Le réformateur Martin Luther
Vatican

Le Vatican veut «faire la vérité» sur Luther         

Du 29 au 31 mars 2017, se tient au Vatican un colloque international sur le thème «Luther 500 ans après. Une relecture de la Réforme luthérienne dans son contexte historique ecclésial». Organisé par le Comité pontifical des sciences historiques, ce séminaire se veut une «recherche de la vérité» sur Luther, a affirmé le Père Bernard Ardura, président du Comité.

Il y a cinq siècles, Luther était perçu comme «l’incarnation du diable», a affirmé le Père Ardura, lors d’une rencontre avec la presse le 22 mars. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de dire avec ce colloque que Luther a fait «quelque chose de bien», mais d’essayer de comprendre comment cette rupture est arrivée.

«Luther voulait initialement faire une réforme de l’intérieur, il ne voulait pas provoquer un schisme», a déclaré le Père Ardura. Il y a donc selon lui un chemin spirituel à l’origine de la révolte de Luther. Mais aussi un élément psychologique, a confié le président du Comité pontifical à l’agence I.MEDIA, lequel s’est manifesté par de «l’orgueil».

Peur d’être damné

Ainsi, le drame personnel de Luther a d’abord consisté en la peur de l’enfer, d’être damné, explique le Père Ardura. Puis, est venue une crise personnelle et profonde, qui lui a fait rompre ses vœux et se marier avec une religieuse, avant de conduire au schisme avec l’Eglise.

Ensuite, cette épreuve personnelle est devenue un modèle, et cela a forgé la culture protestante, a poursuivi le Père Ardura, très présente aux Etats-Unis, y compris chez les catholiques qui sont comme «contaminés» par le puritanisme.

Le Père Ardura note cependant avec intérêt une évolution récente, depuis près de cent ans, à l’intérieur du monde protestant, d’un retour à des formes de vie religieuse. Il s’agit pour lui d’un «retour à la grande tradition chrétienne».

Réformer en communion avec l’Eglise

Le problème est que toute volonté de réforme doit coïncider avec une communion avec l’Eglise, a ajouté le président du Comité pontifical pour les sciences historiques, et cela est un défi. D’autant qu’à l’époque, il y avait déjà des éléments de réforme à l’intérieur de l’Eglise, dans certains ordres religieux notamment, en France et en Italie. Car l’Eglise est semper reformanda.

Concernant la Parole de Dieu, sur laquelle Luther a beaucoup insisté, ce n’est pas exclusif au protestantisme, a précisé le Père Ardura. Ainsi, déjà avant Luther, en Espagne, le cardinal Jiménez de Cisneros avait publié la Bible en six langues, a-t-il rappelé.

Au cours de ce colloque, les différents intervenants évoqueront le contexte socio-politique de l’époque de Luther, c’est-à-dire, pour le Père Ardura, les pressions extérieures, politiques et économiques, qui ont influé sur l’évolution de la Réforme elle-même, pour terminer par une rupture. Le dernier jour, une table ronde sur les perspectives de l’œcuménisme réunira le cardinal allemand Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le dominicain français Serge-Thomas Bonino, secrétaire de la Commission théologique internationale. (cath.ch/imedia/ap/rz)

Le réformateur Martin Luther
28 mars 2017 | 17:12
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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