Bethléem: Une chrétienne devient la première femme maire d’une ville palestinienne

Vera Baboun élue à la tête de Bethléem dans un contexte politique tendu

Bethléem, 28 novembre 2012 (Apic) La nouvelle n’a pas engendré d’échos particuliers dans la presse. Il s’agit pourtant d’une petite sensation. Le 20 octobre 2012, la chrétienne Vera Baboun a été la première femme élue à la tête d’une ville des Territoires palestiniens. Les défis lancés à la nouvelle maire de Bethléem sont énormes.

En plus des nombreuses attentes des habitants, la nouvelle maire prend ses fonctions dans un climat politique très tendu. La demande des Palestiniens pour un poste d’observateur permanent aux Nations Unies a encore envenimé les relations avec Israël. Et l’escalade du conflit dans la Bande de Gaza met en péril les entrées économiques engendrées par le tourisme à Bethléem juste avant les fêtes de Noël.

L’agitation règne dans le petit bureau avec vue sur l’église de la Nativité. Vera Baboun répond aux questions de ses collaborateurs, écoute et parle patiemment au téléphone. Aucune touche féminine ne semble marquer cet espace équipé de meubles sombres et massifs, hormis un grand bouquet de fleurs, probablement un cadeau d’accueil pour son entrée en fonction.

Des chrétiens bien présents

L’énergique Palestinienne aux yeux verts a inscrit deux projets importants à son programme de législature. D’abord, les infrastructures de la ville. Les prestations et institutions au service des quelque 25’000 habitants doivent être améliorées. Ensuite, le tourisme doit être renforcé. Ce programme semble convenir à l’ensemble de la population de Bethléem, les chrétiens comme les musulmans. La maire, encore sans expérience politique, réagit vivement lorsqu’elle est interrogée sur les difficultés des chrétiens en Terre sainte. «Je n’aime pas cette question. Elle renforce le sentiment que nous autres chrétiens sommes faibles. Nous sommes peut-être petits en nombre, mais nous sommes là, et bien présents!»

Dès qu’il est à nouveau question de la région, son esprit s’enflamme: «Nous sommes chrétiens et Palestiniens, Palestiniens et chrétiens! Une Palestine indépendante signifie aussi des chrétiens indépendants.» Et d’ajouter: «Des ’si’ ont marqué beaucoup trop longtemps notre action». L’immobilisme n’est pas le style de la nouvelle élue.»Ce qui compte maintenant, c’est notre volonté. Si nous avons constamment peur des ’si’, rien ne changera jamais».

Un Etat indépendant, pour la jeunesse

«A cause de l’occupation israélienne, nous perdons notre territoire et nous subissons une grosse pression du point de vue démographique», affirme-t-elle encore plus clairement. Les Palestiniens ont besoin d’un Etat indépendant, surtout pour la jeunesse.

C’est dans sa récente expérience professionnelle que Vera Baboun a acquis des outils de travail et des capacités de dirigeante qui l’aident dans sa nouvelle fonction. Cette mère de cinq enfants, professeur de littérature anglaise à l’Université de Bethléem, a été à la tête d’une école chrétienne dans la ville voisine de Beit Sahour. Elle a aussi dirigé à Bethléem un centre d’accompagnement pour enfants et familles avec des difficultés psychiques. Elle veut maintenant marquer d’une «vision féminine» le champ politique de Bethléem. «Nous autres les femmes avons un autre style, une autre technique.»

Son style semble avoir déjà conquis le cœur de ses collaborateurs et des femmes de Bethléem. Carmen Ghattas, responsable des relations publiques, le confirme: «Les gens voient en elle le changement. Ils se disent: ’Nous avons eu beaucoup d’hommes, il faut maintenant voir ce que cela donne avec une femme’». Et même s’il s’agit «d’un travail dur dans un monde où beaucoup d’hommes n’ont pas de formation», sa nouvelle chef parvient à convaincre avec son ambition et ses idéaux.

Une ambition qui semble communicative, comme le témoigne Reem, une étudiante musulmane de 23 ans qui, en exprimant son admiration envers la femme élue à la tête de sa commune, a affirmé net: «Je veux aussi y arriver».

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(apic/kna/ak/bb)