Pas de désaccords réels avec la ligne de Jean Paul II

Vatican: Publication des mémoires du cardinal Agostino Casaroli, ancien secrétaire d’Etat

Rome, 18 juin 2000 (APIC) Les «mémoires» du cardinal Agostino Casaroli, ancien secrétaire d’Etat du Vatican, vont prochainement sortir sous le titre «Le martyre de la patience: Le Saint-Siège et les pays communistes, 1963-1989». Cet ouvrage rassemblant les écrits du cardinal Agostino Casaroli, décédé le 9 juin 1998, recueillis par sa nièce, Orietta Casaroli Zanoni, sera publié par les éditions italiennes Einaudi. Il devrait contribuer à mieux faire connaître celui qui fut pendant longtemps la cheville ouvrière de l’»Ostpolitik» du Vatican.

En 335 pages, l’ouvrage évoque les étapes principales de la vie diplomatique d’Agostino Casaroli au service du Saint-Siège, de 1963 à 1989, dans un style qualifié par le quotidien catholique italien «Avvenire» de «sobre et posé». A la manière d’un véritable «007 du Vatican», on apprend qu’en 1963, lors de sa première mission à l’Est, Mgr Casaroli avait été déposé à la frontière hongroise en civil. Il avait reçu la mission du Saint-Siège de «voir ce qu’il était possible de faire au service de l’Eglise en Hongrie et dans la Tchécoslovaquie communiste».

Le 25 novembre 1961, à l’occasion des 80 ans de Jean XXIII, l’ambassadeur du Kremlin présentait ses vœux au pape de la part de Nikita Krouchtchev. Ce dernier, plus tard dans le journal soviétique «Pravda», louait l’action du pape pour la paix. «Premier signe d’une appréciation positive de l’action du Saint-Siège pour la paix», analysait alors le quotidien du Vatican «L’Osservatore Romano». Le livre fourmille ainsi de détails qui témoignent de la complexité des rapports, à l’intérieur même du bloc soviétique. C’est en effet également l’histoire de l’une des périodes les plus difficiles de la vie de l’Eglise: arrestations de prêtres, emprisonnés ou assignés à résidence, confiscation des maisons religieuses et des couvents, fermeture des écoles catholiques, suppression des organisations des jeunesses catholiques, espionnage dont les évêques étaient victimes, etc.

Il est question par ailleurs des contacts de Mgr Casaroli avec de grandes figures comme le cardinal Franz König, ancien archevêque de Vienne, le cardinal hongrois Mindszenty, le cardinal polonais Wyszynski, l’archevêque croate Stepinac, ou encore des leaders d’Europe de l’Est.

Une «expérience de la solitude»

Dans la préface du livre, le cardinal Achille Silvestrini, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, qui a été autrefois le principal collaborateur du cardinal Casaroli à la Secrétairerie d’Etat, commente lui-même «l’Ostpolitik» du Saint-Siège dont Mgr Casaroli a été l’artisan – à savoir sa politique vis à vis des pays communistes de l’Europe de l’Est -, et décrit son «expérience de la solitude» dans ce domaine. Interrogé par le quotidien italien «Avvenire», il affirme en outre que Mgr Casaroli «souffrait énormément de la situation de l’Eglise dans l’Est européen», et que ses tentatives de dialogue avec les régimes communistes avaient pour but de «susciter l’aurore d’une espérance pour les croyants opprimés et humiliés».

Rendre justice au rôle joué par le cardinal Casaroli

Pour le quotidien italien «Corriere della Sera», qui présente lui aussi l’ouvrage, les mémoires du cardinal Casaroli sont «un témoignage de grande importance» et un document «nouveau et précieux pour reconstruire l’histoire des relations entre la Rome papale, les pays communistes de l’Est, et les ’Eglises du silence’». «Très riche d’anecdotes, de notes ponctuelles, et de nombreux éléments ignorés ou peu connus», il «rend justice au rôle essentiel» joué par le cardinal Casaroli, affirme-t-il. Le quotidien cite en particulier la préparation du «dégel» entre l’Est et l’Ouest, qui a conduit en 1975 à la Conférence d’Helsinki sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE), en soulignant que Mgr Casaroli avait réussi à introduire dans l’Acte final les propositions du Saint-Siège en matière de garantie de la liberté religieuse des individus et de l’Eglise. Le «Corriere della Sera» parle donc du «réalisme historique» de l’ancien Secrétaire d’Etat, tandis que «La Repubblica», qui mentionne également l’ouvrage, affirme qu’il n’y a pas eu de «désaccord réel» entre la politique de «petits pas» vis-à-vis des régimes communistes d’Europe de l’Est du cardinal Casaroli et l’attitude plus directe de Jean Paul II à leur égard. (apic/imedia/be)

18 juin 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!