Un pionnier de l’inculturation

Zaïre: il y a deux ans mourait le cardinal Malula (180791)

Kinshasa, 18juillet(APIC) Deux ans après sa mort, le peuple du Zaïre a

célébré la mémoire du premier cardinal du pays, Mgr Malula, archevêque de

Kinshasa. Le cercle théologique de Kinshasa a organisé à cette occasion

quatre journées de réflexion sur la pensée et l’oeuvre de cet infatigable

défenseur des droits de l’homme et de ce pionnier de l’inculturation.

Fidèle à sa devise épiscopale, in caritate (»Dans la charité») , le cardinal Joseph Albert Malula a toujours été attentif aux besoins du peuple

zaïrois. Son amour pour l’homme image de Dieu l’a amené durant toute sa vie

à défendre la dignité humaine. En 1958, il a pris position pour l’instauration de la justice sociale en Afrique en signant le «Manifeste de la

conscience africaine». De même, en 1972, il n’a pas hésité à réagir devant

la suppression des prénoms chrétiens par le chef de l’Etat Mobutu. Cela lui

valut six mois d’exil à Rome. Homme de foi et de dialogue, il était opposé

à la violence pour l’instauration d’un Etat de droit.

La pensée du cardinal Malula est liée à la vision qu’il a du rôle du

pasteur dans l’Eglise sur le continent africain. Depuis son ordination sacerdotale, il a milité aux côtés des mouvements laïcs chrétiens qui voulaient redonner à l’Africain son autonomie et son indépendance: «une Eglise

congolaise dans un Etat congolais indépendant», aimait-il à dire.

Innovateur, le cardinal Malula le fut plus d’une fois: il fut le premier

en Afrique à autoriser les religieuses de sa congrégation diocésaine à

s’habiller comme les autres femmes du pays et à lancer le rite zaïrois de

la messe. Il a en outre pris l’initiative d’instituer des ministères laïcs

(les «bakambi») pour seconder les prêtres dans les paroisses, soucieux de

redonner au laïcat toute sa place dans l’Eglise. Attentif aux difficultés

du continent africain, il a sensibilisé l’épiscopat aux questions sociales:

analphabétisme, manque d’instruction, pauvreté. Ouvert à l’oecuménisme, il

n’a cessé de lutter pour la reconnaissance de l’identité africaine. Décédé

le 14 juin 1989, il reste vivant dans la mémoire de tous les Zaïrois, pour

qui il était un «père»: ils l’appelaient affectueusement «Tata cardinal Malula». (apic/dia/com/sjb)

18 juillet 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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