Vaud: Une semaine durant des pasteurs vaudois s’initient à la prédication
L’art de prêcher autrement, pour «décoiffer» les fidèles
Lausanne/Crêt-Bérard (APIC) Ennuyeuse, incompréhensible, longue, soporifique, autant d’adjectifs trop souvent accolés au mot «prédication». Pour remplacer ces termes par d’autres plus positifs comme intéressant, surprenant, enrichissant ou décoiffant, une douzaine de pasteurs de l’Eglise évangélique réformée vaudoise s’initie cette semaine à l’art de prêcher autrement, rapporte mardi le Service de presse protestant SPP à Lausanne.
Cinq jours durant, jusqu’au 6 mars, ils participent à la Fondation de Crêt-Bérard, sous la houlette de Jean Chollet, théologien et homme de théâtre, à un stage qui vise à explorer de nouvelles formes de prédication. L’homilétique, c’est-à-dire l’art de la prédication, fait bel et bien figure de parent pauvre des études en théologie.
La prédication, parent pauvre de la formation des pasteurs
Au cours de ses trois ans de formation, en effet, le futur pasteur s’exerce en tout et pour tout à préparer trois prédications. Le stagiaire-pasteur n’est guère mieux loti avec un peu plus d’une semaine consacrée à passer en revue les différents cultes (baptême, mariage, services funèbres, etc.). «Le déficit est énorme en matière d’apprentissage», constate Jean Chollet, ancien assistant en homilétique à la Faculté de théologie de Lausanne, aujourd’hui directeur du théâtre de Mézière.
L’idée de travailler la prédication hors du cadre académique avec des personnes déjà expérimentées a rencontré un écho favorable auprès des responsables de l’Eglise vaudoise, qui ont décidé d’en faire bénéficier leurs pasteurs. «Le Conseil synodal est en effet préoccupé par l’évolution de la prédication. Il a donc accepté d’expérimenter une démarche de formation à cet art majeur», relève Olivier Favrod, responsable des ministères dans l’Eglise réformée vaudoise.
Exercices pratiques
Au cours de la semaine, les participants au stage de Crêt-Bérard vont devoir sortir des schémas traditionnels de prédication dominicale. S’inspirer d’une caricature de presse ou d’une publicité, dont le message court doit être percutant, improviser ou encore recourir à la narration: le programme préparé par l’homme de théâtre propose de nombreux exercices pratiques destinés à explorer différents modèles de prêches. «Alterner les genres permet de tenir son auditoire en haleine: une dynamique peut alors s’instaurer», souligne Jean Chollet, qui se défend toutefois de vouloir donner des trucs à ses stagiaires. «Je vais juste essayer de leur faire envie avec des pistes», précise-t-il.
Une chose est d’ores et déjà acquise: le modèle à ne pas suivre est celui de la célèbre prédication pastichée par l’humoriste Bernard Haller. Dans le déroulement du culte, la prédication est le moment où le ministre développe une question, un thème d’actualité en lien avec un texte canonique lu précédemment. «Une prédication dure en moyenne 10 à 15 minutes. Si le message à délivrer est fort, pourquoi ne durerait-elle pas deux minutes, quitte à durer beaucoup plus longtemps le dimanche suivant ?», se demande Jean Chollet qui prône des temps de prédication variables.
Les participants apprendront aussi à Crêt-Bérard à jouer avec les lumières, avec la musique et avec des objets permettant de créer un «espace scénographique». En homme de théâtre et de radio, Jean Chollet les initiera également à l’art de parler correctement dans un micro (pratiquement toutes les églises en sont pourvues). Une douzaine des pasteurs vaudois âgés de 26 à 50 ans se sont inscrits à ce cours pas comme les autres. (apic/spp/be)