L’exorcisme n’a rien d’une pratique magique

Vaud: L’exorciste catholique du canton fait des vagues

Fribourg, 3 avril 2007 (Apic) Certains propos de l’exorciste Luigi Griffa, nommé à cette fonction en septembre 2006 par Mgr Bernard Genoud, créent la polémique. Des confrères considèrent que l’abbé Griffa, basé à Lausanne, exagère la part du Malin dans la vie quotidienne.

Dans un article de Migros Magazine paru en mars, l’abbé Luigi Griffa avait décrit la qualité d’exorciste comme un don ou un charisme. Il avait aussi et surtout accordé une très grande importance au diable. Ses propos n’ont pas eu l’heur de plaire à certains de ses confrères prêtres, qui considèrent que l’exorcisme repose plus sur une attitude de foi et une connaissance du coeur humain que sur un don tombé du ciel. Pour ces derniers, il ne s’agit pas de voir la main du diable partout. Il est préférable de sonder ce qui se passe dans «la bête humaine» à l’aide des sciences humaines (psychanalyse, psychiatrie). C’est d’ailleurs ce que recommande le code régissant l’exorcisme qui a été remis au goût du jour par le Vatican, il y a quelques années.

Interrogé par l’Apic, Nicolas Betticher, chancelier de l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg, confirme que l’article de Migros Magazine a suscité quelques remous. Mais il insiste sur le fait qu’il n’y a pas lieu de dramatiser. Reconnaissant que depuis la parution de l’article le nombre des appels en vue d’un exorcisme a augmenté à l’évêché, il affirme que le nombre de demandes est constant, même s’il est élevé. Ce sont, en effet, environ trente appels qui parviennent chaque année à l’évêché. La recrudescence d’intérêt pour les pouvoirs «magiques» et «obscurs» est un phénomène lié à notre société, mais ne correspond pas à ce que l’Eglise entend par exorcisme, insiste-t-il.

Véritable sens de l’exorcisme

N. Betticher précise que les véritables cas d’envoûtement sont très rares, et qu’il s’agit très souvent de situations de détresse psychologique ou de perte d’équilibre existentiel. Le chancelier de l’évêché insiste sur le fait que l’exorcisme est avant tout un accompagnement pastoral, spirituel. L’exorciste doit rejoindre la personne là où elle se trouve, là où elle vit pour l’amener à plus de clairvoyance, de vérité. L’exorcisme est essentiellement une prière adressée à Dieu en vue de cette recherche d’équilibre.

Mgr Bernard Genoud organisera une session de formation dans ce domaine, au cours de laquelle il fera le point avec les cinq exorcistes du diocèse, a précisé N. Betticher. Il ne faut pas oublier, relève-t-il, que le ministère de l’exorcisme est délicat et suppose beaucoup de prudence et de doigté. (apic/js)

3 avril 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!