exactions dont sont victimes les réfugiés
Zaïre: L’archevêque de Bukavu dénonce les (040894)
Des «comportements de vautours»
Bukavu/Bruxelles, 4août(APIC) «La crise du Rwanda nous révèle aussi notre
propre crise»: c’est par ces mots que Mgr Christophe Munzihirwa, nouvel
archevêque de Bukavu, au Zaïre, a ouvert une brève mais courageuse monition
prononcée dans sa ville lors d’une messe «pour les réfugiés et la paix de
tous». Il dénonce les «comportements de vautours» de ceux qui profitent des
réfugiés.
Mgr Munzihirwa commence par constater qu’au moment où la messe des
réfugiés a déferlé, l’administration urbaine de Bukavu était «complètement
absente». «La hiérarchie politique n’a commencé à se manifester que tard,
dit-il, lorsque les consciences vives des chrétiens ont été indignées du
comportement des vautours qui veulent profiter de la fragilité des réfugiés
et de la confusion en ville.»
Le Zaïre, «un pays pillé pays pendant 30 ans»
Circonstance atténuante: les autorités administratives «sont démunies»,
elles n’ont «aucun moyen logistique» à leur disposition. «C’est là, pour
Mgr Munzihirwa, l’effet du pillage du pays pendant 30 ans». L’archevêque
remercie ceux qui, malgré leur propre pauvreté, accueillent les réfugiés
chez eux, et spécialement les jeunes gens qui, la nuit, veillent sur la
cité des réfugiés de Kadutu «pour les défendre contre la pègre de cette
cité».
L’archevêque de Bukavu raconte: «En ville même, la conscience chrétienne
proteste contre un marché qui s’est constitué pour vendre les objets volés
en provenance du Rwanda. Des escrocs d’origine rwandaise, en uniforme militaire zaïrois, ont ravi des voitures de leurs compatriotes réfugiés à Bagira, dont des voitures de prêtres.» Et de s’interroger: «Où sont donc les
représentants de la justice ? Où est la force de l’ordre qui doit veiller à
la sécurité des personnes, surtout les réfugiés et leurs biens ?»
Militaires et magistrats receleurs de biens volés aux réfugiés
Mgr Munzihirwa enchaîne: «C’est peu de dire que certains militaires et
magistrats sont complices sinon receleurs de biens volés. Il n’est pas
superflu de rappeler que ni voleur ni receleur n’entreront dans le Royaume
de Dieu s’ils ne se repentent pas et s’ils ne restituent pas les objets mal
acquis. Et nous devons inclure dans cette catégorie de malfaiteurs tous
ceux qui chassent les locataires des immeubles pour demander à d’autres des
loyers plus élevés afin de profiter ainsi de la crise. On nous signale que
des militaires inciviques prêtent (ou «louent») leurs uniformes à des
malfaiteurs d’origine rwandaise pour aller piller de l’autre côté de la
frontière, afin d’y retirer le peu qui s’y trouve encore.»
La conscience chrétienne «s’insurge et condamne celui qui cherche à
s’enrichir en profitant de la misère et du malheur d’autrui». Mgr
Munzihirwa confirme la demande des chrétiens qui réclament que soient
écartés des sacrements ceux qui se livrent à des actions malhonnêtes.
«Celui qui a volé ou acheté à des prix d’escroquerie doit restituer s’il
veut redevenir frère de Jésus», avertit l’archevêque.
Mgr Munzihirwa conclut par une exhortation: «Nous autres chrétiens, nous
ne pouvons oublier que Jésus, à peine né, a vécu réfugié en Egypte et que
l’histoire de ses ancêtres a enregistré plusieurs déportations, sans oublier qu’Israël est sorti de l’esclavage d’Egypte». (apic/cip/be)