientales, et pour le clergé. Depuis janvier 2000, ces Congrégations ont uniformisé leurs procédures.
Les conditions de la réinsertion
Un prêtre qui veut donc réintégrer les fonctions de son ministère sacerdotal doit avoir «rempli ses obligations de droit naturel», à savoir celles qui concernent le mariage civil qu’il a éventuellement contracté. Ainsi, il doit être veuf ou séparé de sa conjointe, sans avoir de reproches à se faire à ce sujet. S’il a des enfants, ceux-ci doivent être majeurs et leur éducation assurée. On demande ensuite au prêtre de passer un minimum d’une année dans une communauté sacerdotale, sous la direction spirituelle d’un prêtre plus âgé et expérimenté.
Enfin, le candidat à la réinsertion est invité à reprendre des études. «C’est le plus souvent à cause d’un manque de formation intellectuelle que ces prêtres ont quitté leur ministère dans les années 70. Ils ne comprenaient plus quelle était leur identité et leur place dans l’Eglise», explique Mgr Vivies.
Quand la dispense arrive du Saint-Siège, le prêtre peut alors reprendre un ministère au nom de l’Eglise, «dans la mesure où cela ne cause pas de scandale aux fidèles», souligne encore Mgr Vivies. «Il ne s’agit pas en effet que cela apparaisse comme une victoire obtenue de Rome à force de pression. Cela ne correspond d’ailleurs pas à l’état d’esprit de ces prêtres, qui font preuve au contraire d’une grande humilité». (apic/imed/be)